Accueil > Altermondialisme > Altermondialisme / Internationalisme > CADTM France > Expressions de membres du CADTM France > De Kanaky à Mayotte, l’Etat français reste colonial

De Kanaky à Mayotte, l’Etat français reste colonial

mardi 31 décembre 2024, par Amitié entre les peuples

De Kanaky à Mayotte (et Comores) l’Etat français reste colonial
et ce de la pire façon.

Commençons par Mayotte : Médiapart du 29 décembre 2024 parle d’Etat fantôme à propos de sa coupable abstention à Mayotte après le passage du cyclone. Il en faisait trop peu avant au regard des besoins (cf Antoine Math - IRES) et il continue de faire trop peu . Comme ce territoire est loin on en parle peu tout comme pour la Kanaky.
C’est le moment de souligner le scandale de cette faible action car l’Etat français est ici doublement colonial , colonial d’abord dans l’ordre externe et historique par rapport aux exigences de l’ONU qui considère que Mayotte appartenait et appartient toujours à l’Archipel comorien et colonial ensuite dans l’ordre interne républicain car il laisse ce « département » à l’abandon et ne fait pas fonctionner la solidarité nationale de reconstruction pour un département qu’il a déclaré tel.
Ce constat de « doublement colonial » permet de dire « colonial de la pire façon » . L’Etat français colonial aurait pu construire République sociale authentique de Dunkerque à Mayotte depuis 1974 (consultation) ou 1976 (référendum), une colonialité administrative plus sociale que policière apportant réellement le confort aux populations de la périphérie avec l’installation et le déploiement de services publics gratuits . Le tout dans la considération de l’autre autant que possible , en réduisant les préjugés . Idéalement on aurait pu, en effet, penser à une intervention sérieuse de l’Etat français, toujours colonial dans l’ordre externe et historique mais voulant ne pas l’être (ou le moins possible) dans l’ordre interne républicain, en comblant par son action corrective l’écart économique et social entre la métropole et la périphérie de la République. Il aurait pu et aurait du agir pour faire en sorte qu’il y ait République authentique et non développement inégal maintenu entre la Métropole et la périphérie comme dans tout ordre colonial. Cette ile sous développée, avec ses abris en tôle en guise d’habitat, est en quelque sorte restée « africaine » comme du temps des colonies . La République y est quasiment absente ou si peu. Nous ne sommes donc pas en République ! Il faut dire la chose nettement. Il faudra aussi s’en souvenir.
Second point critique : Si on rapproche, comme la temporalité le permet (révolte du printemps 2024), Kanaky et Mayotte, on voit que notre classe politique dirigeante actuelle (de droite) et nos classes dominantes sont restées, sur ces deux territoires éloignés, calées sur le vieux paradigme de la domination coloniale : elles préfèrent maintenir un fort séparatisme riches-pauvres avec une forte répression d’appui - voire une sorte d’OAS en Kanaky - plutôt que construire un Etat social, environnemental et démocratique sur l’ensemble de ce qu’elle considère - à tort - comme son territoire.

Comparaison d’investissement financier  : civilisation pour l’humain ou barbarie pour un fétiche ? Pour reconstruire Notre Dame de Paris, les très riches rivalisent de dons alors que c’est très secondaire (investir un fétiche matériel de prestige placé indument au-dessus des humains réels à sauver impérativement des périls) mais pour faire ce qui est obligé du point de vue civilisationnel et humain alors il y a fuite lamentable de ses obligations .
Question finale pour les gauches du NFP : que doit faire la France ?

Un autre monde est possible : La France doit d’abord reconstruire pour tous et toutes sans racisme et entrer ensuite en procédure de retrocession pour Mayotte et d’autonomie progressive pour la Kanaky (sans bourrer les urnes avec des bulletins « métro »). Cela fera évidemment hurler la droite bourgeoise et l’extrême-droite colonialiste et raciste qui traitera les gauches de wokiste....

Christian Delarue