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Lumière sur le genre

dimanche 23 décembre 2012, par Amitié entre les peuples

Lumière sur le genre

18 décembre 2012

Guillaume DE LACOSTE LAREYMONDI

Les passions partisanes et leurs implications personnelles rendent certaines discussions impossibles. Trop d’affects, trop d’engagements sont en jeu pour laisser la distance nécessaire à une réflexion en profondeur. Il faut souvent attendre que les émotions se taisent pour voir ce qu’elles empêchaient d’objectiver — et il est parfois bien tard —, alors on se remémore les clairvoyants que nul n’avait écoutés en leur temps et qui eussent évité bien des peines et des malheurs s’ils avaient été entendus dans la tourmente.
Agacinski est de ces clairvoyants. À l’heure où le débat s’enflamme autour du mariage et de la filiation gays, son essai pose les bases rationnelles de ce que sont sexes et genres. Il est à craindre qu’il ne soit pas reçu, ou dans longtemps, car un tel livre mérite de faire référence.

Femmes entre sexe et genre est assez court et accessible pour que mon propos soit plus une invitation à le lire qu’une analyse détaillée et commentée.
Je me bornerai à relever quelques points saillants.

Agacinski, s’il fallait ne retenir de son travail qu’une vertu, sait démêler la confusion des termes : chaque concept est défini avec clarté et utilisé exclusivement dans son contexte de validité. Il n’y a chez elle nul glissement sémantique, nul abus de langage, nul paralogisme. Agacinski utilise avec brio et à-propos tant la philosophie analytique que la phénoménologie. Son essai est un modèle de rigueur, comme on en trouve rarement chez les penseurs français — il faut l’avouer. (Son troisième chapitre est un concentré d’épistémologie qui mérite à lui seul d’être lu et enseigné.)

L’enjeu ici est de distinguer ce qui relève des sexes (du corps comme organisme vivant), de la sexualité (des désirs et pratiques sexuels), des genres (des rôles sociaux, dont le nombre est illimité, contrairement aux sexes, qui ne sont que deux) et de l’identité (de la continuité et de la conscience du soi) — tout en montrant comment ces niveaux de réalité s’articulent entre eux et jusqu’où ils sont indépendants et malléables.

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