Accueil > Altermondialisme > Quel Etat ? > Etat de siège : policier, sécuritaire. > Edvige : de Michel Rocard à François Fillon, les pérégrinations du fichier (…)

Edvige : de Michel Rocard à François Fillon, les pérégrinations du fichier des RG

mardi 9 septembre 2008, par Amitié entre les peuples

Edvige : de Michel Rocard à François Fillon, les pérégrinations du fichier des RG
09.09.08 | 10h10 • Mis à jour le 09.09.08 | 16h09

http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/09/09/edvige-le-ps-refute-l-idee-d-avoir-ouvert-la-boite-de-pandore_1093008_823448.html

Aux origines d’Edvige, il y a Michel Rocard. Confronté jusque dans ses rangs à une vive polémique sur le nouveau fichier de police Edvige (acronyme pour Exploitation documentaire et valorisation de l’information générale), le gouvernement ne manque pas une occasion de rappeler sa filiation avec l’ex-fichier des Renseignements généraux (RG) de 1991. « C’est finalement la régularisation d’un fichier qui existe depuis très longtemps, puisqu’il a été créé sous un gouvernement socialiste », assure le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, mardi 9 septembre, dans France Soir. Mais il se garde bien d’évoquer le tollé général alors déclenché…

En 1990, arguant d’un besoin de clarification, le premier ministre Michel Rocard avait donné son feu vert à la naissance, officielle, du fichier des RG. Dans deux décrets, parus le 4 février et le 1er mars 1990, il était précisé que les « origines raciales » des personnes fichées pouvaient être mentionnées ainsi que les opinions politiques, religieuses ou philosophiques de personnalités issues du monde politique, syndical ou associatif.
Un front du refus avait alors réuni le Syndicat de la magistrature, le MRAP, SOS-Racisme, mais aussi Simone Veil ou Charles Pasqua, obligeant M.Rocard à faire volte-face. Le 3 mars, la mort dans l’âme, le premier ministre annonçait le retrait des décrets : « Les libertés publiques sont une chose beaucoup trop essentielle pour faire l’objet de polémiques. »

« CHANGEMENT DE NATURE »

Un an plus tard, le gouvernement Cresson publiera deux nouveaux décrets, adoptés sans difficultés. Les « origines raciales » n’y figurent plus, ni les opinions remplacées par les « activités » politiques ou religieuses de celles et ceux qui jouent « un rôle politique, économique et social significatif » ou « ayant sollicité, exercé ou exerçant » un mandat public.

Aujourd’hui, les socialistes repoussent l’idée d’avoir ouvert la boîte de Pandore. Ils demandent le retrait d’Edvige et un débat parlementaire. « François Fillon n’est pas sincère quand il compare les décrets », affirme le premier secrétaire du PS, François Hollande. « Nous ne sommes pas seulement dans un changement de degré mais de nature », poursuit-il en citant la possibilité de ficher les mineurs dès 13 ans.

Bertrand Delanoë dénonce « une faute contre les libertés, l’État de droit ». « Quel rapport y a-t-il entre un choix de vie et la lutte contre la délinquance ou le terrorisme ? s’interroge le maire de Paris. Pourquoi aller si loin ? Le décret de 1991 convient et si on doit en débattre, faisons-le sereinement. »

Secrétaire nationale au PS chargée de la sécurité, Delphine Batho va plus loin. La députée des Deux-Sèvres se dit partisane de revoir aussi les anciens décrets : « Ce n’est pas vrai qu’Edvige est un copier-coller de 1991, mais cela étant, cette mobilisation est l’occasion de clarifier les choses dans un domaine dont tous les gouvernements se sont accommodés. »

Porte-parole en 1990 de SOS-Racisme, Harlem Désir avait mené le combat contre les décrets Rocard. Aujourd’hui, le député européen socialiste dénonce « la suspicion que fait peser le gouvernement sur ceux qui s’engagent dans la vie publique ». Par rapport à 1991, des enseignements peuvent selon lui être tirés. « Le rôle des pouvoirs publics, dit-il, n’est pas d’envoyer le signal comme quoi ces citoyens représentent une menace pour l’ordre public. »
Isabelle Mandraud

Autres articles sur le même sujet
http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/09/09/edvige-le-ps-refute-l-idee-d-avoir-ouvert-la-boite-de-pandore_1093008_823448.html