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Un Thanatos bi-céphale en Europe - Christian DELARUE

samedi 6 avril 2019, par Amitié entre les peuples

Un Thanatos bi-céphale en Europe

Introduction matière à approfondissements et débats .

Résumons notre (hypo) THESE : Les forces réactionnaires de destruction de l’Etat social (national) et de l’Europe sociale (continentale), que l’on sait rabougrie face au concurrentialisme, se déploient sur deux plans : le nationalisme xénophobe et réactionnaire d’une part et l’européisme pro-oligarchique, pseudo-démocratique et social, pseudo-écologique d’autre part. Néolibéralisme à deux têtes donc ! On y reviendra car il n’y a pas équivalence. Mais il y a bien une racine commune d’acceptation du système capitaliste existant et de ses méfaits. Plus qu’une acceptation en vérité : un renforcement qui caractérise, selon nous, un contre-mouvement réactionnaire dit « classiste » , qui bénéficie à la classe dominante.

Il existe d’autres formes de contre-mouvements (par définition réactionnaires) : l’hyper-patriarcat voulu par les intégristes religieux en sont une autre forme. Le nationalisme xénophobe et raciste en sont aussi une forme.

Auparavant de quoi parle-t-on lorsqu’on parle de casse et de casseurs ?

I - Plusieurs « casses » : voir la casse fondamentale !

Au delà des paroles plus ou moins « correctes » (l’écume des violences) des uns et des autres, il y a de nos jours une « casse multiforme », des casses, des violences . Pas qu’une seule, celle des vitrines dont on parle beaucoup car cela se voit ! On s’offusque du Fouquet’s qui brûle - assimilé à un symbole de la République pour certains, « leur République pas la nôtre » - mais pas assez encore de la casse sociale fondamentale et des pratiques policières !

On a plusieurs refus à opposer, pas qu’un : 1- La casse des gilets jaunes contre les vitrines des commerçants (pas d’accord certes mais on ne saurait s’en tenir là), 2 - Les pratiques de la police contre le peuple qui résiste pacifiquement à la casse sociale (pas d’accord non plus), 3 - Nous y voilà : On a la casse du gouvernement contre les appuis sociaux, les garanties sociales, bref ce qui fait que le peuple français et surtout son peuple-classe 99% dispose encore après 30 ans de libéralisation d’un Etat social et une « main gauche » de l’Etat active pour le construire avec des services publics implantés sur le territoire national, des services publics avec des fonctionnaires sur les postes, bref de quoi lutter concrètement contre l’injustice sociale et territoriale, l’injustice fiscale aussi .

II - Thanatos représente la force néolibérale de dé-civilisation.

Il s’agit avec le néolibéralisme d’une période du capitalisme ou la régulation se fait via un marché libéré et par le « concurrentialisme » . Le capitalisme social subit des processus importants et répétés de libéralisation et de financiarisation, de privatisation et de marchandisation généralisée qui génère au fil des dernières décennies une forte montée du capitalisme financiarisé et mondialisé . La scène européenne depuis 1986 illustre cette évolution qui part en France, trois ans plus tôt, en 1983, avec les politiques d’austérité. Au plan mondial on fait débuter cette libéralisation des marchés et de la finances avec Reagan et Thatcher qui on mené tout deux une féroce lutte de classe au profit de la classe dominante, du 1% d’en-haut.

Thanatos de dé-civilisation signifie politique récurrente de destruction de la civilisation par la justice sociale, civilisation par le souci de l’égalité dans la laïcité et la fraternité . D’autres destructions encore.

III - Thanatos néo-libéral subdivisé territorialement.

Thanatos est de nos jours un hydre à deux têtes sans doute pas en équivalence mais un monstre bi-céphale : il est représenté d’une part par le « libéralisme autoritaire » versus Macron et d’autre part par les forces nationalistes et xénophobes montantes en Europe versus Orban, Salvini, Le Pen. Les deux composantes sont en soutien du capitalisme néolibéral mais l’un dans un cadre national, l’autre dans un cadre continental européen . 

Ces forces destructrices des services publics et des garanties sociales travaillent pour une minorité de riches : le 1% et ses appuis chez les patrons . Elles produisent le phénomène « gilets jaunes ». Il faudrait aussi discuter ici de la responsabilité des organisations syndicales dans le défaut de rassemblement populaire autour des classes sociales travailleuses les plus dominées. C’est autre chose.

 
Conclusion :
Besoin de gauche, des gauches !

Il y a besoin - on l’aura compris - de forces de gauche , vraiment à gauche, bien en capacité de lutter contre les droites nationalistes ou européistes.

Besoin de forces de construction de la civilisation et d’une Europe vraiment sociale pour le peuple-classe des Nations. Justice sociale, territoriale et fiscale doivent accompagner la justice climatique et environnementale. On le sait.

Reste à casser les traités - comme une ruine - pour tout reconstruire !

Christian DELARUE