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Le capitalisme et la grippe porcine. M Davis

mardi 19 mai 2009, par Amitié entre les peuples

Mike Davis - Le capitalisme et la grippe porcine

Cette année, les groupes de touristes partis à Cancun pour les vacances de printemps ont ramené dans leurs bagages des souvenirs aussi invisibles qu’inquiétants.

La grippe porcine mexicaine, une chimère génétique probablement née dans la fange fécale d’une porcherie industrielle, menace aujourd’hui le monde d’une fièvre globale. Les premières contagions en Amérique du nord révèlent des taux d’infection évoluant à une vitesse d’ores et déjà supérieure à celle de la dernière souche pandémique officiellement répertoriée, la grippe de Hong Kong en 1968.

Volant la vedette à notre ancien ennemi numéro 1 – le virus H5N1 ou grippe aviaire, aux mutations autrement plus rapides – ce virus porcin constitue une menace d’une magnitude inconnue. S’il semble beaucoup moins meurtrier que ne le fut le SRAS en 2003, en sa qualité de grippe, il s’annonce beaucoup plus durable et beaucoup moins enclin à retourner sagement dans son antre.

Etant donné que le virus saisonnier de la grippe tue, sous sa forme classique, prés d’1 million de personnes chaque année, il est clair qu’une aggravation de la virulence, même modeste, et surtout si associée à une forte incidence, pourrait entraîner un carnage équivalent à celui d’une guerre majeure.

L’une des premières victimes du virus fut cependant la croyance, longtemps prêchée par les cardinaux de l’OMS, que les pandémies pouvaient être facilement endiguées grâce à une réponse rapide des bureaucraties médicales, et ceci indépendamment de la qualité des systèmes de santé locaux.

Depuis les premiers décès constatés à Hong Kong en 1997, l’OMS a promu main dans la main avec la plupart des autorités médicales nationales une stratégie fondée sur l’identification et l’isolement des poussées pandémique dans leurs périmètres d’émergence, assortie d’un déversement sur la population de médicaments anti-viraux et de vaccins (si disponibles).

Il s’est cependant trouvé toute une armée de sceptiques pour contester, à juste titre, cette approche de type contre-insurrectionnel en matière virologique, en faisant notamment valoir que les microbes peuvent à présent voyager à travers le monde (très littéralement dans le cas de la grippe aviaire) beaucoup plus rapidement que l’OMS ou les autorités locales ne sont capables réagir face à une première éruption de la maladie. Les critiques ont aussi pointé l’insuffisance d’une surveillance de premier niveau, souvent inexistante, des interfaces entre maladies animales et maladies humaines.

Mais la mythologie d’une intervention hardie, préemptive (et peu coûteuse) contre la grippe aviaire reste très prisée par les pays riches qui préfèrent, comme les USA et la Grande-Bretagne, investir dans leurs propres lignes Maginot biologiques plutôt qu’accroître massivement l’aide antiépidémique dans les pays du sud. Il faut citer également les mastodontes de l’industrie pharmaceutique qui ont systématiquement combattu les initiatives du Tiers-monde visant à produire, de façon publique et générique, des antiviraux aussi cruciaux que le Tamiflu des laboratoires Roche.

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