DOMINATION / Une certaine science contre la sexualité féminine. C Delarue

DOMINATION / Une certaine science contre la sexualité féminine.

Il n’y a pas que les intégristes religieux et même plus globalement les religions a vouloir diminuer les possibilités d’épanouissement sexuel des femmes. Certains scientifiques du XIX ème siècle n’ont pas hésité à pratiquer des actes barbares contre les femmes dites hystériques.

Au V ème siècle avant notre ère, c’est le bien le défaut de rapports sexuels qui serait la cause du dessèchement de l’organe mais les souffrances qui en sont issues proviendraient du « déplacement de l’utérus » dans un ailleurs mystérieux. (1). Au II ème siècle Galien préconisera la « masturbation salvatrice » car il pensait qu’il s’agissait d’un trop-plein de « substances sexuelles ». Au XIII siècle, Albert Le Grand cherche une solution compréhensive dans un univers rigide en condamnant la main qui pollue (manus polluens) mais admet la main qui soigne ( manus medicans) (2). Il faudra attendre Freud pour apprendre qu’il s’agit du refoulement de la pulsion érotique, du moins de sa représentation psychique .

Au-delà de la question de la cause du mal on voit dans l’histoire s’affronter les tendances répressives et celles plus souples et compréhensives. Les solutions répressives mélangent argumentations religieuses et argumentations « scientifiques ».

Au XIX ème siècle des chirurgiens pétris de valeurs sexistes et patriarcales n’hésiteront pas à pratiquer l’excision du clitoris car la masturbation sera vue poue eux comme cause de l’hystérie. En 1882, le D^r Démétrius Zambaco n’hésite pas à brûler par le feu le clitoris de deux petites filles. La barbarie atteint ici un sommet. D’autres pratiqueront l’ablation des ovaires . Dans tous les cas, de nombreuses patientes vont mourir par septicémie .

Réciprocité ? N’y pensez pas ! Les troubles nerveux des hommes ne seront jamais soignés par la castration.

La sortie des ténèbres et de l’obscurantisme est récente et à poursuivre. La communauté scientifique a, au cours du XX ème siècle, beaucoup évoluée sur les explications médicales fournies mais surtout sur les modes de soins. Les méthodes répressives n’ont pas totalement disparues sur la planète mais elles sont fermement combattues.

Christian DELARUE

1 JP Catonné : Annales médico-psychologiques 1992

2 cf Daniel Jacquart et Claude Thomasset in Sexualité et savoir médical au Moyen Age PUF 1985