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Quantophrénie informatisée : danger d’inhumanité et de République bananière. Christian DELARUE
lundi 23 octobre 2023, par
Quantophrénie informatisée : danger d’inhumanité et de République bananière.
La quantophrénie est définie comme une « pathologie qui consiste à vouloir traduire systématiquement les phénomènes sociaux et humains en langage mathématique ». La quantophrénie gagne du terrain de nos jours avec le développement de l’informatisation et l’emploi de méga-dispositifs informatiques en capacité de tout intégrer des usages professionnels et de clientèles (entreprise privées) ou d’usagers du service public. Il y a là une tendance « big brother » à vouloir tout appréhender et tout contrôler.
Le « management à la performance » ou le « management de l’excellence » - pour user des terminologies méritocratiques en vogue -instrumentalise plus ou moins finement ce type de résultat. On y trouve de tout, le meilleur comme le pire. Le pire vient de ceux ou celles qui ignorent ou feignent d’ignorer - pour tenir leur poste et accéder au poste supérieur - les défauts intrinsèques de l’informatisation à outrance. Toute informatisation n’est évidemment pas nuisible. Il y a une « informatisation à taille humaine » qui aide vraiment le travail à faire et il existe de plus en plus de méga-dispositifs très problématiques car ils sont plus conçus pour contrôler que comme soutien au travail à faire.
La quantophrénie liée à cette informatisation à outrance semble porter plusieurs défauts tant du côté des personnels salariés au travail que des usagers cherchant réponse à des problèmes non prévus par les standards.
N’est considéré comme travail à prendre en considération pour les statistiques que celui qui est intégré dans le logiciel. Tout le reste n’est pas appréhendé et il est ignoré. De ce fait la tendance des travailleurs va être d’y intégrer le plus éléments possible au détriment du travail de traitement proprement dit de ces éléments. Cela modifie les pratiques professionnelles.
Dans les métiers ou il s’agissait d’aller vérifier sur le terrain la qualité de ces éléments à intégrer et traiter - et cela se faisait - la tendance lourde va être à négliger ces visites de vérification. Tout va se faire depuis le bureau sans voir les biens et sans rencontrer les personnes. Il y a là une double négligence qui signe tout à la fois d’une part une moindre humanité dans les rapports sociaux (car l’humain disparait au profit de l’interface machine) et d’autre part des pratiques de « République bananière ». Là ou jadis une valeur était appréciée « de visu » pour conserver ou vendre des biens c’est la négligence totale de ce souci d’’appréciation qui va se développer au nom de la rentabilité et du chiffre, les grands fétiches du capitalisme néolibéral.
Les pratiques des nouvelles générations ne s’encombrent pas trop des soucis de vérification et de règles déontologiques anciennes trop peu efficaces en terme de rentabilité. Il importe donc de faire partir les générations anciennes qui résistent encore.
Christian Delarue
https://blogs.mediapart.fr/guillaume-frasca/blog/160210/quantophrenie/commentaires