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De la résistance tamoule au néo-socialisme indo-pakistanais. C Delarue

mardi 27 janvier 2009, par Amitié entre les peuples

Rassemblement de Tamouls à Rennes.

A Rennes, le 24 janvier 2009 après-midi (en même temps que le rassemblement pour Gaza) se tenait un rassemblement inhabituel, celui de la communauté tamoule des environs. Ils réclamaient l’attention de citoyens et militants sur ce que subissait le peuple tamoul au Sri Lanka. La raison en est donnée dans l’article monde.fr reproduit sur Bellaciao du 27 janvier

Au Sri-Lanka, l’armée s’empare du dernier bastion des Tigres tamouls

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article79001

Mais il faut aller plus loin. Et l’exercice n’est pas aisé. Il ne s’agit que de quelques pistes à approfondir et discuter.

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De la résistance tamoule au néo-socialisme indo-pakistanais.

Le Sri Lanka, (ex Ceylan avant 1972) connait aussi un conflit inter-ethnique qui perdure mais il fait moins l’objet d’attention des médias et de la communauté internationale. Dans cette île plus grande que la Suisse (65000 km2), environ un cinquième de la population (16 millions d’habitants) est formé de Tamouls, alors qu’un peu moins des trois quarts représentent les Cinghalais. Les deux peuples qui cohabitent sur l’île depuis très très longtemps (1) parlent chacun une langue différente et pratiquent deux différentes religions. Un très grand nombre de Tamouls pratiquent la religion hindoue, alors que l’écrasante majorité du peuple cinghalais est bouddhiste. Mais cela n’empêchait pas les alliances en cas d’agressions étrangères et même une certaine cohabitation.

Une colonisation de longue durée.

Les Portugais s’installèrent dans le sud de l’Inde à la fin du XVe siècle et à Ceylan au XVIe siècle. Le XVIIe siècle vit l’arrivée des Anglais, des Hollandais et des Français dans le sous-continent indien. Quand l’île de Ceylan fut dominée par les Portugais et les Hollandais, le nord et l’est (régions tamoules) furent administrés comme entités séparées du reste du pays. Mais, avec la colonisation britannique de 1833, tout le pays fut ramené vers un système de gouvernement unitaire. L’indépendance est conquise en 1948. Mais pour répéter le propos d’un révolutionnaire srilankais Colvin R de Sylva « l’impérialisme britannique s’est retiré en arrière-plan, même s’il n’a en aucune façon abdiqué ». Sur cet aspect on ne peut que remarquer une certaine unité de politique impérialiste puisque « pour exercer leur domination sur l’Inde, les dirigeants de la bourgeoisie britannique avaient créé une véritable poudrière sociale, ethnique et religieuse. Et parce que ce furent ces mêmes dirigeants qui présidèrent au processus de décolonisation, mettant au premier rang les intérêts de l’impérialisme, l’indépendance ne désamorça pas la poudrière mais au contraire renforça son pouvoir explosif ». (cf UCI)

http://www.union-communiste.org/index.php?FR-archp-show-1993-1-828-4242-x.html


Le chauvinisme cinghalais bouddhiste.

