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Pour une autre société, avec de bonnes conditions de travail c’est possible en luttant. Christian DELARUE

samedi 4 août 2018, par Amitié entre les peuples

BCT - BQVT

Pour une autre société, avec de bonnes conditions de travail pour les travailleurs et travailleuses c’est possible en luttant.

http://amitie-entre-les-peuples.org/Pour-une-autre-societe-avec-de-bonnes-conditions-de-travail-c-est-possible-en

Texte identique sous « S’organiser pour de très bonnes conditions de travail » Christian DELARUE sur Altermd.blogspot.com

https://altermd.blogspot.com/2018/08/sorganiser-pour-de-tres-bonnes.html

Contexte mondial : La domination de la classe dominante (ie classisme versus racisme, sexisme) est nationale, transnationale et mondialisée. Le contexte est celui d’une forte montée des politiques austéritaires et d’exploitation renforcée de la force de travail salariée partout dans le monde. Les classes dominantes sont à l’offensive contre les travailleurs et travailleuses des 99 % d’en-bas, depuis plusieurs décennies au Nord comme au Sud.

Ce schéma pédagogique sur les distinctions au sein de l’activité humaine est de Jean-Marie HARRIBEY (source inconnue)

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Plusieurs hypothèses - déclinées sous 11 positions issues du syndicalisme et de l’altermondialisme - méritent d’être annoncées.

1) Le travail salarié, lié mode de production capitaliste, est un fait massif dans tous les pays de la planète. La réalité du chômage massif ne contredit pas ce fait. La force de travail a ordinairement le statut d’une marchandise (ou presque - variation des situations juridiques limitatives - 1) ce qui pèse notamment (pas seulement) sur les conditions de travail . Hors du travail salarié - au sein du travail indépendant - on observe aussi de fortes contraintes de pénibilité qui sont cependant mieux acceptées (en général) mais qui sont réelles.

2) Le souhait de gagner ou d’obtenir de « bonnes conditions de travail« (BCT), ce qu’on nomme aussi »bonne qualité de vie au travail" (BQVT), est une chose partagée par des millions de travailleurs et travailleuses de part le monde, au-delà des langues, des cultures. C’est une aspiration massive, quoique de niveau variable, de l’ensemble du monde du travail.

3) Evoquer un « monde du travail » salarié par delà les frontières revient à dire qu’il existe une vaste communauté mondiale des travailleurs et des travailleuses, qu’il existe une très vaste collectivité spécifique et transnationale de celles et ceux qui vendent leur force de travail, manuelle ou intellectuelle, de base ou cadre, de toute origine, de toute culture, de toute langue, pour vivre .

4) Ces deux dernières hypothèses (2 et 3) ne sont pas pour autant évidentes pour la majorité des travailleurs du privé ou du public . C’est donc qu’il existe des obstacles épistémologiques, matériels et idéologiques à cette compréhension du monde si elle est pertinente. En conséquence, il y a là un combat à mener - par des syndicalistes ou autres acteurs - qui relève du combat contre un certain « obscurantisme » producteur d’ignorance et de repli notamment nationaliste ou sexiste ou raciste (etc).

5) La « casse du social » vient de l’oligarchie mondiale au service des grandes entreprises capitalistes et du capitalisme financier mondialisé (capitalisme des STN ou des FMN) . La logique de profit, mise en oeuvre dans chaque pays par les classes dominantes, exige toujours plus de « casse » des protections sociales et l’augmentation de l’exploitation des travailleurs. C’est une logique inflexible depuis les années Reagan-Thatcher et ce qu’on nomme néolibéralisme.

6) Vouloir un alter-capitalisme apparait vain . Ce n’est pas là un propos hors sol mais au contraire une hypothèse sérieuse issue des critiques les plus lucides et les mieux instruites : un « bon capitalisme », productif et social, ou, du côté des écologistes compatibles, un « bon capitalisme vert » n’apparait plus pensable contre un mauvais capitalisme financier qui fait la part trop belle aux grands actionnaires.

7) Evoquer la dimension mondiale ne signifie pas pour autant tendance à négliger les accords locaux ou nationaux entre le patronat et le travail . Il faut tenir les deux combats : le local et le global comme disent les altermondialistes qui veulent construire un autre monde ! Il s’agit de répéter toujours et encore qu’il ne faut pas se contenter des accords locaux, qu’il faut aller plus loin. Lutter pour construire une autre histoire, celle du « bien travailler » : travailler moins, travailler tous, travailler autrement, sortir du productivisme et du travaillisme !

8) De « bonnes conditions de travail » nécessite une autre politique dans tous les pays de la planète. Aucun pays n’échappe à cette nécessité, y compris là ou les normes sont meilleures qu’ailleurs, notamment là ou le « travail décent » (BIT) n’est pas assuré.

9) De bonnes conditions de travail (BCT) c’est possible avec des syndicats du travail actifs et des luttes conséquentes tant au plan national qu’européen et mondial ! Une bonne qualité de vie au travail (BQVT) c’est possible avec une gauche réellement à gauche !

10) Cette autre politique ne saurait être mené que dans le cadre d’une alliance entre un fort mouvement de transformation sociale au sein des sociétés et un gouvernement qui s’identifie à la « main gauche » de l’Etat, ce qui semble une aporie, tant l’expérience de ces dernières décennies nous montre une pente droitière visant une sorte de collusion de l’Etat et du grand patronat.

