PEUPLE TOUT ENTIER : L’effacement de la distinction classe dominante / peuple-classe. C Delarue

PEUPLE TOUT ENTIER

L’effacement de la distinction classe dominante / peuple-classe.

30 dec 2010 repris le 17 avril 2011

Cet effacement permet de parler de peuple tout entier soit au sens demos soit au sens ethnos selon les cas. Il subsiste quand même des ambiguïtés lorsque l’on évoque par exemple « les peuples contre la finance » (attac ) ou « les peuples contre les firmes multinationales prédatrices ». On fait alors « comme si » la finance et les firmes étaient des entités abstraites totalement sans moteur humain agissant, sans groupes dirigeants, ce qui est inexact. Ce qui signifie dans l’acception courante que le mot peuple n’inclut pas les dirigeants alors qu’il intègre la classe dominante, la bourgeoisie ou autre nom.

Le peuple-classe peut s’effacer à certaine période de l’histoire dans certains contextes historiques mais jamais longtemps . Assez rapidement va se poser la question des privilèges d’une classe dominante (économico-sociale) et d’un groupe dirigeant lié à cette classe . Cet ensemble surplombe alors le reste du peuple et conforte sa position. Ce peuple résiduel qui subie la politique de la classe dominante se nomme peuple-classe. Pour quiconque à gauche entend aller au socialisme il s’agit de reconnaitre et valoriser l’existence du peuple-classe au travers d’alliances de classes internes et de porter le plus possible ses intérêts. Le processus n’est pas évident : satisfaire la totalité des revendications de la petite bourgeoisie libérale ne permet pas de satisfaire les intérêts essentiels des couches sociales les plus prolétarisées. Cela se perçoit dans les débats au plan de la justice fiscal comme au plan des règles du droit du travail. L’exercice est encore plus périlleux lorsqu’il s’agit d’alliance avec la bourgeoisie la plus consciente de la nécessité de compromis.

Le peuple-classe peut aussi s’effacer à certaine période de l’histoire lorsque l’on relativise le « peuple demos » au profit du « peuple ethnos »
Ainsi à l’époque de la chute de la RDA, les manifestants ont commencé par dire « Wir sind das Volk » (nous sommes le peuple = exigence de démocratie), puis ensuite « Wir sind ein Wolk » (nous sommes un peuple = appel à la réunification). On raconte que celle-ci faite, un « Ossi » entre dans un bar à l’Ouest et dit « Wir sind ein Wolk » et que la salle lui répond « Wir auch » (nous aussi = et tu n’en fais pas partie).

Le MRAP rappelle son attachement au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. La formule se rattache à une revendication du droit international. Cinq peuples sont souvent cités - kurde, palestinien, rom, mapuche et sahraoui - au titre de l’aspiration à former une nation avec un Etat et un territoire ou, à défaut, pour obtenir des droits substantiels jusqu’à présent refusés. Dans ce cas il y a forte relativisation des conflits entre classes sociales aux intérêts opposés. Pour conquérir les droits démocratiques c’est l’ensemble du peuple qui s’unifie contre l’ennemi, traitres à « la cause » mis à part.

La formule « peuple tout entier » vise aussi le refus de la répression et de la violence d’une fraction de peuple contre une autre d’un même Etat dans un conflit qui n’est pas nécessairement ethnique. Exemple la situation de Côte d’Ivoire suite à l’intervention de la France.

Mais si la révolution nationale ou démocratique se réalise la question des droits sociaux va apparaitre plus ou moins rapidement en fonction du type de révolution réalisée et une lutte de classe va émerger en même temps qu’une classe dominante va s’affirmer. A moins que la perspective socialiste soit enclenchée rapidement pour résoudre les tâches non accomplies dans la phase dite démocratique".

Christian Delarue

PEUPLE : Retour sur une distinction majeure : Peuple « ethnos » et peuple « demos ». C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article937