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Jean ZIEGLER à Paris, pour le MRAP : CONTRE LA FAIM , CONTRE LES « SAIGNEURS » DU MONDE !

mardi 3 novembre 2009, par Amitié entre les peuples

Jean ZIEGLER à Paris pour le MRAP : CONTRE LA FAIM , CONTRE LES « SAIGNEURS » DU MONDE !

Jean ZIEGLER entre Charles PALANT (à gauche) et Mouloud AOUNIT (à droite) (photo Christian Delarue)

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Si vous avez manqué la conférence de Jean ZIEGLER (*) lors des 60 ans du MRAP à Paris ce 31 octobre voici :

1) Des liens vidéos (Dailymotion) avec Jean Ziegler

* Le marché de la faim

* Faim dans le monde

* L’empire De La Honte

2) Les têtes de paragraphes du premier chapître - Le droit du faible contre la raison du fort - de son livre Le droit à l’alimentation (Ed Mille et une nuits). Extraits :

I - Le Brésil est la dixème puissance économique et un des pays les plus fascinants de la planète. Sur ses 176 millions d’habitants, 44 millions sont gravement et chroniquement sous-alimentés. Le Brésil est, avec l’Afrique du Sud, le pays le plus inégalitaire du monde : 2 % des propriétaires fonciers y possèdent 43 % des terres arables ; 90 millions d’hectares de terres - humiliées et misérables - errent sur les routes de l’immense territoire. La faim ravage les bidonvilles...

II - Pour un banquier de Wallstreet ou de Zurich un sac de riz est une marchandise comme n’importe quelle autre. Son prix de revient (de transport, d’assurance, de stockage, etc.) ne peut être déterminé que par le libre jeu du marché, plus précisément par les spéculations à la Bourse des matières premières agricoles de Chicago (Chicago Commodity Stock Exchange) où sont fixés quotidiennement les prix de presque tous les aliments existant sur la terre.

III - Les droits de l’homme -hélas ! - ne relèvent pas du droit positif. Cela signifie quil n’existe encore aucun tribunal international qui rendrait justice à l’affamé, défendrait son droit de produire lui-même ses aliments ou de se les procurer au moyen d’achats monétaires, et protègerait son droit à la vie.

IV - En tant que rapporteur spécial et conformément à mon mandat, j’ai rédigé des dénonciations adressées aux gouvernements de Pyongyang et de Tel Aviv. (cf à la situation en Corée du Nord et en Palestine)

V - Derière le cynisme et l’arrogance d’autres gouvernements se cache souvent un pouvoir occulte, celui exercé par les sociétés multinationales de l’agro-alimentaire. (cf Président de la Zambie contre la distribution du surplus américain de maïs génétiquement modifié)

VI - Karl Marx se trompe : la misère extrême ne génère pas la révolte. (ici Jean Ziegler indique son espoir dans « l’insurrection des consciences » dans la société civile planétaire)

VII - Au Palais des Nations à Genève, des hommes et des femmes, porteurs des raisons d’ Etat les plus contradictoires, se parlent pour tenter d’ordonner le chaos du monde. ( A demi-mot on peut lire le faible espoir mis ici dans l’ONU seule)

VIII - La faim, la soif, les épidémies et la guerre sont les quatre cavaliers de l’Apocalypses du sous-développement conomique. Ils ont tué l’an passé de nouveau 52 millions d’êtres humains.
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L’OMC refuse explicitement qu’il puisse existe un droit humain à l’alimentation. Le PNUD, l’OIT, le PAM, la FAO, l’UNICEF soignent les bléssés du sous-développement, traitent les survivants de la torture, nourrissent les rescapés des famines, s’occupent des innombrables victimes de l’ordre meurtrier du monde. Or le FMI, l’OMC et la Banque mondiale sont les seuls qui disposent, face aux maîtres de cet ordre, de moyens de contrainte. Les seuls aussi qui pourraient -s’ils le voulaient - imposer d’une façon impérative le respectect des droits de l’homme. (p35)

IX - Kofi Annan, Secrétaire général de l’ONU, est parfaitement conscient de cette situation absurde. / Il semble avoir abandonné tout espoir de pouvoir ramener à la raison l’OMC ou de réformer le FMI. / Désormais, il parle directement aux seigneurs du capital financier transcontinental. Il leur propose un Pacte global entre eux-mêmes et les Nations unies, « Global Compact ». C’est le 31 janvier 1999 au Forum économique mondial de Davos qu’il a présenté pour la première fois le projet. Le Forum réunit annuellement les mille dirigeants des sociétés transcontinentales les plus puissantes. Pour être admis au « Club des 1000 » (c’est le titre officiel), il faut diriger un empire bancaire, industriel ou de services dont le chiffre d’affaires annuel dépasse un milliard de dollars.

X - La Charte des Nations unies, adoptée le 26 juin 1945, commence par ces paroles : « Nous, peuples des Nations unies, résolus à créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des des traités et autres sources du droit international, à favoriser le progrès social et instaurer de meilleurs conditions de vie dans une liberté plus grande... » La Charte comporte 111 articles. Ils s’adresent exclusivement aux Etats. Le préembule n’est guère qu’une évocation poétique. Les vainqueurs de 1945, auteur de la Charte, ne croyaient qu’en l’Etat.

XI - Revenons à la question de fond. Les Nations unies sont-elles le nouveau sujet historique trans-étatique capable d’imposer au capitalisme de la jungle un ordre humain, une mondialisation des droits démocratiques, une conscience publique universelle ? Le marché capitaliste unifié prive les Etats nationaux de leur pouvoir normatif. Les Nations unies peuvent-elles compenser le vide ?
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Les prédateurs triomphent. Ils imposent la privatisation au monde. Au lieu de les affronter, les Nations unies tentent de les apprivoiser. Sans succès.

Que faire ?

XII - Un rapporteur spécial des Nations unies prépare et défend des rapports.

www.unhchchr.ch/

www.righttofood.org

Jean ZIEGLER est sociologue, écrivain et rapporteur spécial des Nations unies.