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Gilets jaunes : des prolétaires d’en-bas en lutte. Christian DELARUE

vendredi 4 janvier 2019, par Amitié entre les peuples

Gilets jaunes : des prolétaires d’en-bas en lutte. Pas celles et ceux d’en-haut.

Eléments de discussion avec le texte de Tony LAMBADA

du NPA publié sur Mediapart par JMB et ici sur AELP.

Gilets Jaunes : bilan d’étape et éléments pour une stratégie révolutionnaire | Le Club de Mediapart
https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/030119/gilets-jaunes-bilan-d-etape-et-elements-pour-une-strategie-revolutionnaire

Pour ma part j’ai eu l’occasion d’écrire :

PYRAMIDE : Le peuple d’en-bas sous deux formats

Passons de la pratique sociale à la théorie.
Le surgissement des gilets jaunes dans les espaces publics, en France et ailleurs, à la fin 2018, a fait surgir autrement la question du « peuple social » ou du « peuple d’en-bas ».
On y lit une conception des subalternes sans racisation ! Subalterne soit de rang inférieur dans la hiérarchie de l’Entreprise-France ou de la Start-up nation qui calque toute la vie sociale sur le modèle de l’Entreprise capitaliste. En somme on quitte la soumission au patron en entreprise pour passer hors travail à la soumission aux « premiers de cordée » !

http://amitie-entre-les-peuples.org/PYRAMIDE-Le-peuple-d-en-bas-sous-deux-formats

https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/301218/le-peuple-den-bas-sous-deux-formats

XX

Citation de Tony LAMBADA

Rapidement aussi, il est devenu clair que malgré une fraction minoritaire des GJ qui relèvent de secteurs de la petite bourgeoisie non salariée (entrepreneurs individuels, artisans, petits commerçants…), la composition sociale de ce mouvement social est massivement prolétarienne, regroupant des salarié.e.s souvent mal payé.e.s et/ou précaires, jeunes ou moins jeunes (bon nombre de retraité.e.s), bref une France qui ne parvient pas à joindre les deux bouts même si elle se lève tôt.

XX

Dans la production et dans la circulation

C’est exact que ce sont surtout des prolétaires (pas que : indépendants et petits patrons aussi mais très peu), donc des travailleurs et travailleuses salarié.e.s, mais au deux sens du terme : 1 - prolétaires dans la production certes - ce qui est privilégié par l’analyse marxiste classique (rapport capital travail qui donne un rapport élargi salariat-bourgeoisie) - car ils vendent leur force de travail pour vivre, et prolétaires dans la sphère de circulation marchande (face aux marchés des biens et services ) car ce qui est mis en avant c’est le cout de la vie, le manque de pouvoir d’achat, les fins de mois difficiles.

Ce sont donc à mon sens des prolétaires des classes populaires (pauvres, modestes, de classe moyenne-basse - prolétaires ouvriers ou prolétaires employés, prolétaires des villes ou prolétaires des campagnes) qui mettent plus l’accent sur le rapport social externe à la production soit le rapport social de solvabilité - moins perçu ainsi par les marxistes - que le rapport d’exploitation capitaliste.

C’est ce qui explique aussi le faible rapport au syndicalisme puisque la problématique n’est guère, fort peu encore mais çà bouge, sur les conditions de travail (rien sur la RTT à 30 heures hebdo quasiment) mais sur la fiscalité : qui paie et pour qui ? Ceux qui sont visés dans les critiques sont les riches, qui peuvent être des travailleurs salariés cadres supérieurs+++ comme des patrons. Lire ici les études sur l’encadrement capitaliste (A.Bhir et peut-être des plus récentes).

XX

Les capitalistes et les prolétaires d’en-haut doivent payer !

Tous les prolétaires ne sont pas défendus par les gilets jaunes : pas les travailleuses et travailleurs salariés d’en-haut perçus comme partiellement classe d’appui du patronat . Et les augmentations de salaires ne sont pas pour tous et toutes mais pour ceux et celles d’en-bas. De quoi débattre. Que pense les syndicats de l’augmentation des salaires ou traitements des 99% d’en-bas ?

Par ailleurs, il est souvent dit que ce sont ceux d’en-haut - dont celles et ceux salariés du privé ou du public - qui doivent payer d’abord la transition climatique. Il doit y avoir un processus déscendant. On a là en quelque sorte ce qu’on appelle en sociologie une analyse stratificationniste. Ce qui donne en fiscalité des tranches de revenus, des tranches de capacités contributives ou on commence par demander tout en-haut puis on descend.

XX

La crise de représentation d’en-bas surtout.

Ce mouvement d’en-bas, par en-bas et pour en-bas révèle une profonde crise de la représentation politique de ces citoyens. Pas tous les citoyens car les prolétaires plus aisés, sans problème de fin de mois, ont moins de problème de représentation politique. Du moins ils ne semblent pas la ressentir fortement. La crise de représentation n’est pas uniforme. Les « citoyens d’en-bas » sont plus en exclusion pour ce qu’il s’agit de faire valoir leurs droits. Les classes moyennes et supérieures - les 10 à 15% d’en-haut sous le 1% - ont plus accès aux moyens de défense de leurs intérêts.

Les classes moyennes sont aussi un enjeu pour le pouvoir. Il y a un usage idéologique de la sociologie stratificationniste avec la notion de classe moyenne même si les plus sérieux font des distinctions internes avec moyenne-basse et moyenne-haute . Ce qui importe c’est la notion de « fin de mois difficile », autrement dit avoir son compte bancaire à zéro en fin de mois sans aucun versement d’épargne et ce chaque mois de l’année. Il n’y a pas de montant précis, tout dépend de la situation familiale (nombre d’enfants) et géographique (cout du loyer) .

Le pouvoir peut donner des primes pour les gagner à la cause du capitalisme. Elles sont tout à la fois fragilisées, déclassées et valorisées comme possible classe d’appui du « capitalisme libéral hautement financiarisé qui va à sa fin » selon Macron ce 31 décembre et qu’un intervenant de C dans l’air a qualifié de « moment bolchevique » (sic)

Christian DELARUE

Syndicaliste et altermondialiste