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Les deux filiations conceptuelles du peuple-classe. Christian Delarue

dimanche 24 mai 2020, par Amitié entre les peuples

Les deux filiations conceptuelles et théoriques de « peuple-classe » par Christian DELARUE.

Remise en ligne (avec quelques retouches et ajouts de notes de bas de page en mai 2020), à l’occasion des 15 ans du Non au TCE le 29 mai 2005 de ce texte de 2005 (qui fut publié sur Chrismondial, Amitie entre les peuples, Dazibaoueb et plus tard sur Mediapart)
http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/190113/les-deux-filiations-conceptuelles-du-peuple-classe

La notion de peuple-classe a été réactivée, systématisée et modifiée par mes soins et non pas strictement inventée à cette période de mobilisation du peuple, du peuple-classe.

La construction actualisée et développée du concept est personnelle. Pour ce concept j’ai notamment plus emprunté à Yves Meny et Yves Surel (1), mais sans le savoir au début, qu’ à A Léon à qui l’on pense ordinairement (2). D’autres auteurs ensuite sont apparus au fil de la construction puisque je « manie le terme peuple » au sein du MRAP (cf amitié entre les peuples) depuis la fin des années 70, avec aussi le droit international des peuples puis avec la notion de populisme. Tout cela bien avant la référence à l’altermondialisme (ATTAC 1998).

A Léon voulait élaborer une conception matérialiste du peuple juif. Il le pensait sous le nom de peuple-classe comme un peuple de commerçants. Avec Yves Mény et Y Surel, le peuple-classe est l’autre nom du « bas-peuple », de plebs, comme au XIX siècle.

Le format a changé ensuite pour englober une large fraction de peuple. Pour ma part en effet, je lui ai donné un format économico-social beaucoup plus large (99% d’en-bas) que celui de plebs (plus pour le XIX ème siècle) mais surtout il ne s’agit pas que d’un contenu simplement « social » (qui se borne à l’addition des couches ou des classes sociales membres : pauvres, modestes, moyennes) car il est pensé en opposition en rapport face à une classe ou un groupe dominant . Il est aussi et surtout « classiste », c’est à dire pensé frontalement en opposition à l’oligarchie politico-financière et/ou à la classe dominante, ce qui lui confère une dynamique potentiellement contestataire, subversive. On retrouve ici, modernisée, l’opposition classique en science politique « peuple-élite ».

Le « non » au TCE du 29 mai 2005 en France et plus encore les études sur la haute bourgeoisie et sur le « Président des riches » sont des éléments qui se ajoutés à la conception altermondialiste du peuple qui combine plusieurs sens dont, à minima, celui de citoyen (peuple démocratique ou souverain) mais aussi celui de peuple dominé par la finance prédatrice.

Le peuple-classe, fort de sa composante « travail salarié » (privé et public) mais aussi travail indépendant (paysans,artisans, commerçants), mais intégrant aussi le petit patronat, relève d’un marxisme adapté à la logique contemporaine du capitalisme néolibéral qui voit, « de haut », au plan mondial, une hyper caste mondiale, combinée à des classes dominantes ancrées au sein de formations sociales (les nations et les continents), s’approprier le pouvoir matériel (accumulation de richesse) et décisionnel (gouvernance contre démocratie).

L’altermondialisme en est sa réponse. Les peuples-classe du monde s’opposent ici et partout, solidairement, à cette prédation qui ne porte pas que contre le « social » mais aussi contre la nature. Les peuples-classe défendent au plan mondial les biens communs mondiaux contre l’appropriation capitaliste. Tout comme ils considèrent, au plan national, l’Etat social (services publics, sécurité sociale,etc...) comme « leur chose » face au capitalisme de privatisation pour le profit financier.

Christian DELARUE
Sept 2005

Deux textes sur ce choix :

1) in « Par le peuple, Pour le peuple. Le populisme et les démocraties » par Yves Mény et Yves Surel, Paris, Fayard, 2000, Coll Espace du politique.

Lire aussi
Existe- t-il un peuple populiste se demandait Yves Mény et Yves Surel il y a 20 ans en étudiant les liens entre démocratie et populisme puisque la démocratie s’appuie sur le peuple qui pour certains n’existe pas puisqu’elle fait la promotion du gouvernement du peuple (kratos), par le peuple (démos) et pour le peuple (en principe mais c’est moins sûr) (1) ? Ces deux auteurs distinguèrent trois types de peuple : Peuple-nation et Peuple-souverain mais aussi Peuple-classe (mobilisé plus tard) . Les deux premiers sont des peuples totalité alors que le peuple-classe est un peuple fraction .
Il y a de possibles chevauchements de sens quand le Peuple-nation recouvre le Peuple-souverain et quand il y a « transcroissance » interne (en soi-pour soi) du Peuple-classe en Peuple-nation et Peuple-souverain en période révolutionnaire (congruence rare des trois catégories de Peuple). Là, il n’y a plus opposition du peuple à l’élite du fait de l’ effacement de la classe dominante ou régnante .
in « Par le peuple, Pour le peuple. Le populisme et les démocraties » par Yves Mény et Yves Surel, Paris, Fayard, 2000, Coll Espace du politique.
http://lakrival.over-blog.org/2020/05/existe-t-il-un-peuple-populiste.html

2) Le peuple-classe de A Léon et après. Christian Delarue

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/150712/le-peuple-classe-de-leon-et-apres

Plus tard, après les soulèvements de 2011, pour une AG d’ATTAC à Rennes fut publié en juillet 2012 dans la revue Mouvements un texte plus long :
Classe dominante et oligarchie contre peuple souverain et peuple-classe. - Mouvements
http://mouvements.info/Classe-dominante-et-oligarchie.html