11) De plus ce mouvement doit constamment s’ouvrir à l’international pour approfondir les solidarités entre les travailleurs et travailleuses car si une communauté des travailleurs est pensable sous le signe du « combat social » (hypothèse 1) ce sont surtout les divisions qui sont visibles et constantes.

Christian DELARUE

Syndicaliste (ex-membre com-exec UL CGT Rennes) et altermondialiste.

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1 - Le Préambule de l’OIT - Organisation Internationale du Travail (BIT à Genève) indique comme premier principe fondamental : « Le travail n’est pas une marchandise »

L’année prochaine, en 2019, l’OIT – l’une des institutions spécialisées des Nations Unies – va célébrer son 100e anniversaire. Il serait bon pour le monde du travail subissant partout les contraintes des patronats de la planète que la position de l’OIT soit, comme organisation mondiale spécialisée, une référence large pour le monde du travail. Pas seulement pour le travail décent ou le travail des enfants. Le problème fondamental du moment est la collusion entre les sommets de l’Etat et les structures de représentation des patronats. Cela débouche sur une surpuissance nocive pour les travailleurs et travailleuses. De plus en plus de lois rognent les conquêtes sociales des mouvements ouvriers du siècle passé.

En avril 1994 est créée l’Organisation mondiale du commerce (OMC), « organe apparenté » à l’ONU dont les objectifs sont peu compatibles avec ceux de l’OIT. En 1996, à Singapour, l’OMC réaffirme l’engagement des Etats à respecter les normes internationales du travail pour le développement social ; elle reconnaît la compétence de l’OIT pour leur élaboration et leur application... mais rejette leur utilisation à des fins protectionnistes.

Le mouvement altermondialiste va lutter principalement contre l’OMC à partir de Seattle laissant l’OIT au mouvement syndical ou aux juristes spécialisés. Aujourd’hui il faudrait appréhender l’ensemble des problématiques ce qui est particulièrement difficile.

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 Addendum 2 : Quelques éléments plus concrets sur les BCT et BQVT :

La QVT consiste d’abord, mais pas seulement, à réduire encore et toujours la pénibilité. Cela est positif au-delà des travailleurs concernés ! La qualité de vie au travail vise d’abord le travail, les conditions de travail et la possibilité qu’elles ouvrent ou non de « faire du bon travail » dans une bonne ambiance, dans le cadre de son organisation.

Outre cet aspect global, il ne doit y avoir ni racisme, ni sexisme, ni homophobie et autre oppression rattachée (cadre LGBTQI+).

Les BCT (bonnes conditions de travail) débouchent sur un travail de qualité qui satisfait autant le client (dans le privé) que l’usager (pour un service public). L’inverse produit du mal-travail qui ne satisfait personne, ni le travailleur, ni son patron, ni le client (ou usager SP). Il y a là une forte hypothèse non citée plus haut (question de niveau de théorisation).

Les dirigeants de tout niveau devraient donc veiller avant tout à construire cet ensemble contextuel dit « bonnes conditions de travail » (BCT) . Or ce n’est pas le cas ! Des obstacles épistémologiques et contextuels se dressent à la connaissance et l’application de ces méthodes.

Les bonnes conditions de travail sont liées à divers paramètres jugés positifs par les travailleurs. C’est dit-on « l’ensemble des facteurs sociaux, psychologiques, environnementaux, organisationnels et physiques qui caractérise un environnement de travail pour le salarié » .

Précisons : On y trouve suffisamment de travailleurs et travailleuses en poste (ce qui est loin d’être le cas dans nombre de structures privées ou publiques), il y a un minimum de confort (exemple : pas de travail debout tout le temps, pas d’écran avec un typographie trop petite qui fait mal aux yeux et à la tête), de bons liens avec la hiérarchie, pas de pressions pour travailler toujours plus (en heures) ou/et plus vite (en intensité), chaque tâche est exécutée relativement tranquillement sans trop de stress, sans interruptions multiples, personne ne travaille sur trois dossiers en même temps, les consignes sont claires, réalisables, non contradictoires, le matériel (les logiciels et applications) est facile d’usage et in fine on constate qu’il y a un intérêt évident à ce travail.

Dans ces situations aucun cadre ne lutte contre l’absentéisme par des méthodes répressives . Personne ne traite autrui de fainéant, de tire au flanc ou de « bras cassé » . L’ambiance est bonne ! En l’espèce, si personne ne fait plus de 35 heures hebdomadaires on constate que l’implication au travail est réelle . Du coup les conflits sont rares et sans grands enjeux.

Ou trouve-t-on ce contexte productif ? Au sein de très peu de structures ! Car la tendance est à l’imposition, au nom de la « guerre commerciale » ou d’autres considérations économiques, à réduire les effectifs, à augmenter les temps de présence (passage à 39 heures), à augmenter la charge de travail par poste ou par individu.

La pénibilité du travail ne dépend pas que des caractéristiques physiques inhérentes au métier et aux moyens de prévention collectifs et individuels mis en œuvre pour se prémunir des risques, mais aussi de la charge mentale endurée lors de l’activité professionnelle, efforts de concentration, de compréhension, d’adaptation, d’attention, et pressions psychologiques liées aux exigences de rapidité, délai, qualité d’exécution, à l’obéissance aux ordres de la hiérarchie et à la gestion des relations avec les collègues et les tiers

http://www.officiel-prevention.com/formation/formation-continue-a-la-securite/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=139&dossid=464