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Etre philosophe matérialiste selon A Comte-Sponville

samedi 10 mars 2012, par Amitié entre les peuples

Etre philosophe matérialiste selon André Comte-Sponville

André Comte-Sponville écrit dans son Traité du désespoir et de la béatitude (PUF Quadrige p 128)

"Le philosophe postule toujours, d’une manière ou d’une autre, la primauté de l’esprit - ce que j’appelle (A C-S dixit) la verticalité. Epicure le fait, Spinoza le fait, Marx le fait. Mais aussi bien Platon, Descartes, ou Hégel... Autrement dit, matérialistes ou idéalistes, tous les philosophes ont un idéal, et le problème n’est donc pas là.

La « ligne de démarcation », comme dirait Lénine, passe ailleurs. Ce qui est en jeu, ce n’est pas la possession ou non d’un idéal, sa réalité subjective, mais le statut qu’on lui reconnaît.

Ce n’est pas un problème de morale mais un problème d’ontologie.

Il ne s’agit pas de savoir si l’on a in idéal mais si on pense que cet idéal existe, absolument parlant, ou pas.

Être matérialiste, c’est nier cette existence. Être philosophe matérialiste, c’est donc savoir que l’idéal auquel on croit - et que l’on pense - n’existe pas. Contradiction ?« Plus loin (p133) après la citation de Engels à propos de Feuerbach »L’esprit n’est lui même que le produit le plus élevé de la matière« , il écrit »La philosophie matérialiste n’est rien d’autre que la théorie normative de cette « élévation ».

Contrairement au matérialiste « plat », il y a donc bien un en avant et un en-haut. Un matérialiste vulgaire nierait le ciel. Un matérialiste philosophique prétend monter à « l’assaut du ciel », mais d’en-bas puisque l’en-bas est seul réel et vrai. Primat de la matière, primauté de l’esprit, de la pensée.

A C-S : « Si rien n’existe que la matière et le vide, et si l’idéal est en cela illusoire, il n’en reste pas moins qu’aux yeux de cette illusion parmi d’autres qu’est la philosophie, tout ne se vaut pas, puisque entre les résultats ou les manifestations de la matière en mouvement, il en est un qui est »plus élevé« que les autres, qui est son »produit suprême" (Engels in Anti-During) et qu’on appelle la pensée.

Note de Christian DELARUE