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Orelsan, une liberté qui opprime les femmes. C Delarue

samedi 30 mai 2009, par Amitié entre les peuples

ORELSAN, UNE LIBERTE QUI OPPRIME LES FEMMES.

Peux-t-on défendre la liberté d’expression du rappeur Orelsan ?

29 mars 2009

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article706

Les textes du rappeur ne sont ni de l’art ni de l’érotisme mais une éructation apologétique de la brutalité machiste la plus radicale.

En fait Orelsan ne sait plus quoi écrire pour radicaliser la pulsion de mort et de destruction qui l’habite. Il n’est plus dans l’ambivalence des sentiments que connait tout être humain qui se débat avec ses limites mais qui choisit ordinairement de construire de l’amitié, du respect, de la reconnaissance et de faire le bien. En fait, il a choisi le camp qui le rapproche de la pathologie nazi. Qu’il ait fait cela pour se faire connaitre, pour se distinguer n’est pas une excuse. Ce la voudrait simplement dire qu’il n’a pas sombré dans la destructivité mais qu’il joue avec. C’est un mauvais jeu pour lui (mais cela le regarde) . C’est aussi et surtout un jeu diabolique pour la société. Car les rappeurs disposent d’un potentiel d’influence social important, notamment auprès de certains jeunes fragilisés par la société et en phase d’opposition et de contestation. Bref, Orelsan a choisi la pente radicalement mortifère.

Peux-t-on défendre la liberté d’expression du rappeur Orelsan ?

Malgré l’horreur des propos tenus (voir note), certains défendent la liberté d’expression du rappeur car les « répressifs » (dont je serais) « feraient de la morale ». D’abord, la morale n’est pas si simple qu’il est dit à évacuer. Le problème est qu’il n’y a pas de morale partagée si ce n’est celle du consentement des intéressées. Quelle femme accepte ce déferlement verbal de haine des femmes. Très peu ! La tolérance libéale doit-elle reculer face au souci « démocratique » qui tend à refuser de tout ce qui constitue une oppression manifeste du genre humain ou au cas présent de sa moitié féminine. Car Oreslan s’exprime dans une société tolérante. Il le sait. Il en use et abuse. C’est bien l’abus qui justifie qu’il faille le faire taire. Il faut déterminer avec justesse ce qu’est une oppression manifeste, s’il y a abus. Le mieux est de le faire collectivement après débat comme pour la question de la burka. Mais on ne saurat trop attendre car il y a risque de contagion sexiste . Il importe de stopper au moins provisoirement la pente du déchainement sexiste et poser rapidement la question des modalités de la faire taire : interdiction ou boycott.

Les altermondialistes - dont je suis - défendent un projet de société qui déploie un maximum de libertés mais à la condition que ces libertés ne viennent pas appauvrir, blesser, diminuer les capacités de développement et d’émancipation de l’autre. La question est parfois complexe : on ne sait trop distinguer le prédateur de la victime . Ici c’est clair . Oreslan c’est le loup mangeur de poules . Et bien les sociétés libérales et démocratiques au plan des moeurs ne doivent pas défendre la liberté du loup dans le poulailler ! Sinon ce libéralisme prend la couleur de la domination, de l’exploitation, de l’oppression. La liberté doit s’accompagner - il convient de le répéter - d’égalité, de fraternité et plus récemment de laïcité, ce qui exclue le racisme, le sexisme et l’emprise du religieux tant « par en haut » (via les institutions) jadis, « par en-bas » (via la société civile) aujourd’hui. Les mots sont importants, c’est pourquoi les féministes emploient le mot adelphique au lieu de fraternité et sororité. C’est pourquoi, on tend de plus en plus à parler des droits humains ou des être humains et non des droits de l’Homme même avec un grand H ! Voilà pour ce qui est nouveau dans un débat fort ancien. Ernst Bloch a écrit tout un châpitre sur le tryptique républicain « liberté, égalité, fraternité ». En somme la liberté ainsi encadrée permet l’émancipation de tous et toutes et non l’avidité et la cupidité d’une minorité au dépend de l’immense majorité. Il ne s’agit pas ce faisant de défendre en matière de moeurs un « ordre moral » républicain rigide. Il s’agit de bloquer le déferlement médiatique de la haine des femmes . Il faut le faire en ce sens mais aussi parce que le passif historique de la violence contre les femmes est déjà lourd.

Pas de confusion entre ordre moral et l’apologie du viol, de la violence physique et morale des femmes.

Autant la liberté des pratiques sexuelles y compris avec l’emploi de mots crus doit être défendue pour peu que ces pratiques soient consenties, vraiment consenties. Autant ces mêmes pratiques imposées sont condamnables. A fortiori lorsqu’elles sont à ce point sadiques.

Pas de quartier pour l’apologie de la torture ! Pas d’apologie de la barbarie !

Combattre le radicalisme machiste et sexiste des athées ou des religieux, religieux intégristes ou non est là la première chose à faire pour améliorer les rapports homme/femmes déjà historiquement alourdis des expériences ordinaires du sexisme. La seule apologie qui vaille est celle qui favorise les liens de compréhension, d’amitié, de plaisirs partagés. A chaque femme estropiée, injuriée, humiliée, blessée, pénétrée violemment et en principe sans consentement constitue un nouveau recul pour une bonne intimité entre homme et femme.

Christian Delarue
ATTAC (liste genre)

Notes :

ORELSAN : Rester avec l’autre n’est pas une obligation.

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article83174

Surtout pour les textes des « chansons » et les réactions : Oreslan ne doit pas chanter ! (faute sur le nom lire Orelsan)

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article83159