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Le sionisme, un obstacle au socialisme des peuples-classe israélien et palestinien. C Delarue

dimanche 12 mai 2013, par Amitié entre les peuples

Le sionisme , même celui « à visage humain », est un obstacle au socialisme des peuples-classe israélien et palestinien.

La guerre entre Israéliens et Palestiniens ne fait pas souffrir tous les palestiniens ni tous les israéliens. Certains trouvent avantage à cette guerre. Pas toujours les même car il y eu plusieurs guerres. Pierre Stambul explique que « la guerre entre Israéliens et Palestiniens a commencé il y a un siècle avec le début de la colonisation sioniste et avec la dépossession des Palestiniens de leur terre. Cette guerre a connu des périodes très différentes : le colonialisme britannique, l’arrivée massive de nouveaux immigrants juifs après 1945, la Nakba avec l’expulsion de 800000 Palestiniens de leur propre pays, la deuxième conquête sioniste en 1967, l’Intifada, les accords d’Oslo, l’échec total de ce processus, la division de la Palestine en « bantoustans ». Globalement les bénéficiaires de cette guerre sont les colons israéliens et la bourgeoisie israélienne qui tire profit de la production réalisée sur les colonies ainsi que de la vente d’armes. Au sein des Palestiniens il y a aussi une distinction à faire entre ceux qui subissent la colonisation et ceux qui, au fil des ans, ont trouvé une solution avantageuse pour eux en passant des compromis avec la classe dominante israélienne. Il n’en demeure pas moins dit P Stambul que « des millions de personnes qui vivent quotidiennement l’occupation, l’enfermement, la pénurie organisée, les assassinats dits « ciblés », les arrestations arbitraires (plus de 600000 prisonniers en 40 ans), les check points, les humiliations, les souffrances, une annexion qui n’est même plus rampante, une confiscation incessante, un pillage de l’eau et de la terre, l’impossibilité de vivre normalement …Sans oublier ceux qu’on appelle improprement les Arabes Israéliens ou les Bédouins du Néguev réduits à l’état de sous-citoyens dans un « Etat Juif » qui ignore ouvertement toute idée de citoyenneté ».

Les Israéliens forment aujourd’hui un peuple nation clivé d’une part entre sa classe dominante et son peuple-classe, d’autre part entre ceux qui reconnaissent que la Nakba a été un crime et ceux majoritaires qui le refuse. Pour qu’il y ait paix, il faut arrêté « l’épuration ethnique » avec expulsion des Palestiniens au-delà du Jourdain mais aussi avancer vers des droits sociaux égaux pour tous et toutes, y compris les palestiniens. Idem pour les droits citoyens.

On en est loin car il y a aujourd’hui dit P Stambul 4 fois plus de colons qu’au moment de la signature de ces accords. Le sionisme a engendré un monstre : une société « autiste » qui s’est convaincue qu’elle a tous les droits et que c’est elle la victime. Il n’y aura pas de paix sans une rupture de la société israélienne avec le projet sioniste ou sans un dépassement du sionisme, un passage au « post-sionisme », une « sécularisation » de la société israélienne. Sans un tel processus, les aventures militaristes ou colonialistes et les crimes contre les Palestiniens se poursuivront.

Au moment de la signature des accords d’Oslo, la direction palestinienne a fait un compromis incroyable : entériner la décision prise dès 1988 à Alger en limitant le futur Etat Palestinien à 22% de la Palestine historique. Dans l’esprit des signataires palestiniens, les dirigeants israéliens allaient accepter l’idée de « la paix contre les territoires » et se retirer. Ce processus est aujourd’hui totalement enterré. Pourquoi ? À cause du sionisme. Rabin, lui-même avant son assassinat a installé 60000 nouveaux colons. Aujourd’hui, il y a 500000 Israéliens qui vivent dans les territoires conquis en 1967. La moitié sont dans le « grand Jérusalem » qui couvre 4% de la Cisjordanie entre Ramallah et Bethléem et rend totalement non viable toute idée d’Etat palestinien. La première chose qui frappe quand on visite la région, c’est « où est la frontière » ? Elle a disparu : les routes de contournement, les nouvelles banlieues installées sur des terres palestiniennes, les colonies dites « légales » ou illégales sont omniprésentes. Aucune carte n’indique la « ligne verte », c’est-à-dire la frontière d’avant 1967. Manque de chance ? Occasion loupée ? Non. Dans le projet sioniste, les Palestiniens sont des étrangers dans leur propre pays. Autrefois, ils n’existaient même pas, on disait « les Arabes ». Les délires sur « Jérusalem capitale unifiée » ou sur le Grand Israël sont partagés par la majorité de la société israélienne.

Les accords d’Oslo signé en 1993 n’ont rien apporté en terme de paix car les deux classes dominantes n’y avaient pas d’intérêts. La guerre mobilise une industrie et un marché qui rapportent de gros profits à la classe sociale qui a la main sur ce secteur. La bourgeoisie israélienne.

 Deux classes dominantes, inégales entre elles, mais néanmoins dominantes.

Les deux classes dominantes l’une israélienne et l’autre palestinienne ne sont pas à égalité, loin de là, mais elles existent toutes deux. Elles pèsent fortement sur leur peuples-classe.

Il y a chez les palestiniens le peuple-classe et une bourgeoisie, assez mince, bureaucratisée pour partie, internationalisée aussi. La classe dominante palestinienne est celle qui a le pouvoir en Palestine grâce aux compromis passés avec le pouvoir israélien . Cette bourgeoisie palestinienne s’est construite en ne cessant d’accepter la politique israélienne du fait accompli, sa reconnaissance comme interlocuteur lui permettant de conserver sa position sociale.

Pareillement, il y a chez les israéliens un peuple-classe qui n’a rien à voir avec une puissante bourgeoisie qui accumule des richesses alors que le peuple-classe vit dans la sobriété imposée et la logique de guerre contres les « terroristes » palestiniens. Il y a aussi, on l’a dit, des colons qui profitent du système colonial. Il y enfin des indignés israéliens qui manifestent pour siffler la fin de l’exploitation du peuple-classe (israélien surtout mais aussi palestinien pour certains) à des fins guerrières.

 Fuite dans le nationalisme, le campisme et la guerre.

Les deux classes dominantes ont continué à surfer sur le campisme mortifère qui perdure entre pro-sionisme expansif et pro-arabisme de riposte, car cela leur profite. Rien n’a été pensé en termes de clivage de classes sociales, de droits sociaux pour les deux peuples-classe. Ce ne sont que des masses de manoeuvre pour la boucherie guerrière.

Ces deux bourgeoisies ont en commun, en plus de la corruption, un « gout », certes inégal, plus massif pour celle israélienne, pour l’affrontement ethnique mais pas ou peu leur peuple-classe respectif qui trouve que cela dure depuis trop longtemps. Les classes dominates profitent de la situation. L’israélienne plus que la palestinienne. Il revient donc aux peuples-classe israélien et palestinien de faire la paix et d’aller vers le socialisme en luttant contre les bourgeoisies militaristes.

Christian DELARUE