Histoire : Annie GEFFROY et le peuple-classe.
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30 ans après le bicentenaire.
Histoire 1789-1989 : Annie GEFFROY et le peuple-classe.
Annie Geffroy fait référence à la notion de peuple-classe au sens de « désignant social » dans son article « Le peuple selon Robespierre » (in Permanences de la Révolution - pour un autre bicentenaire (Ouvrage collectif éditions La Brèche PEC 1989).
Elle signale que le peuple-nation au sens de « ensemble des citoyens » n’englobe jamais toute la population du territoire surtout au temps des régimes censitaires qui excluaient une large fraction du peuple-classe, ce dernier signifiant alors bas-peuple . Aujourd’hui peuple-classe dispose d’un volume plus important, d’un format plus large soit les hoi polloi « les nombreux » par rapport aux hoi oligoi les peu nombreux.
Mirabeau avait critiqué l’ambiguïté d’un terme qui signifiait d’une part une composante sociale soit le peuple-classe ou Tiers Etat et d’autre part une composante vaste, le peuple-nation, englobant les ordres privilégiés, noblesse et clergé. Annie Geffroy souligne qu’une telle conscience politique est bien rare à cette époque.
Le peuple-nation n ’est pas que le peuple démocratique des citoyens il a aussi un sens ethnique qui renvoie à l’histoire de la nation.
L’appartenance à la nation est un fait. Le français dans sa diversité locale est celui qui y vit durablement, pas nécessairement depuis des générations. La définition de la « communauté nationale » par l’Etat ce peut être autre chose, de plus complexe car juridique et aussi plus variable dans le temps selon les conceptions en cours.
Ce qui est public renvoie à peuple-nation alors que ce qui est populaire renvoie à peuple-classe comme bas-peuple, plebs sordida ou basse plèbe.
Ce qui subsiste et ce qui bouge.
Aujourd’hui encore, certains continue de nommer « populaires » les couches sociales d’en-bas, sous les couches moyennes, à savoir les couches pauvres et modestes. Cet usage chronologiquement décalé a pour fonction (contestable) de sortir les couches moyennes du peuple et surtout du peuple-classe. En quoi, de nos jours, les couches sociales moyennes ne serait pas « populaires » ?
Aujourd’hui le peuple-classe serait soit au sens « alterécolo » (rare) les 90% de la population en distinction du décile d’en-haut ou soit, au sens (plus commun) des altermondialistes, les 99% en opposition à l’oligarchie soit le 1% d’en-haut.
La référence au peuple et au peuple-classe ne suppose pas une préférence pour une vision statificationniste ie en termes de couches sociales. Elle peut se marier avec une sociologie marxiste ou « classiste » évoquant des conflits de classes sociales et des alliances de classe différenciées à former au sein du dit peuple-classe. Le clivage principal se situe néanmoins face à la classe dominante, symbolisée par le 1% d’en-haut.
Le peuple-classe connait bien évidemment d’autres types de divisions -sexisme, racisme, etc... - qui empêche tout vision homogène.
Christian Delarue
sur Mediapart décembre 2013
Peuple comme partie (la plus nombreuse/la moins considérée) ou comme tout, peuple sociologique et peuple politique. (Voir A. GEFFROY, « Le peuple selon Robespierre », Permanences de la révolution, La Brèche, 1989, p. 179-193)