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Woke mais sans ancrage identitaire - Christian Delarue

mercredi 29 septembre 2021, par Amitié entre les peuples

Woke mais sans ancrage identitaire ou racialiste

Un mot nouveau - woke - venu des Etats-Unis (voir wikipedia) est apparu dans quelques cercles de gauche en France - très très peu à vrai dire -, dans un sens de conscience ou de vigilance à forme plutôt racialiste ou identitaire. Et la droite et l’extrême-droite s’emballent contre une menace sans pour autant s’engager contre le racisme de façon universaliste. L’extrême-droite est elle dans un registre identité contre identité ! Lutte mortifère.

Ce mot woke ne peut-il pas désigner aussi - ce serait notre position si nous faisions nôtre ce terme (ce qui n’est pas à l’ordre du jour) - une « vigilance » sans « race » (repérée) et sans accommodement aux intégrismes religieux, le premier (« race ») emportant trop des crispations identitaires nuisibles quand le second emporte lui, plus gravement encore, des formes de dominations ou de violences notamment contre les femmes.

Pour mieux comprendre il nous faut citer - à titre d’exemple - le passage suivant qui exprime assez bien ce que signifie woke de nos jours.

« Le woke, d’un mot anglais voulant dire « éveillé » ou « vigilant », constitue une sorte de tétraèdre aux quatre facettes, chacune représentant une opposition manichéenne  : la race, montant les noirs contre les blancs (toutes les autres ethnies sont invitées à se ranger du côté des noirs) ; le féminisme, montant les femmes contre les hommes ; la sexualité, montant les homos contre les hétéros ; et le genre, montant les transgenres et autres non-binaires contre les cis, c’est-à-dire tous ceux qui ne se catégorisent pas comme les premiers. Chaque facette est inséparable des autres ; les militants de l’une sont solidaires des autres. Dans chaque opposition, le second groupe – les blancs, les hommes, les hétéros et les cis – est considéré comme ayant tort de par son existence même. Cela s’appelle le « privilège » blanc, masculin et/ou hétéro. » Extrait de : La « cancel culture », cette effrayante intolérance progressiste - Causeur (site plutôt réactionnaire)
https://www.causeur.fr/j-k-rowling-censure-cancel-culture-179012

Woke contre les dominations sans ancrage identitaire ou racial

Si être « woke » c’est être « éveillé » (tant que faire se peut ), dans une perspective positive de pluri-émancipation, contre les dominations diverses ou les oppressions multiples présentes dans de nombreuses sociétés (voire toutes mais avec des différences) alors nous pouvons nous déclarer ainsi puisqu’anti-classiste, anti-raciste, féministe, anti-homophobie, anti-xénophobe, anti-LGBTphobie, etc... Mais, on l’aura compris, il ne s’en suit pas nécessairement un abandon de l’universalisme ni le choix de la « race » dite « sociale » (mais souvent aussi fixe que celle qui essentialise) . Il ne s’en suit pas, non plus un radicalisme agressif ou insultant les personnes physiques ou morales. Sur ce point, ajoutons que le blasphème à la religion n’est pas une insulte mais souvent un simple moyen de rabaisser occasionnellement ce qui entend se placer au-dessus des humains. Bref c’est un moyen en riposte de défétichiser un dispositif surplombant. Cela joue pour d’autres dispositifs que la dogmatique religieuse.

Précisons mieux les choses : Nous sommes antiracistes mais sans approuver les intégrismes religieux, féministes mais à base universaliste tout comme notre antiracisme qui ignore la « race », anti-classiste donc en lutte contre la domination des classes dominantes sur le peuple-classe et notamment les classes populaires modestes. A ce titre nous serions favorable à des politiques de gauche de type Etat social républicain (ensemble plus ou moins radical à débattre) avec déprivatisation, avec fiscalité de redistribution vers en-bas (et non vers le CAC 40), avec services publics, sécurité sociale, biens communs, ESS, etc...

Anti-domination, anti-oppression, anti-exploitation des humains, des animaux non humains, de la nature, se déclinant de façon universaliste comme anti-classisme, anti-impérialisme, antiracisme, antisexisme (et anti patriarcal), anti-homophobie, mais aussi anti-intégrisme religieux (qui sont pro-patriarcat). Pro-émancipations multiples et sans frontières.

Pas d’émancipation humaine en emportant les intégrismes religieux des grandes religions monothéistes .

Un intégrisme religieux s’apparente à une forme d’oppression et de domination issue d’une dérive d’une religion dominante et historiquement développée (avec donc des éléments culturels). Un intégrisme religieux s’appuie sur des éléments conservateurs qui sont présents dans la religion-mère et les radicalise en vecteurs d’un combat réactionnaire quand d’autres croyant-es au sein de cette même religion ignorent ou réinterpretent autrement ces éléments

Christian Delarue