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OLIGARCHIE MAINTENUE : De l’aristocratie fordiste à la ploutocratie néolibérale. C Delarue

samedi 21 septembre 2013, par Amitié entre les peuples

OLIGARCHIE MAINTENUE :

De l’aristocratie « fordiste » d’après-guerre à la ploutocratie néolibérale de ces trente dernières années..

13 oct 2011 réactualisé en DEC 2012

à propos du texte : « L’oligarchie française : de la méritocratie des 30 glorieuses à l’oligarchie des 30 piteuses ».
http://pratclif.com/oligarchie/index.htm

L’article nous apparait comme trop apologétique de l’oligarchie, dite « méritocratie », des Trente glorieuses. L’oligarchie française se maintient mais se transforme avec l’avènement du néolibéralisme. Mais ce sont pour partie les mêmes élites qui sont passées d’un régime républicain dit social à un autre dit néolibéral.

1) L’aristocratie de la période fordiste (post 1945) était aussi liée au pouvoir économique capitaliste.

Elle se faisait l’apôtre du compromis du temps de l’Etat social (1945- 1975), du colonialisme et de l’affrontement est-ouest qui opérait forte pression pour un espace social favorable au peuple-classe contre l’espace des profits capitaliste. Il y avait du « grain à moudre » et des « régulations » du capitalisme qui bridait ses aspects prédateurs. On pourrait parler d’un « capitalisme d’Etat » à composante sociale - Etat social pour le peuple-classe - du fait des nationalisations et des services publics. Aujourd’hui on tend vers un « pur capitalisme » (M Husson).

L’oligarchie dite méritocratique et républicaine est devenue offensive et prédatrice avec l’avènement du néolibéralisme et de sa guerre de classe. Avec le renforcement d’une oligarchie financière c’est la puissance de la classe dominante qui s’accroit contre une très large fraction de peuple, le peuple-classe.

Un auteur écrit dans un article d’ailleurs fort intéressant (1) : « Toutes les démocraties sont dirigées par des oligarchies. Est-ce un mal ? Non, si l’oligarchie œuvre efficacement pour le bien commun et l’intérêt général cad. pour la satisfaction du bien-être de tous » La réponse « Non » apparait un peu rapide. De plus le bien commun n’est pas l’intérêt général, notion largement idéologique qui masque le fait de ménager les intérêts de la classe dominante.

2) Néolibéralisme : Démocratie sous tutelle et casse de l’Etat social

Il y a eu montée en puissance des riches et de l’oligarchie qui a pris plus de place, plus de place contre la démocratie et plus de place contre le « social » contre le peuple-classe (1)

 La question démocratique est en effet trop rapidement évacuée par l’auteur qui saute allègrement sur la nécessité de la démocratisation et de la réduction subséquente de toute oligarchie, fut-elle méritocratique. Inventer une autre démocratie est nécessaire. Un saut qualitatif positif, opposé à celui négatif de « gouvernance », est pensable sous le nom de démocratie participative populaire (DPP) . L’élite élective professionnelle ne parle pas à la place du peuple-classe. Ce qui ne signifie pas qu’elle ait rien à dire. C’est le peuple-classe qui doit intervenir et si possible les couches sociales qui ne sont pas représentées dans les institutions politiques . Cette DPP est largement à inventer d’autant qu’il ne s’agit pas seulement de participer en laissant en place les castes politico-économiques au pouvoir. Son objectif est bien de réduire le poids de l’oligarchie et sa fusion avec la finance et les créanciers (dette).

 Reste que le problème est aussi social et pas seulement démocratique. Là il faut dire que l’intérêt général n’est réel que si les pauvres - nationaux ou résidents étrangers - ne le sont plus et les riches ne sont pas trop riches, autrement dit si l’on se trouve dans un régime de répartition des revenus de type « plus en bas et moins en haut » et donc de réelle cohésion sociale ou de justice sociale et fiscale.

Les augmentations de salaires obéissaient peu ou prou (il ne faut pas trop mythifier) au système de la qualification. Cette « méritocratie républicaine » était sans doute critiquable à plus d’un titre mais aujourd’hui elle devient le symbole d’une régulation de la hiérarchie sociale circonscrite à une époque de désinstitutionalisation - terme repris par l’auteur à Louis Chauvel - de la grille des rémunérations. C’est l’un des traits de la dérégulation néolibérale qui par ses privatisations et marchandisations a mis le déclassement social et la désaffiliation du travail (Castel) à l’ordre du jour au plus grand bénéfice d’une bourgeoisie capitaliste et rentière que l’on retrouve autant dans le privé que dans le public.

Les riches sont effectivement beaucoup plus riches et la fracture sociale est aussi territoriale du fait de la dégénérescence de la planification de correction et de l’Etat social et de ses services publics. Les quartiers délaissés de la « République libérale » (notez svp l’antinomie de ce couple de mots à l’instar de « monarchie républicaine » d’un Maurice Duverger ou de « démocratie oligarchique » aujourd’hui) en sont la preuve de même que les quartiers riches de certaines grandes villes.

Tout cela forme donc la fin ce d’une République relativement sociale qui s’est construite par le rapport de force à la fin de la seconde guerre mondiale, une République forte de ses services publics et de la Sécurité sociale. Le peuple-classe français (comme d’autres) a pressenti ce que signifiait République sociale voire République socialiste. Cette dernière forme de République fait passer l’appropriation publique (étatisation 1945 à 81) en appropriation sociale (socialisation) ce qui n’est pas le cas d’une République sociale.

Christian DELARUE

1) Oligarchie et classe dominante face à peuple souverain et peuple-classe sur Mouvements.

http://www.mouvements.info/Classe-dominante-et-oligarchie.html