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La dette est un outil du classisme autoritaire
lundi 20 janvier 2025, par
La dette est un outil du classisme autoritaire
https://www.cadtm.org/La-dette-est-un-outil-du-classisme-autoritaire
« Affirmer, dans le contexte actuel, que l’annulation des dettes (des États comme des ménages) est impensable est une manière d’asséner l’idée qu’aucun autre monde n’est possible » disait feu le marxiste de Carré Rouge : François Chesnais en 2020 sur Les possibles du CS d’ATTAC ( note 1). Dire que la dette est un outil du classisme autoritaire c’est donc affirmer que la dette participe par définition à une politique de la domination de classe de la classe financière supérieure , le 1%.
Qui politiquement met en oeuvre le classisme ? Qui profite de la dette ? Qui en est victime ?
I - Les deux pôles du classisme autoritaire
La « démocratie réellement existante » qui va, en France, de N Sarkozy à E Macron, deux présidents des riches, est celle droitière pro-riches, pro-dividendes pour le 1% et austéritaire contre le peuple, le peuple-classe des 99% et plus encore ceux et celles à très bas revenus évidemment. On dira que cette démocratie, comme d’autres dans le monde, est anti-peuple et classiste . Anti-peuple car elle dépossède le peuple au plan démocratique une fois l’élection passée, et socialement pour sa politique austéritaire et inégalitaire . Elle s’apparente à une « démocrature césariste » particulièrement inégalitaire sur plusieurs aspects.
Qui politiquement met en oeuvre le classisme ? Quelle division en pôles ? Le classisme comme politique de domination de classe vient de et il profite à la dite classe sociale supérieure du 1% qui se subdivise politiquement en deux pôles l’un et l’autre classistes : d’une part le pôle mondialiste néolibéral autoritaire de Macron et d’autre part le pole national néolibéral autoritaire du RN à l’extrême-droite . Le RN se démarque encore plus que le FN de Jean-Marie Le Pen du fascisme (cf 2) mais lui emprunte de nombreux éléments qui le classe comme d’extrême-droite de facture communautariste national (3) avec une composante classiste et raciste.
Signalons l’existence d’un troisième pôle politico-syndical en opposition : il serait d’une part celui des gauches politiques proposant une alternative systémique, donc opposée au classisme, au bourgeoisisme du 1% et de la sous-bourgeoisie, mais aussi une émancipation multiple, plurielle que l’on résume ainsi en résistance « ni classisme, ni racisme, ni sexisme » et en conquête : « pro-social, environnemental et démocratique » A ce pôle s’ajoute les syndicats de défense, de promotion et mobilisation du monde du travail salarié, public et privé, actifs ou non (chômeur.ses et retraité.es), des 99%.
Si l’on préfère parler, de plus en plus, de « communautarisme national » pour le RN plutôt que de populisme c’est bien parce qu’il veut cacher son classisme droitier sous un large peuple-nation volontiers homogène, et communautaire pour cacher la lutte de classe qu’il refuse d’admettre alors qu’il y participe . Le terme de communautarisme permet une double critique : d’une part de l’ exclusion de fractions de peuple du 99% qu’il attaque régulièrement et d’autre part du soutien classiste au 1% , y compris d’ailleurs sa fraction européiste et mondialiste ainsi que d’une certaine sous-bourgeoisie sous le 1% .
II - Revenons à la dette.
La dette porte atteinte à ce qu’on a pu appeler « l’humanité-classe » , soit grosso modo les 99% d’en-bas de la population mondiale, ou la population mondiale moins les ultra-riches qu’on ne saurait y adjoindre par communautarisme . Car cette dette bénéficie aux très gros créanciers, aux banquiers et grosses sociétés financières . Evoquer la protection du petit porteur populaire d’actions au sein des pays du centre - comme en France - n’est qu’un alibi ! La dette est surtout constituée par du capital fictif (cf François Chesnais - 1994 et 1996) Elle est donc le produit du capitalisme financier mondialisé, spéculatif et parasitaire . Lire ici Alejandro Teitelbaum (sur Mediapart) :
"Le processus qui a conduit à la position hégémonique actuelle du capital financier a commencé avec la constitution des grandes sociétés transnationales, résultat de la concentration et de l’accumulation du capital, ce qui a conduit à la formation de grands oligopoles et monopoles dont la base financière s’est consolidée à partir de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle avec la fusion du capital industriel et du capital bancaire. Les grands monopoles transnationaux ont renforcé leurs finances en se constituant en sociétés par actions, qui absorbent l’épargne populaire en émettant des actions (parts du capital et des bénéfices - ou des pertes - de l’entreprise) et des obligations (titres de créance sur l’entreprise qui rapportent également des intérêts).
