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CRITIQUE du TRAVAIL SALARIE et de la RELIGION - Christian DELARUE
dimanche 1er décembre 2019, par
CRITIQUE du TRAVAIL SALARIE et de la RELIGION
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article162668
I - Sur une position
On a là deux formes sociales d’aliénation, d’oppression et de souffrances sociales. On peut critiquer radicalement - à sa racine - le travail (salarié) comme on peut critiquer la religion radicalement. Mais - c’est notre positionnement intellectuel et militant - cela ne doit pas empêcher de voir de nettes évolutions - encore plus nuisibles - qui apparaissent et se développent , tant pour le travail (salarié contraint) que pour la religion.
Sur ces deux « institutions » (si on accepte ici ce terme), nous soutenons l’appréciation suivante : « Le travaillisme est au travail salarié ce que l’intégrisme est à la religion, un « retour » réactionnaire, un contre-mouvement très autoritaire ». Une critique spécifique est nécessaire. Et pour ma part mon énergie va contre ces graves excès et dérives plus que contre la racine. C’est qu’il y a urgence. Je n’abandonne pas l’idée du socialisme et de l’émancipation sous plusieurs formes mais l’alternative se construira par les luttes sociales et politiques (démocratie d’en-bas et par en-bas) contre le travaillisme et les intégrismes religieux.
Il reste néanmoins parfaitement possible et nécessaire de mener une critique radicale du travail salarié et de la religion. De l’un et de l’autre (même si c’est là deux objets différents). On peut dire - par exemple - que « le travail salarié contraint n’est ni l’activité sociale libre (hors emploi) ni « l’oeuvre », tout comme la religion n’est pas la recherche de spiritualité ».
II - Quelques développements sur ce point de vue :
Dans le travail salarié, qui reste sociologiquement massif malgré le chômage, on peut néanmoins « participer à la production de l’existence sociale ». On ne participe pas qu’à la seule constitution du profit des actionnaires et détenteurs de capital et à des logiques de destruction (Thanatos) . La « participation à la production sociale de l’existence » est nécessaire et elle peut faire sens - sous réserve d’autres paramètres importants aussi (salaires, carrière, RTT, etc) - car il y a, pour partie, construction positive de la société.
Ce sens de participation constructive est sans doute plus pertinent dans des services publics (pas tous car « effet de gangrène ») qu’au sein de firmes multinationales. Un service public ne travaille pas pour une logique de profit mais pour l’intérêt général (non calé souvent sur les besoins du capitalisme), pour la satisfaction des besoins sociaux, ce que ne fait pas principalement (voir pas du tout) une entreprise capitaliste.
Néanmoins on peut trouver une entreprise capitaliste qui travaille non seulement pour la valeur d’échange (donc le profit) mais aussi pour une belle valeur d’usage, et donc pour des biens ou services utiles à la société. Il y a alors articulation des deux objectifs . De fait, toute entreprise capitaliste ne produit pas des gadgets ou des biens de destruction de la société (des armes de guerre, des LBD) , des biens uniquement réservés aux très riches, etc . Dans certaines entreprises, on voit non seulement la production pour le profit - passage obligé lourd d’enjeux - mais aussi le , et « produire pour produire » et le « vendre pour vendre » . Le productivisme n’est guère isolable de la logique de profit bien que l’on trouve des écologistes qui critiquent les deux derniers « excès » - le « produire pour produire » et le « vendre pour vendre » - mais pas la logique de profit qui est dominante et déterminante.
III - VICE CAPITALISTE & VERTU DU SERVICE PUBLIC
Cette logique de profit d’abord et de profit conséquent est un vice fondamental du système capitaliste car il agit centralement . Cette logique et ce vice sont au coeur de nos sociétés à dominante capitaliste puisque la production de biens et services hors logique de profit capitaliste est située aux marges de la société, alors qu’elle est potentiellement vertueuse. Moins la logique de profit recouvre la société et plus l’Etat social peut développer des services publics fonctionnant réellement pour la satisfaction des besoins sociaux , fonctionnant sur des tarifs (donc avec du gratuit) et non des prix de marché . De ce fait avec l’Etat social, il peut se lire une plus forte cohésion sociale, une plus grande maîtrise des inégalités sociales avec moins de pauvres et moins de riches. Plus on va trouver de fonctionnaires soucieux du bien-être de la société et notamment des classes modestes et moins d’actionnaires cupides obsédés d’accumulation financière.
Cette critique - qui laisse apparaitre des nuances - ne doit pas empêcher de voir les évolutions négatives liées à un durcissement de la logique capitaliste obsédée de profit sur trois plans : 1) renforcer l’exploitation de la force de travail, 2) la compétition de tous contre tous (le spencérisme est montant) et 3) l’individualisme (bien visible dans le projet de retraite de E Macron) .
Une évolution est nettement apparente : il s’agit de ce qu’on peut appeler le travaillisme, soit ici le « faire travailler plus celles et ceux qui travaillent déjà ». Face au long mouvement de réduction du temps de travail pour aller aux 35 heures par semaine (avec baisse du chômage) et à la retraite à 60 ans, moins pour les métiers pénibles, on trouve un contre-mouvement réactionnaire et autoritaire de plus de travail : plus d’heures de travail dans la semaine pendant la vie au travail salarié et une vie au travail salarié maintenue à un âge tardif, au-delà de 60 ans.
IV - DEUX GROS « VICES SOCIAUX » : TRAVAILLISME & INTEGRISME (Deux contre-mouvements réactionnaires) !
Le travaillisme est au travail salarié ce que l’intégrisme est à la religion, un « retour » réactionnaire, un contre-mouvement autoritaire. Qui n’a rien à dire contre ces deux pestes sociales n’est pas pour l’émancipation du peuple-classe !
On peut travailler mais vouloir le faire sans excès et même avec une nouvelle RTT et un retour à la retraite à 60 ans, ce qui n’empêche pas de poursuivre pour qui veut . On peut aussi croire en Dieu mais sans s’adonner aux excès de l’intégrisme religieux contre les femmes, les homosexuel.les, contre la société largement sécularisée.
V - GAUCHE EN EUROPE : NOMMER UN SOCIALISME POUR CHAQUE PEUPLE-CLASSE
Cela est impossible dans le cadre institutionnel européen. Depuis juillet 2015, on sait que l’oligarchie de l’Union est impitoyable. Nous ne devons pas hésiter à nommer notre objectif : un nouveau socialisme laïque ! Mais en avançant des revendications transitoires
La RTT à 32 heures par semaine et la retraite à 60 ans dans plusieurs pays capitalistes européens permettraient, avec le soutien aux services publics, une mise à distance forte contre le capitalisme financier mondialisé.
C’est le rôle du syndicalisme de classe et de masse en Europe (et au-delà si possible) ainsi que des gauches d’alternative systémique en Europe de pousser en ce sens !
Christian DELARUE
A propos d’une réplique et d’un réunion publique sur Rennes :
RETRAITE : CONTRE LE TRAVAILLISME MONTANT !
http://amitie-entre-les-peuples.org/Retraites-contre-le-travaillisme
et sur Mediapart
https://blogs.mediapart.fr/amitie-entre-les-peuples/blog/011219/retraite-contre-le-travaillisme-montant