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Du rapport « démocratique » de délégation à la constitution d’une caste politique fermée. C Delarue

samedi 4 juin 2011, par Amitié entre les peuples

Du rapport « démocratique » de délégation à la constitution d’une caste politique fermée.

Dans le texte ci-après : Casser le dispositif de formation des « grands élus » en classe dirigeante autonomisée., le terme « caste » n’a pas été employé . Pourtant, il est avéré que les « élites » politiques se professionnalisent du fait du cumul vertical et horizontal des mandats, du fait de l’éloignement et même de la coupure avec le peuple-classe et plus encore avec les prolétaires. Prudence dans le langage ?

En outre, les « grands élus » se « notabilisent » du fait d’une proximité plus grande avec les grands entrepreneurs, les grands dirigeants économiques, le petit monde des affaires, bref la bourgeoisie. C’est ce rapprochement qui vire à la collusion qui forme en France une véritable oligarchie, une ploutocratie (H Kempf). Sous N Sarkozy le caché devenait visible.

I - Préalable : Esprit scientifique et démocratie.

La démarche scientifique-critique va au-delà du sens commun et derrière les apparences des choses - le visible - pour chercher la vérité toujours cachée. Ainsi contre la vision commune qui voit la démocratie comme un état notamment avec les votations des citoyens la perspective critique tendra à voir le mouvement, les processus soit vers plus de démocratie soit vers moins. On parle ainsi de démocratisation pour le sens positif ou de dépossession démocratique dans le cas contraire.

Mais, il n’en reste pas moins que ne voir que des processus serait « tordre le bâton » dans l’autre sens et retomber dans l’idéologie. Car voir la démocratie en terme de processus ne protège pas des pièges visant à circonscrire la démocratisation dans un cadre donné. Cela signifie qu’au-delà de certains champs la démocratisation fait un bon, un saut qualitatif très important. Imaginons un instant que dans toutes les entreprises les travailleurs élisent leurs dirigeants. Que les mandats soient brefs et sans privilège financier. On serait dans une autre démocratie que celle-ci même en version améliorée par un tirage au sort (si admis que ce soit un progrès).

II - Du représentatif au délégataire.

A) Hypothèses et thèses.

Qu’on la dise libérale ou sociale, la démocratie représentative est en
vérité de type délégataire. Un mécanisme plus ou moins complexe est en action qui tend au rabougrissement de l’intervention démocratique des citoyens via la votation et le suffrage universel.

Ce type de démocratie qui tend à s’universaliser sous des formes
diverses est fondé sur un rapport de délégation entre une grande masse de citoyens profanes et une minorité d’élus politiques très
professionnalisés qui de ce fait fonctionnent en « caste politique » .

Le rapport démocratique de délégation produit donc non pas une classe politique mais une caste politique très fermée, fortement masculine au demeurant, et qui tend à se reproduire.

B) Éléments de preuve.

Ce rapport de délégation opère comme une dépossession citoyenne du
peuple. Cela est renforcé grâce :
 d’une part aux mythes de la proximité (derrière la distance sociale du
verbe et de l’apparence) et de la complexité des dossiers (malgré le
recours à des experts)
 d’autre part, pour les « grands élus », par des rémunérations, façon
notaire, avocat ou chirurgien, bien supérieures à celles de 90% de la
population et
 enfin d’autre part, à des pratiques de cumul des mandats.

La vraie proximité des notables de la politique est celle avec des dirigeants économiques (des grandes entreprises) et administratifs (haute fonction publique). Au niveau national il y a collusion entre grands élus et grands PDG.
La proximité avec les couches populaire est un mensonge grossier surtout pour la droite, beaucoup moins pour le PCF.

Une double critique dans la perspective d’une autre démocratie
porte sur les rémunérations et sur le cumul des mandats.

Elle devient audible, malgré la contre-critique invoquant le
populisme ou le poujadisme. En fait la réforme du cumul des mandats
« verticaux » (exemple : pas plus que 3 X 3 ans ou 2 x 5 ans) ou des
« horizontaux » (pas plus de deux secteurs d’intervention) n’est pas mise en œuvre. Les « politiques » ne veulent surtout pas scier la branche sur laquelle ils sont assis.

 Portée.

La ne s’arrête pas les changements à enclencher . C’est un début.
Il faut changer les institutions de la République.

Christian Delarue

membre de la commission « democratie » d’ATTAC France.