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« Les missions de service public seront maintenues »

samedi 10 octobre 2009, par Amitié entre les peuples

« Les missions de service public seront maintenues »

D’après le gouvernement, le changement de statut sera l’occasion de moderniser et d’améliorer le service postal.

En matière de promesses mensongères, plus c’est gros, plus ça passe. Ainsi, il faudrait avaler que le service postal, non seulement ne va pas souffrir du changement de statut de l’entreprise, mais va en sortir renforcé, pour le bonheur des usagers. « Il y a la queue dans les bureaux de Poste, cela provoque du mécontentement », déplorait en effet la semaine dernière Christian Estrosi, ministre de l’Industrie, tirant ses conclusions : « La Poste a besoin de se moderniser, pour apporter un meilleur service que celui qu’elle apporte aujourd’hui. » À l’entendre, le gouvernement fait les gros yeux à La Poste : « Nous assurons l’investissement (de 2,7 milliards d’euros), mais ce n’est pas sans contrepartie. Je dis à La Poste « assurez vos missions de service public, et rendez un meilleur service aux usagers ».

Simulacre de bras de fer puisque c’est évidemment avec l’aval des gouvernements que La Poste, depuis des années, dégrade le service rendu aux usagers, justement pour se préparer à la privatisation. La « modernisation » a consisté à supprimer 40 000 emplois en cinq ans, à supprimer des tournées de facteurs, à avancer les heures de levée du courrier, à fermer des guichets, des bureaux de poste, à augmenter les tarifs, notamment pour les colis ou à la Banque Postale, devenue une « banque comme une autre ». Si la Poste devient société anonyme, où entreront tôt ou tard des capitaux privés, cette évolution ne pourra que s’accentuer. Et le maintien formel des missions de service public (service universel du courrier, aménagement du territoire, accessibilité bancaire et aide à la presse), n’est pas un obstacle puisque derrière l’étiquette, leur contenu peut évoluer.

« J’ai même demandé que nous garantissions le maintien du nombre de points de contacts existants », lance par exemple le ministre. Mais il sait très bien que les 17 000 points de contacts déjà inscrits dans la loi masquent la transformation progressive des vrais bureaux de Poste (ils ne sont plus que 3 600) en agences postales communales à la charge des mairies, ou en relais poste chez les commerçants, où les opérations financières sont très limitées. De même, l’accessibilité bancaire qui signifie l’obligation d’ouvrir un Livret A à tout citoyen le demandant peut être vidée de son sens si le premier bureau de Poste est à des dizaines de kilomètres. Quant au courrier, le « service universel » défini par la directive européenne garantit la levée et distribution au moins cinq jours par semaine, au domicile ou « par dérogation dans des installations appropriées ». En milieu rural, on verra donc les usagers aller chercher leur courrier eux-mêmes.

L’évolution de France Télécom illustre comment une entreprise toujours en charge des missions de service public peut perdre tout « esprit » public : entente avec les concurrents pour tirer les prix à la hausse, services gratuits qui deviennent payants, délais de dépannage en augmentation et maintenance au rabais, fermeture des agences au profit de boutiques commerciales. Sans parler des cabines téléphoniques, passées de 290 000 en 1996 à 153 000 aujourd’hui, devenues de simples coquilles ouvertes aux quatre vents ne nécessitant plus d’entretien. Et en passe d’être sous-traitées à une société privée.

Fanny Doumayro

http://www.humanite.fr/2009-10-02_Politique-_-Social-Economie_-Les-missions-de-service-public-seront