L’impérialisme britannique s’est appuyé sur la discrimination ethnique et le soutien des bouddhistes cinghalais contre les tamouls . Le site tamoul.net présente ainsi les origines du conflit entre cinghalais et tamouls : « Au Sri Lanka, le désir d’obtenir une identité nationale tamoule séparée a suscité la mise en place de différentes mesures par une majorité cinghalaise (1956 : loi faisant du cinghalais la seule langue officielle, 1972 : le bouddhisme seule religion d’Etat) qui considéra l’île comme Nation exclusive du bouddhisme cinghalais et les Tamouls comme des envahisseurs qui devaient être soit, renvoyés au Tamil Nadu, soit, soumis et assimilés à un état Cinghalais bouddhiste et unitaire ». Cette politique nationaliste et ethnique menée à l’issue de l’indépendance n’a profité à aucun des deux peuples-classe acculés à la misère. Seule l’impérialisme et une bourgeoisie compradores en bénéficiaient. Mais les tamouls subissaient eux ,en plus, les vexations, les humiliations puis les éliminations physiques. Dans la démocratie du Sri Lanka, est-il ajouté, aucun Tamoul n’a jamais été élu dans une circonscription à prédominance cinghalaise et aucun cinghalais n’a jamais été élu dans une circonscription à prédominance tamoule. « La démocratie » servit, au sein d’un Etat unifié, à perpétuer le règne oppressif d’une majorité cinghalaise permanente. C’est une majorité cinghalaise permanente, qui, à travers une série de mesures législatives et administratives, allant du retrait de la citoyenneté et de la standardisation pour l’entrée dans les universités aux politiques discriminatoires linguistique et d’emploi, ainsi que la colonisation des terres du peuple tamoul par l’appareil de l’état, a voulu établir son hégémonie sur les Tamouls de l’Eelam.

En 1977, l’île adopte des réformes de type libre-marché et d’ouverture de l’économie aux capitaux étrangers. La misère s’approfondit tout comme la division communautariste à l’encontre des tamouls. En 1981, la bibliothèque de Jaffna fut entièrement brûlée, détruisant sa collection irremplaçable de manuscrits et de livres tamouls. En juillet 1983, des horribles émeutes racistes contre les Tamouls furent perpétrées dans toute l’île. Depuis le conflit peerdure. Le peuple-nation tamoul s’est organisé pour résister et revendiquer son auto-détermination

Résolutions politiques Eelam tamoul

Elles sont appelées « Les résolutions de Vaddukotai ». Nous citerons ici trois des plus importantes :

1. La République de l’Eelam tamoul : « nous nous consacrons à rétablir l’Eelam tamoul indépendant, souverain, laïc et socialiste selon les principes du droit d’autodétermination de tous les peuples. C’est le seul moyen de sauvegarder les intérêts du peuple tamoul de Ceylan ».

2 Le territoire de l’Eelam tamoul : son territoire comprendra les provinces du Nord, de l’est et le district de Puttalam.

3. Les citoyens de l’Eelam tamoul : Seront citoyens : a. Tous ceux qui vivent sur son territoire ; b. Tout Tamoul résidant dans n’importe quel point du Ceylan, le réclamant ; c. Tout Tamoul vivant dans n’importe quel pays du monde ayant eu des ancêtres à Ceylan, le réclamant. Le Front Tamoul, après avoir voté la résolution sur l’Eelam tamoul, tenant compte des pressions que ne manquerait pas d’exercer le gouvernement sri lankais sur les plans militaires et politiques et de la nécessité de lutter contre le gouvernement cinghalais, prend la décision d’appeler désormais le Front Tamoul : Front Uni de Libération Tamoule (Tamil United Liberation Front).

Geopolitique de l’émancipation

Aujourd’hui, à mon sens, la perspective d’un « néo-socialisme vert » ne semble viable que pour l’ensemble de la région Inde et le Pakistan et peut-être au-delà Afghanistan - Chine. Ce qui suppose la paix en Afghanistan et la résolution de la situation du Cachemire (2) qui chevauche trois pays l’Inde, le Pakistan et la Chine. On comprends qu’il faille procéder par des conquêtes proto-socialistes sectorielles (une certaine maitrise locale des grands choix économiques) servant de base à une extension dans d’autres zones des conquêtes sociales.

Christian Delarue
Altermondialiste

1) Voir l’historique ancien sur tamoul.net

http://www.tamoul.net/static.php?op=ta_static/Eelam.html&npds=0

2) Conflit du Cachemire

http://blankonthemap.free.fr/2_histoire/22_conflit_du_cachemire/conflit_du_cachemire2.htm#1984

La géopolitique de la région est plus complexe que pour le Magheb . Je ne sais pas trop fixer les frontières de la « région »
Au Maghreb comme au proche-orient : néo-socialisme ou barbarie. C Delarue