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La lutte climatique des classes

mercredi 11 juillet 2018, par Amitié entre les peuples

La lutte climatique des classes

À propos d’Andreas Malm, L’anthropocène contre l’histoire. Le réchauffement climatique à l’ère du capital, traduit par Étienne Dobenesque, Paris, La Fabrique, 2017.

L’anthropocène a fait une entrée remarquée dans le lexique politique, sociologique et historien. Concept forgé par les géologues[1], l’anthropocène désigne la période pour laquelle l’activité humaine constitue la principale force de transformation de la Terre. Dans sa migration vers les sciences sociales, la notion a fini par désigner toutes les formes plus ou moins clairement identifiables de modification du climat et de l’environnement sous l’influence des êtres humains.

Dans son livre L’anthropocène contre l’histoire, Andreas Malm n’y va pas par quatre chemins : il entreprend d’interroger la vacuité de l’anthropocène comme concept politique. Sa thèse se résume ainsi : toute l’humanité n’a pas engagé une destruction avancée de la nature et des ressources terrestres, seule la classe capitaliste a élaboré un système d’exploitation généralisé dont on s’aperçoit maintenant qu’il ne détruit pas seulement la vie des travailleurs, mais s’attaque aussi à l’environnement. Comme le note l’auteur, « la série de technologies énergétiques qui ont succédé à la vapeur – l’électricité, le moteur à combustion interne, le complexe pétrolier (…) – ont toutes été introduites suite à des décisions d’investisseurs, parfois avec l’apport essentiel de certains gouvernements, mais rarement suite à des délibérations démocratiques » (p. 11). Il est donc tout à fait abusif de parler d’« anthropocène » en généralisant à l’humanité tout entière, puisque ce sont les tenants du capital qui sont responsables de la mobilisation des énergies carbonées dans l’économie contemporaine. L’argument, invariablement opposé à cette analyse de la rupture climatique par le jeu des antagonismes de classe, est que « même si toute l’espèce humaine » n’est pas « responsable » des transformations environnementales, c’est bien « au sein de l’espèce humaine » que se situe « son origine » (p. 13). Mais Malm rétorque que c’est un moyen fort commode de naturaliser de nouveau le réchauffement climatique en l’imputant à une espèce particulière (p. 14). Parce que la dégradation environnementale a une histoire, qu’elle est compréhensible du point de vue des transformations sociales et politiques des communautés humaines, il est dès lors important de repérer quels sont les acteurs qui ont produit cette situation de crise globale, afin de penser les (ir)responsabilités.

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https://zilsel.hypotheses.org/2839