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Agir contre les délocalisations de production.
jeudi 26 juin 2008, par
Proposition de fiche pour le manifeste d’Attac.
Michel Lasserre, le 02/04/2006.
Etat des lieux.
Les délocalisations de production ont commencé dans le secteur industriel dès la fin de la décennie 1970, puis elles se sont transmises au secteur des services, et au secteur de la R&D (recherche et développement). Elles concernent donc maintenant l’ensemble des grands secteurs productifs, et sont en voie de se répandre dans tous les domaines de production où cela est techniquement possible et financièrement rentable. Diverses études prévoient une extension de ce phénomène principalement dans les secteurs pour l’instant les moins touchés, à savoir le secteur des services et celui de la R&D. Selon une enquête menée par la CNUCED auprès des grands groupes transnationaux, la Chine devrait devenir, d’ici à 2009, le premier lieu d’implantation d’activités de recherche des grands groupes transnationaux. En 2004, d’après une autre étude de la CNUCED, ce sont 39 % des grands groupes européens qui ont déjà délocalisé une partie de leurs activités de services, et 44 % qui ont l’intention de le faire dans les années à venir.
Les délocalisations directes de production sont les plus visibles (ex : SEB qui décide en janvier 2006 de fermer 3 usines en France pour faire produire à moindre coût à l’étranger), mais la plupart des délocalisations se pratiquent de manière indirecte. Elles prennent alors la forme de délocalisations de fournisseurs et de sous-traitants, et concernent aussi bien les entreprises du secteur industriel que celles de la distribution. En préférant des fournisseurs étrangers à leurs anciens fournisseurs nationaux, et à des tarifs bien inférieurs, les entreprises sont la cause de nombreuses délocalisations indirectes, plus discrètes que les délocalisations directes, mais tout aussi destructrices d’emplois nationaux.
Les délocalisations de production découlent en majeure partie des politiques libérales mises en oeuvre à partir de la décennie 1980. Elles ne sont pas une simple conséquence de la mondialisation mais en sont un élément central : la mondialisation de la production. Le phénomène des délocalisations repose principalement sur les différences internationales du coût de la main d’oeuvre, dans un contexte d’économie ouverte. A travers les délocalisations de production, la mondialisation met en concurrence les entreprises, les Etats et les travailleurs du monde entier. Cette mise en concurrrence tend à niveler vers le bas les normes sociales et économiques des citoyens du monde entier.
La mondialisation capitaliste a pour moteur la recherche du profit de l’argent. Les délocalisations de production sont essentiellement motivées par cette volonté de profit, au seul avantage des propriétaires des actions des entreprises.
Conséquences des délocalisations.
1 Les délocalisations sont à l’origine de nombreuses pertes d’emplois et d’une désinsdustrialisation nationale.
2 La recherche de la compétivité, dans le but de contrarier les délocalisations, se traduit par du dumping fiscal et social : moins d’impôts et de charges sociales pour les entreprises, rabotage des acquis sociaux concernant la durée et les conditions de travail,
3 Le transport des productions délocalisées est la cause de dépenses énergétiques et de pollutions coûteuses pour notre environnement.
4 Le phénomène des délocalisations est un obstacle à la mise en oeuvre de politiques macroéconomiques de relance budgétaire. En effet, une partie des fonds dépensés par l’Etat dans une relance de type keynésienne servirait aux ménages pour acheter des biens de consommation d’origine délocalisée. Ce qui annulerait en grande partie la relance de la production nationale souhaitée, tout en creusant les déficits publics et commerciaux.
5 Les délocalisations ont des effets négatifs bien visibles sur les balances du commerce extérieur des pays développés. Le report croissant de la consommation des ménages sur des productions délocalisées a des effets négatifs sur notre production nationale.
6 Les pertes de revenus consécutives aux délocalisations d’emplois ont des effets négatifs sur la consommation des ménages, et donc sur notre production nationale.
7 La croissance continue des délocalisations, aggravant les deux effets macroéconomiques négatifs précédemment cités (5 et 6), nous entraîne dans le sens d’une spirale de récession économique aux conséquences désastreuses.
