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La « prolophobie » d’Hervé Kempf .

jeudi 4 novembre 2010, par Amitié entre les peuples

La « prolophobie » d’Hervé Kempf .

Le discours écologiste d’Hervé Kempf à l’université d’été d’ATTAC 2010 s’en pris aux riches qui ne sont pas pour lui que les individus percevant des très hauts revenus mais aussi les couches moyennes inférieures ! Sont donc visés non seulement la bourgeoisie mais aussi les couches moyennes supérieures – CMS - et les couches moyennes inférieures – CMI .

1 - Deux mots sur les couches moyennes.

La définition exacte des couches moyennes est difficile, et de plus, elle ne dit rien des difficultés de ces couches sociales face aux marchés de biens de consommation. Les couches moyennes ne sont pas des riches !

CMS : Les couches moyennes supérieures bénéficient d’une aisance financière disons entre 3500 euros net par mois net et 4500 euros net par mois. Ils sont vus parfois de façon péjorative comme des « bobos » lorsqu’ils affichent leur 4X4 (ce qui n’est pas le cas de tous, loin de là) mais ils ne sont pas des bourgeois. Ils ne font pas parti de la classe dominante. Ils possède des biens meubles immeubles et souvent une résidence secondaire mais cela ne fait pas d’eux des bourgeois.

CMI : Les couches moyennes inférieures concernent les petits cadres et les employés de fin carrière du privé ou du public qui atteignent enfin des revenus entre 2000 et 3500 euros par mois s’ils ne sont pas dans la catégorie des seniors au chômage. Ils sont, on le verra, quasiment toujours des prolétaires et ce sans avoir une surconsommation addictive. D’ailleurs bon nombre d’entre eux ne sont pas parvenu à acheter une maison pour leur famille. On sait en effet que c’est un tel achat qui pousse à « travailler plus pour gagner plus » à une certaine époque de vie. Ce type d’achat ne comprend du fait du niveau élevé des loyers dans les pays développés.

2 - Quelle « prolophobie » ?

Avec H Kempf, on n’est plus face à une « prolophobie » telle que décrite par Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin (1) mais on n’en est pas loin . Et c’est scandaleux. Il faut rappeler aux écologistes misérabilistes que les couches moyennes inférieures sont des prolétaires au sens ou ils épuisent leur salaire en fin de mois. On peut d’ailleurs être encore prolétaire à plus de 3000 euros par mois en fonction de certaines conditions de vie (femme seule avec enfants à charge par exemple) mais nul ne saurait se dire prolétaire avec 4000 euros par mois pour lui seul (ce qui différent du couple avec enfants avec l’autre conjoint qui n’a aucun revenu car dans ce cas cela revient à dire qu’il y a 2 X 2000 euros par mois). Et ceux qui sont au-dessus ne sont pas tous des bourgeois. Le revenu mensuel de base des 21 catégories de dirigeant démarre à 7000 euros par mois. Les écologistes feraient mieux de se préoccuper de brider les revenus des hauts cadres que des couches moyennes.

3 - Solvabilité ou le marché comme rapport social.

Vous avez peut-être remarqué que l’on parle beaucoup plus qu’auparavant des notions de salaire moyen et de salaire médian. Ce n’est pas neutre car avec l’un et l’autre niveau de salaire on reste en-deça de la barre supérieure du prolétariat. Les prolétaires ne se limitent pas au ouvriers et employés qui perçoivent entre le SMIC et le salaire médian ou le salaire moyen. On est toujours prolétaire en percevant plus que 2500 euros par mois. On ne l’est plus au-delà de 3000 euros par mois. C’est la capacité d’épargne régulière et conséquente en fin de mois qui sert de critère. Un prolétaire ce n’est pas que celui qui vend sa force de travail pour vivre. C’est aussi et peut-être surtout celui qui a épuisé son revenu en fin de mois.

La position dans la sphère de la production doit ici être précisée par la position dans la sphère de la circulation. Le marché est aussi un rapport social dont le critère est la solvabilité. Certains biens marchands peuvent être exclus
d’acquisition et d’usage faute de revenu suffisant, de solvabilité suffisante.

4 - Quelles revendications ?

Revendiquer plus de services publics avec une logique non marchande est nécessaire mais cela n’est pas un alibi pour ne pas revendiquer plus de salaires. L’idée d’enclencher un nouveau processus de RTT n’est pas non plus l’alibi pour baisser les revenus sinon ce sera un échec. La question vraiment nouvelle qui se pose est l’augmentation du salaire de l’encadrement supérieur privé et public. Elle ne peut être posée que si
l’on revendique d’abord l’augmentation de la masse salariale par rapport aux profits. Petit point à rappeler à nos écologistes qui sont très anticapitalistes et à juste raison contre les marchés du carbone mais beaucoup moins sur ce plan.

A l’avenir il faudra penser à poser une grille d’augmentation des revenus des cadres qui ne fasse pas gagner d’un coup 1000 euros net par mois à chaque promotion ! Pour le public la question du pantouflage privé-public des hauts fonctionnaires est aussi posée. Il importe aussi de mettre sur la table du changement social la barre du revenu maximal . D’abord une barre sans doute trop élevé pour beaucoup dans un premier temps puis une barre plus basse ensuite.

Christian Delarue

1) in A la recherche du peuple perdu.

« Classes populaires » ? : Recherche prolétaires et peuple-classe
désespérément.

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article964