Jusqu’à ce que la suprématie planétaire actuelle du capital financier soit atteinte à la suite d’un changement profond de l’économie mondiale à partir des années 1970, moment qui marque la fin de l’État-providence, caractérisé par la production de masse et la consommation de masse, cette dernière étant stimulée par l’augmentation tendancielle des salaires réels et par la généralisation de la sécurité sociale et des autres prestations sociales. C’est ce que les économistes appellent le modèle « fordiste », d’inspiration keynésienne, caractérisé dans la production par le travail à la chaîne (taylorisme), qui a débuté aux États-Unis et s’est répandu en Europe surtout après la Seconde Guerre mondiale.
L’épuisement du modèle de l’État-providence est dû à plusieurs facteurs, dont deux se détachent : la reconstruction d’après-guerre, qui avait été le moteur de l’expansion économique, a pris fin et la consommation de masse a eu tendance à stagner ou à diminuer, tout comme les bénéfices des entreprises. Le « choc » pétrolier du début des années 1970 a également joué un rôle.
Pour donner un nouvel élan à l’économie capitaliste et inverser la tendance à la baisse du taux de profit, il est devenu nécessaire d’incorporer les nouvelles technologies (robotique, électronique, informatique) dans l’industrie et les services, ce qui exige d’importants investissements en capital.
Quelqu’un devait payer la facture. C’est ainsi qu’a débuté l’ère de l’austérité et les sacrifices (gel des salaires, détérioration des conditions de travail et hausse du chômage) qui ont accompagné les restructurations industrielles. Dans le même temps, la révolution technologique dans les pays les plus développés a stimulé la croissance du secteur des services et a entraîné le déplacement d’une partie de l’industrie traditionnelle vers les pays périphériques, où les salaires étaient - et sont - beaucoup plus bas.
Fin de citation de [CA-CADTM France] il ne faut pas payer la dette !
https://blogs.mediapart.fr/aleteitelbaum/blog/160125/il-ne-faut-pas-payer-la-dette
Christian Delarue
Président du CADTM France
1) François CHESNAIS (1934 - oct 2022) dans Les possibles du CS d’ATTAC été 2020
https://france.attac.org/nos-publications/les-possibles/numero-24-ete-2020/debats/article/quelques-pistes-de-reflexion-sur-la-dette-publique
auteur de : Les dettes illégitimes quand les banques font main basse sur les politiques publiques
https://alencontre.org/europe/les-dettes-illegitimes-quand-les-banques-font-main-basse-sur-les-politiques-publiques.html
2) Lire « Le spectre de l’extrême droite - Les français dans le miroir du FN » d’Alain BIHR pour cette analyse différentielle datant de 1998 - Ed de L’atelier au Chapitre 6 : vers un néo-fascisme.

3) Le communautarisme national du RN : quelle fonction ?
https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/160125/le-communautarisme-national-du-rn-quelle-fonction
Unité des gauches contre le RN
https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/130125/unite-des-gauches-contre-le-rn
Le RN participait déjà du classisme tout comme le FN de feu JM LP mais le RN de ces dernières années a nettement accentué son tournant pro-grande entreprise, grand patronat industriel et financier. Son populisme n’est que démagogie tant il soutien le 1%.
cf article de LVSL à cette adresse
https://lvsl.fr/le-tournant-patronal-du-rassemblement-national-prelude-de-son-arrivee-au-pouvoir/

lire aussi sur IHS
https://www.ihs.cgt.fr/les-cahiers-169-mars-2024/