Quelles réponses aux délocalisations ? (liste non exhaustive, à éventuellement compléter) Il existe divers types de réponses, plus ou moins efficaces. Certaines sont adaptées à des secteurs particuliers et d’autres plus générales.
A) A l’échelle nationale et européenne :
1 Améliorer la formation.
Les délocalisations dans la R&D reposent certes sur le faible coût d’investissement et de main d’oeuvre dont bénéficient les pays émergents, mais aussi sur le fait que certains pays (Chine et Inde) forment des ingénieurs en quantité plus importante que n’en forme la France et même l’Europe. Un effort particulier dans la formation de haut niveau pourrait permettre d’atténuer les délocalisations dans les secteurs les plus pointus de notre économie.
Inconvénients et obstacles : aucun, si ce n’est une volonté politique..
Effet attendu : très faible.
2 La taxation des produits importés.
Les produits importés à bas coût sont fabriqués dans des pays où les normes sociales sont très basses. On pourrait taxer ces produits en fonction des critères sociaux en vigueur dans leur pays de production.
Inconvénients et obstacles : cette taxation serait contraire aux règles de l’OMC, et entraînerait des mesures de rétorsion.
Effet attendu : variable suivant la hauteur de la taxe. En sachant que certaines productions arrivent à des prix deux à trois fois moins cher qu’un équivalent fabriqué sur notre territoire, le niveau de taxation devrait être très élevé pour que nos propres produits puissent redevenir concurrentiels.
Effet pervers : augmentation des prix de nombreux biens de consommation, au détriment des ménages les plus pauvres.
3 Harmoniser la fiscalité des entreprises et les normes sociales au niveau eoropéen.
Une partie des délocalisations de production concerne des pays membres de l’Union Européenne (anciens « pays de l’Est »). Ces délocalisations sont favorisées par une faible fiscalité des entreprises, et par des normes sociales inférieures aux nôtres. Une harmonisation vers le haut dans ces domaines diminuerait les différentiels de coût de production, et agirait dans le sens de moins de délocalisations.
Inconvénients et obstacles : Cette harmonisation vers le haut nécessiterait un fort consensus au sein de l’Union Européenne, alors que son orientation libérale va précisément dans le sens d’une harmonisation vers le bas.
Effet attendu : une réduction des délocalisations internes à l’Union Européenne.
Effet pervers : l’augmentation des coûts de production conséquente à cette harmonisation, pourrait entraîner une augmentation des délocalisations vers d’autre pays, extérieurs à l’Union Européenne.
B ) A l’échelle globale :
1 Remise en cause du principe du libre échange, support de la mondialisation .
Les délocalisations de production passent par le commerce extérieur. Elles vont de pair avec la politique de libre-échange pronée par l’OMC, et mise en oeuvre par la quasi totalité des pays de la planète. Des échanges maitrisés, non soumis à la seule loi du profit, sont une condition indispensable pour une mondialisation fondée sur la solidarité. C’est dans ce sens que devrait être redéfini le rôle de l’OMC.
Inconvénients et obstacles : l’OMC, les lobbies qui la mettent en oeuvre, et les contradictions d’intérêts économiques et politiques entre les différents pays membres.
2 Redéfinir le rôle de l’entreprise.
La première raison, qui pousse une entreprise à délocaliser sa production ou ses fournisseurs, est la recherche ou le maintien du profit. Le profit des actionnaires s’avère alors être la principale raison d’être de l’entreprise, son premier rôle et sa première contrainte. Une redéfinition du rôle de l’entreprise, qui la libérerait de la contrainte du profit pour en faire une véritable association de travailleurs, serait une réponse efficace aux délocalisations et à la mondialisation capitaliste. Cela passe par une nouvelle forme d’entreprise, de type associatif, et affranchie des contraintes découlant du droit de propriété.
Inconvénients et obstacles : l’OMC. les lobbies et autres forces au service du capitalisme. L’absence d’un projet politique et économique alternatif au capitalisme.
Voir en ligne : http://www.france.attac.org/spip.ph...