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Pratique philosophique : Agression bénigne et agression maligne selon Erich Fromm

mardi 29 décembre 2015, par Amitié entre les peuples

Congruence (1)

Pratique philosophique : Agression bénigne et agression maligne selon Erich Fromm

Erich Fromm a fait cette distinction dans au moins deux livres de lui. Elle est importante. Elle incite à une pratique personnelle et collective (sociale).

Sur cet aspect pratique il dit dans LE COEUR DE L’HOMME que l’être humain peut toujours tomber du côté de la régression, du mal, car nul n’est parfait, mais il qu’il importe de ne pas y rester, de se relever et de basculer dans les pratiques positives, sources de bien-être pour autrui. Le même Fromm répète dans le même livre qu’on ne saurait vouloir conserver un « coeur dur ». Sans doute faut-il une certaine fermeté face aux agressions de la vie - le monde n’est pas un long fleuve tranquille - mais cela ne signifie pas qu’il faille perdre sa tendresse. Bref, Erich Fromm préfère nettement la délicatesse, la sensibilité, la chaleur et l’ouverture en cultivant un coeur tendre.

En voici une déclinaison en rapport avec les femmes : Ne plus être un « mec », juste un homme doux !

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/010615/ne-plus-etre-un-mec-juste-un-homme-doux

Passons sur « agression bénigne et agression maligne ».

Prenons la distinction de son gros livre (520 pages), LA PASSION DE DETRUIRE (Robert Laffont 2001). Cet ouvrage fait plus référence que d’autres livres de lui au monde animal qu’il dit non cruel (sauf surpeuplement). Seul l’homme semble se complaire à détruire la vie sans autre but que la destruction elle-même. Seul l’homme semble être destructif bien au-delà du besoin de se défendre ou de se procurer se dont il a besoin.

Il indique de façon générale page 203 que l’agression bénigne est biologiquement adaptative et au service de la vie alors que l’agression maligne est biologiquement non adaptative. Il précise que l’agression maligne est de destructivité et de cruauté. Elle n’est pas une défense contre une menace. Elle est nuisible à celui qui attaque comme à celui qui est attaqué.

La pseudo-agression n’a pas l’intention de nuire mais elle peut causer des dommages. Par exemple, l’agression affirmation de soi (qu’il cite), qui peut demander du courage face aux obstacles pour construire le monde, n’a pas en principe pour but de nuire. Cela peut arriver mais sans qu’on le sache.

L’agressivité défensive (p 211) est réactive à une menace. Elle est biologiquement adaptative face à la menace puisqu’elle vise à préserver la vie. Il ne s’agit pas d’un plaisir de détruire. L’être humain peut réagir à des menaces anticipées, qu’il imagine à tort ou à raison. Les intérêts vitaux de l’être humain sont beaucoup plus vaste que ceux des animaux. Il doit survivre non seulement physiquement mais psychiquement.

L’agressivité conformiste est celle mise en oeuvre par obéissance aux ordres. Individuelle ou collective, elle peut être extrêmement destructrice.

L’agressivité fonctionnelle perdure pour obtenir le nécessaire ou le désirable et ce tant que le but n’est pas atteint. L’avidité qui est plus que l’intérêt personnel peut faire dégénérer cette agressivité en forte destructivité.

Christian Delarue

1) La congruence est le fait de mettre en accord principes et action concrète.

lire aussi

Agir sur les conditions productrices de l’agressivité et de destructivité des humains.

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/130812/agir-sur-les-conditions-productrices-de-lagressivite-et-de-destru