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Le SEXOSEPARATISME comme forme de sexisme. Christian Delarue
mardi 14 mars 2017, par
Le sexoséparatisme comme forme de sexisme.
Le sexoséparatisme est une forme de sexisme, une domination masculine et une oppression liées au patriarcat qui perdure malgré des avancées en termes de droits et libertés pour les femmes.
– Ce qu’il n’est pas :
Il n’est PAS UNE NON-MIXITE « TECHNIQUE » (comme un salon de coiffure par exemple) ! Ce n’est pas non plus la non-mixité de l’entre-soi féministe qui est d’ailleurs ponctuel (réunion) . Le sexoséparatisme est donc par définition sexiste et pro-patriarcal voir hyper-patriarcal.
C’est aussi souvent bien plus que du « harcèlement de rue » même si le harcèlement de rue figure bien dans la panoplie de mise au pas des femmes.
Ce n’est pas le seksoséparatisme de Francois Munier ou de « vieux singe » qui refusent de voir ce méfait.
I - PRINCIPAUX TRAITS du sexoséparatisme.
– Degré : On dira qu’il s’agit d’un système organisé et idéologiquement validé de séparation entre hommes et femmes au profit des hommes par des hommes (avec l’appui de femmes). Secondairement, il peut s’agir aussi d’une « sous-culture » plus soft souvent, car sans appareil doctrinal de justification idéologique, mais fonctionnant aux préjugés les plus archaïques d’une nature féminine spécifique.
– Signification : Ce séparatisme H/F est explicitement un privilège et une liberté accrue pour les hommes qui contrôlent et un statut infériorisant (pas égalité H/F) et contraignant (moindre liberté) pour les femmes qui sont reléguées ou recluses sur des espaces pour elles (maison ou espace public mais à certaines heures et avec des tenues banalisées).
– Aspect phobique : S’y ajoute la volonté ferme et sans appel de l’invisibilisation des femmes (hypertextile) pour la version forte et doctrinale ou à minima l’injonction à des tenues banalisées (sexyphobie) pour la version « sous-culture ». Pour les intégristes religieux il s’agit de tenues hypertextiles (voile et jupes très longues qui ne doivent pas laisser voir les formes du corps ni laisser trop de chair visibles).
– Lien avec l’aversion contre les homosexuels (et les lesbiennes) : Le « ne pas vouloir voir les femmes » - ie leurs différences corporelles et charnelles - s’apparente chez certains au « ne pas vouloir voir des homosexuels » ceux et celles qui cessent de se cacher comme homosexuel ou lesbienne. Il y a là, semble-t-il (hypothèse) une phobie différente mais similaire qui repose sur une possible émotion, laquelle serait difficilement supportable.
II - Le sexoséparatisme participe d’un vaste contre-mouvement réactionnaire.
– Le sexoséparatisme refuse viscéralement les conquêtes féministes de la « seconde modernité » qui posent, souvent trop formellement, les principes de la liberté des femmes et de l’égalité hommes-femmes, ce que refusent les sexoséparatistes qui eux veulent aller vers un hyperpatriarcat qui assure la pleine domination masculine et les privilèges des hommes.
Alors que les féministes veulent donner corps à ces conquêtes trop incertaines et très récentes (de 30 à 40 ans environ contre des siècles de soumission) les masculinistes (sans religion ) et les intégristes religieux veulent eux non seulement stopper le mouvement de progrès (le stop ici des conservateurs) mais aller vers un hyperpatriarcat par définition très inégalitaire.
– Les femmes aussi : Le sexoséparatisme est un système lourd qui intègre aussi la participation des femmes, soumises au voile depuis le plus jeune âge (5 ans parfois) et au sexoséparatisme large vu comme naturel. Il faut bien comprendre ici ce que Bourdieu a dit de la domination masculine . Sans ces femmes qui assurent la reproduction systémique dans le cadre familial et communautaire le système sexoséparatiste global ne tiendrait pas.
Pour ces femmes, l’hypertextile constant, toute la vie, n’est pas une aliénation car cela protège la valeur de LA femme, protège sa spiritualité. Pour elles, la valeur d’un être humain est largement fonction de ses vêtements :
– habits légers ou moulants ou sexy et c’est alors quasiment une prostituée ou une « pro-sexe » qui fréquente des « fornicateurs » - terme courant ici - donc une femme incapable de moralité (en fait une moralité différente) et surtout socialement une femme qui mérite les agressions masculines (et féminines aussi ici) - aspect choquant (quid du « double regard » (1) ;
– habits très couvrants portés constamment et c’est alors une bonne musulmane.
