Accueil > Altermondialisme > Contre la marchandisation ? > Les services publics contre la marchandisation. > Service public national du logement > Le printemps, les fleurs, le jardin et l’éco-socialisme

Le printemps, les fleurs, le jardin et l’éco-socialisme

dimanche 3 août 2008, par Amitié entre les peuples

Le printemps, les fleurs, le jardin et l’écosocialisme.

de Christian DELARUE

Membre de la commission logement d’ATTAC France

Pour un Service public national du logement

Disposer d’un jardin, d’un modeste jardin privatif , permet indéniablement une qualité de vie . Tous peuvent aller se ballader en campagne. C’est fort bien mais c’est autre chose . Le jardin permet rien moins que de pouvoir prendre ensemble entre amis le café de 14 H le dimanche ou de prendre l’apéro le soir. Bref il s’agit d’une indéniable possibilité de vivre en toute sobriété des valeurs d’amitié et de convivialité. Sans parler du confort strictement individuel mais tout aussi estimable de celui qui préfère fumer sa cigarette dans son jardin plutôt qu’au bas de sa tour ou à la fenêtre de son appartement.

En effet certain n’ont pas la chance d’avoir un jardin, en propriété ou en location . Ils ignorent les bienfaits individuels et sociaux de cette qualité de vie . Ils sortent du bureau ou de l’usine pour aller vivre dans des appartements sans confort avec de petites pièces et parfois sans balcon.

Certains vont boire un verre au bistrot du coin - les hommes surtout - mais pas dans leur jardin fleuri et ensoleillé . D’autres enfin n’ont même pas de logement, pas même en HLM : ils vivent et couchent dehors .

Voilà qui repositionne la question qualitative ! La qualité de vie prise sous cet angle (le jardin privé )- mais il y en a d’autres - est bien réservée non seulement aux riches mais aussi aux couches sociales aisées, patronales, indépendantes et même salariées. On comprend bien ainsi que le disait brillamment Henri Lefebvre qu’il y a des rapports étroits entre qualité de vie et quantité.

La quantité ici se rattache au pouvoir d’achat si souvent stipendié par les décroissants. Pourtant, dans notre exemple, le pouvoir d’achat est indispensable pour obtenir de la qualité de vie. Or celui-ci est en baisse y compris d’ailleurs pour les couches sociales salariées aisées. Depuis vingt ans le schéma de « l’entonnoir couché » perdure : la ligne des profits monte alors que la ligne des salaires baisse.

En fait, nous ne pouvons oublier que nous vivons en système capitaliste ou l’orientation de la production - du logement comme des autres marchandises - sert à l’accroissement du profit et non à la satisfaction des besoins. Les seuls besoins satisfaits par ce mode de production sont ceux qui passent par le filtre de la rentabilité maximal . Les autres sont ignorés.

Cette question ne se rattache pas à la distribution de l’espace habitable qui est hiérarchisée. Il pourrait certes y avoir une meilleure mixité sociale mais toujours dans une inégalité profonde . Les HLM pourrait côtoyer les résidences confortables . La distribution de l’espace habitable est un réel problème mais qui ne répond pas à toutes les questions, en tout cas pas à la nôtre.

Des sociologues et des économistes se sont penchés sur la segmentation de l‘habitat . Eric MAURIN notamment- développe cet aspect . Il souligne qu’il s’agit plus d’une volonté des couches sociales les plus aisées de se retrouver entre elles que des pauvres à se retrouver entre eux. Je renvoie à son livre le Ghetto français - enquête sur le séparatisme social. Au plan économique, la distribution de l’espace correspond au développement inégal et combiné qui dans le même temps développe une zone et appauvrie une autre .

Pour sortir de cette impasse il n’y a d’autre issue que d’aller vers l’écosocialisme . Pour ce faire il faut réhabiliter la possibilité d’un aménagement urbain et territorial par le politique donc hors logique marchande, financière et rentière. Pour les libéraux c’est impensable : ils ne croient qu’aux vertus du marché... et aux capacités des sociétés immobilières. Pour les sociaux libéraux ils semblent abandonner de plus en plus les politiques urbaines des ZAC - déjà circonscrites à un champ spatial réduit - au profit des lotissements privés. La concentration urbaine avec ses périphéries a encore de beaux jours !

Dans la même veine du logement de qualité lire :

CONSTRUIRE LA « DACIA LOGAN » DU LOGEMENT POUR TOUS !