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Sadocapitalisme – Préface à « Sexe, capitalisme et critique de la valeur » S Dahan

mercredi 9 janvier 2013, par Amitié entre les peuples

Sadocapitalisme – Préface à « Sexe, capitalisme et critique de la valeur »
DAHAN Sylviane

30 juillet 2012

Traduction française de la préface à l’édition en castillan du livreSexe, capitalisme et critique de la valeur [1]

« Que vient faire le marquis de Sade au milieu d’une crise comme celle-ci ? » Voici la question qui pourrait assaillir le lecteur - et peut-être, surtout, la lectrice - au moment d’ouvrir ce livre. L’Europe devient l’épicentre de la crise du capitalisme mondial. Une crise profonde et multiforme, turbulente, à l’issue incertaine : crise économique, sociale, écologique, politique et institutionnelle, crise de la civilisation... Des décennies de politiques néolibérales de déréglementation ont accumulé les conditions du plus grand conflit entre les classes sociales depuis la Seconde Guerre mondiale. Toutes les réalisations, tous les paramètres de l’État-providence – sous lesquels ont grandi déjà plusieurs générations - sont menacés. Le rêve d’un havre de droits sociaux et de démocratie vole en éclats par la cupidité des marchés financiers. Abasourdi, le public constate que les institutions représentatives, les parlements et les gouvernements, ne sont que des théâtres d’ombres. La démocratie politique a été littéralement kidnappée par les conseils d’administration des plus puissantes banques et sociétés multinationales. Au milieu d’une déstabilisation croissante, qui plonge des pays entiers dans la ruine et approfondit les inégalités sociales, l’Europe voit réapparaître ses vieux démons.

Est-il nécessaire de souligner la situation critique de l’État espagnol, au cœur même de la tempête ? Le modèle économique, qui a prévalu pendant des années, entraîné par une spéculation immobilière effrénée, s’est effondré. À l illusion de richesse, favorisée par l’expansion du crédit - un mirage qui cachait une précarité croissante des conditions contractuelles, des bas salaires, l’insuffisance des services publics, une structure fiscale régressive et, en général, une économie subordonnée -, a succédé une longue et profonde récession. Le chômage de masse et la pauvreté se sont installés dans la société. L’éclatement de la bulle immobilière laisse un nombre incalculable d’appartements vides et une forte empreinte dans l’environnement. Des centaines de milliers de familles sont expulsées de leurs logements… saisis par des banques, dont la mise à flot oblige à mobiliser d’énormes sommes d’argent public, vouant le pays à un « plan de sauvetage européen » ; c’est-à-dire, à sa mise sous tutelle par des créanciers étrangers, avec la menace d’une régression de décennies dans la vie, les droits et libertés de la population.

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article25994

La version en castillan de cette introduction est aussi reproduite sur le site ESSF (Europe solidaire sans frontières).