Accueil > Altermondialisme > De l’antimondialisation à l’altermondialisation > Problématique « alter » > Trois alliances de classes sociales - Christian Delarue

Trois alliances de classes sociales - Christian Delarue

mardi 2 avril 2024, par Amitié entre les peuples

Trois alliances de classes sociales

Ce texte est de facture altermondialiste sans prétendre être un modèle et quoique inscrit dans le cadre national qu’il entend néanmoins bousculer. En fait, dans notre militantisme, nous sommes d’en-bas, sans frontière, pour la pluri-émancipation - ni classisme, ni sexisme, ni racisme et autres émancipations - avec extension du démocratique, du social et de l’écologique.

Faire nation derrière la classe financière dominante (1) ne semble plus possible sans manoeuvre de diversion sur des sujets pourvoyeurs de haines racistes ou religieuses. Faire République avec elle est franche duperie car elle casse méthodiquement, ainsi que le préconisait le sieur Kessler, depuis plusieurs décennies mais surtout la dernière, ce qui peut ou pourrait constituer notre bien commun à savoir une politique socialiste de satisfaction des besoins sociaux via sécurité sociale, services publics, fonction publique dans un cadre écologique assumé,

Qu’en est-il de l’Europe ? Si de nombreux citoyens et citoyennes se disent européen-es, ils n’en sont pas moins très critiques de son fonctionnement classiste, de son oligarchisation avec tous les travers connus du phénomène, à commencer par le fort rabougrissement des droits sociaux et des services publics.

On comprend dès lors que la question des alliances de classes sociales se pose avec acuité dans ce contexte, tant au niveau national que continental. Pour certains, il y a rupture avec les classes dominantes. On retrouve ici encore le désormais ancien « Nous sommes les 99% » avec cependant deux idées complémentaires à considérer, d’une part celle venue de Nicolas Framont (sociologue de « Frustration ») qu’une sous-bourgeoisie vient souvent - pas toujours - en appui de la domination de classe, du classisme et d’autre part celle venue du « féminisme des 99% » tel que rédigé par trois féministes dans un Manifeste (2) qui ne supporte aucun compromis avec le 1% de plus en plus dominateur tant au plan de classe que patriarcal.

Une typologie n’a jamais fait une réflexion aboutie mais elle peut aider à lancer une discussion : trois types d’alliances

1) Une alliance typique de droite

J’ai entendu, il y a quelques jours sur une radio, M CIOTTI, homme de droite bien connu, son discours posant son alliance de classe implicite ou les riches ou les grands patrons sont protégés. Etre de droite me direz-vous, c’est toujours çà de façon implicite ou explicite.Si les modalités de cette orientation sont variables, la ligne générale se ramène toujours à cette protection.

Il n’est pas le seul à droite à tenir un discours en défense du Travail non pas contre le Capital bien sur, mais contre les chômeurs et tous ceux et celles qui ne "traversent pas la rue » ! En conséquence, il veut faire baisser les impôts contre le travail (une promesse non tenue) pour que les budgets des allocations chômage soit encore plus réduits ! Autrement il propose implicitement un alliance de classe entre la bourgeoisie, la sous-bourgeoise et tout le monde du Travail contre les sans travail, les chômeurs-ses ! Cela c’est le discours.

L’extreme-droite ajoute racisme et xénophobie mais le type d’alliance reste de ce type, protecteur des classes dominantes, de la classe financière

2) Une alliance de centre gauche (rose et vert intra-système)

La gauche dite « modérée » - rose ou verte - le gros du PS - pense, en matière de stratégie politique, d’abord à une alliance avec une fraction de la bourgeoisie celle qui serait progressiste au plan sociétal et culturel ie non raciste, non sexiste, non homophobe etc et ce pour avancer sur un compromis qui serait - très difficilement - avantageux pour les travailleurs-ses et le peuple-classe (les 98 à 99%).

Le problème est de trouver une fraction de classe sociale dominante prête à des compromis avantageux pour le travail. Pas simple ! Le principe non écrit reste : « ce qui est donné bruyamment d’une main est repris en silence de l’autre ».

On sait que la classe financière dans le 1 à 2 % a les yeux rivés sur la rentabilité financière pour recevoir un maximum de dividendes. Ce sont les mêmes qui pratiquent la multipropriété rentière pour vivre des loyers en plus des dividendes. Mais dans le 1% on peut trouver des individus hors financiarisation. C’est rare mais possible.

Ces forces de centre-gauche - roses ou vertes - ne vont pas ou très peu s’occuper préalablement du traitement de la division du peuple-classe par les politiques de droite entre actifs et chômeurs (comme en 1).

3) Alliances de gauche

Elle abandonne l’idée d’une alliance avec toute composante de la classe dominante bien que voyant qu’il y a des différences en son sein, avec une fraction plus ou moins financiarisée, plus ou moins classiste mais toujours du côté de la perpétuation du mode de production et de consommation du capitalisme plus ou moins productiviste ou plus ou moins « technologiste ».

De cet abandon, l’alliance à construire se fera, grosso modo, entre une fraction de la sous-bourgeoisie (classiquement le 19% sous le 1%) et les autres classes dominées (sous les 80%) et y intégrant bien les pauvres et les « subalternisés » .

Les nombreuses et puissantes manifestations de 2023 contre la retraite Macron, malgré l’échec final, faute d’occupations d’usines et de blocages des transports de marchandises, ont montré qu’une alliance entre différentes couches du salariat (public et privé) des 99% était possible ainsi qu’avec des chômeurs et des travailleurs indépendants.

L’électoralisme incite à un recentrage, c’est à dire le fait de devoir chercher des voix au centre pour gagner , ce qui fait perdre des voix à gauche chez ceux et celles qui voient depuis 35 ans les facettes austéritaires de ces compromis !

Christian Delarue

1) http://amitie-entre-les-peuples.org/La-CLASSE-FINANCIERE

2) http://amitie-entre-les-peuples.org/Feminisme-des-99-Manifeste-Note-Christian-Delarue