Dans cette conception dualiste de l’être humain, un nudiste s’apparente au mieux à un animal (inférieur à l’humain donc méprisable) et au pire c’est satan en personne car la séduction et le sexe même consenti relèvent fatalement du mal. On a là une pensée sommaire et profondément archaïque mais dominante (au-delà des intégristes religieux d’ailleurs) car soutenue par tout un ensemble de préjugés qui va d’une intox religieuse ainsi que des préjugés divers (un homme ne peux se retenir durablement) mais aussi par des insultes et des violences, ensemble de préjugés qui refusent de penser la sexualité et la séduction du corps et du vêtement comme une richesse d’être humains libres et égaux .
III - Ce sexo-séparatisme prend deux formes :
Une forme est issue de l’intégrisme religieux qui est principalement visé (I), mais on a pu évoquer aussi, hors intégrisme religieux, une forme plus sectorisée, plus cachée dite aussi une "sous-culture (II).
1) - Le séxoséparatisme des intégrismes religieux .
Cette pratique sexiste et répressive particulière provient des juifs haredim et surtout des musulmans autoritaires contre les femmes et les jeunes filles. Il s’exerce dans le cadre familial par des comportements et attitudes autoritaires qui brident la liberté des femmes et ce quasiment partout.
Le saxo-séparatisme relève d’une activité pour un hyperpatriarcat en deux degrés souvent combinés , complémentaires, mais pas toujours. C’est important de distinguer les deux formes (car on trouve dans le monde des musulmanes qui se voilent librement).
– Hard = Le séxoséparatisme dur est un véritable apartheid contre les femmes. Il impose aux femmes de rester à la maison (la réclusion) pour ne sortir que sous voile (hypertextile) et (version encore plus forte) qu’accompagnées du frère ou du mari.
– Soft = Le séxoséparatisme léger - le voilement sexyphobique - impose (autoritairement) aux femmes - parfois dès la prime jeunesse - des vêtements très couvrants, (voile et jupe longue), dit hyper-textiles, souvent moches (pas toujours). Cette imposition ne souffre, en principe, aucune « souplesse » car c’est tous les jours et toute la vie depuis l’inculcation au plus jeune âge. Pour les intégristes religieux sexo-séparatistes la femme ne doit pas être belle, encore moins sexy, mais on trouve désormais des détournements de l’orthodoxie mortifère (Thanatos). Voir sexyphobie.
Le séxo-séparatisme est ici explicitement justifié par une interprétation particulière de la religion qui se rattache à l’intégrisme religieux. Une religion n’est pas en soi et de façon constante porteuse de sexoséparatisme. L’interprétation des préceptes sexoséparatiste est aussi fonction du contexte socio-culturel, contexte dominant ou non.
Le sexoséparatisme est une haine très développée des femmes peu couvertes, de la féminité corporelle et-ou vestimentaire, donc du « sexy » (apparence sexuée) qui débouche sur des pratiques d’invisibilisation des femmes ou de de ségrégation sexiste par divers moyens, par le vêtement très couvrant, dit hyper-textile, - cf invisibiliation dans « Question textile » - et-ou par la création de lieux séparés de vie (repas) ou de travail (bureau) - ségrégation ici).
Autres formes concrètes de sexisme lié au sexoséparatisme .
Ne pas se serrer la main d’une femme, ne pas autoriser une femme à se faire soigner par un homme, prière cachée pour les femmes hors des lieux de prière des hommes, etc Le sexoséparatisme des intégristes religieux relève d’une obsession qui vise à écarter, séparer, invisibiliser les femmes, etc...
2) Le sexoséparatisme non doctrinal, comme sous-culture.
Ce sexo-séparatisme est factuel et non doctrinal . Il est donc plus une sous-culture
– Cette sous-culture peut être issue de préjugés naturalistes sur la famille et les femmes complémentaires des hommes (exclusivement mère aimantes avec les enfants et père dehors) plus que d’une doctrine réactionnaire élaborée. Aucune instance se voulant parole autorisée d’une doxa ne vient alors appuyer et contrôler une exclusion des femmes de l’espace public.
– Cette sous-culture peut être issue du capitalo-patriarcat - sorte d’alliance du capitalisme néolibéral et du patriarcat - qui valorise des élites masculines entre elles dans certaines sphères.
C’est là chose différente de de certaines loges maçonniques non mixtes qui sont voulues ainsi ! Comme certaines activités sportives sont non mixtes. Ce n’est pas là un phénomène de masse mais un champ d’activité bien circonscrit (sous-cultures sexoséparatistes) et de plus, il n’y a pas non plus autoritarisme contre les femmes à des fins de réclusion à la maison ou d’enfermement continu sous hypertextile, comme avec l’intégrisme religieux sexoséparatiste.
Christian DELARUE
Mise à jour dec 2016