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La révolution égyptienne a manqué de cadres et d’un parti politique révolutionnaire. C Delarue

mardi 11 septembre 2012, par Amitié entre les peuples

La révolution égyptienne a manqué de cadres et d’un parti politique révolutionnaire.

La révolution égyptienne de 2011 a montré la nécessité d’une organisation politique de promotion du peuple-classe dans ce pays.

M Selim et G Selim auteurs de « Egypte : une révolution permanente, trahie ou kidnappée ? » distingue trois phases de cette révolution la révolution permanente, la révolution trahie par l’armée et la révolution kidnappée par les islamistes. L’article publié dans Alternative sud met en débat ce processus . Je n’y reviens pas sur ce cadre général. Je renvoie au livre ou à une note (cf ci-dessous en 1)

Pour ces auteurs, cette révolution est le fait de jeunes sans dirigeants ni organisation. Ils remarquent qu’il n’y a pas eu d’arrestation de responsables. Il n’y a pas eu de cadres pour construire le nouveau régime. Il n’y a pas eu de revendications transitoires au-delà des exigences « génériques » de dignité humaine, de liberté et de justice sociale.

La crise de la société civile et celle de la société politique n’a pas débouché sur une relève au niveau de l’Etat pour le transformer en Etat social et démocratique voire en Etat socialiste à fort contrôle citoyen. Est-ce du fait d’une insuffisance du mouvement de transformation dans la société civile ? Est-ce à cause du manque d’habitudes à la démocratisation ? Ou furent les cadres favorables à la révolution socialiste par la démocratisation ?

A l’heure ou l’on parle beaucoup de la jeunesse indignée qui occupe des lieux publics et qui aspirent à un fonctionnement horizontal à l’image des forums altermondialistes il faut remarquer qu’une organisation en réseau est nécessaire pour agir à tous les niveaux de la société y compris au niveau central. Mon propos n’est pas ici anti-libertaire, anti-démocratique et pro-hiérarchique car cette organisation peut se construire sur un mode fédéral qui part de la base et qui permet le dégagement de cadres en capacité d’actions. Cela ne signifie pas que les partis politiques sont inutiles.

Il y a besoin de partis politiques non seulement en vue d’élections mais aussi pour la présentation développée de programmes politiques de transformation sociale. Les organisations horizontales fonctionnent elles beaucoup sur des programmes consensuels qui laissent les divisions en dehors. Elles sont aussi lentes et lourdes. Elles laissent aussi de nombreux champs d’activités hors débat démocratique. Et la vie réelle n’attend pas toujours que tous les débats démocratiques soient bien menés et bien compris de tous pour avancer.

La démocratie n’est pas une donnée immédiate et naturelle. Elle est plutôt un procédé marginal de délégation et formation d’élus. Ce procédé est adapté à la société capitaliste qui fonctionne sur un haut niveau de division du travail . De ce fait la démocratisation est forcément objet de débats récurrents et même objet de lutte contre ceux qui avancent trop vite et en solitaire. Elle se réalise dans différents champs mais elle pénètre difficilement là ou les compétences techniques sont fortes. On ne peut donc pas agir démocratiquement partout puisqu’il y a toujours des espaces de fortes technicités à maitriser pour la gestion courante de la société. En ce sens la démocratie totale est utopique. D’où le besoin de cadres agissant et respectant les principes du droit et les valeurs du socialisme authentique.

Qui peut croire qu’il n’y a pas besoin de cadres pour aller vers le socialisme eu égard à la complexité des organisations et du niveau actuel de division du travail ? Ces cadres doivent à mon sens émerger en même temps que la démocratisation des différents organes de la société. Plus l’oligarchie ancienne recule et plus ces nouveaux cadres avancent et prennent la place. Ce faisant c’est la démocratie qui avance pour peu bien sur qu’un système de débats démocratiques et de mandats pour agir après débats perdure dans la société.

Ces cadres sont donc issus du peuple-classe et ils travaillent pour sa promotion en respectant les intérêts des différentes composantes. Malheureusement, en Egypte, pour revenir à elle, il n’y a pas eu de candidats issu des rangs révolutionnaires pour prendre en main la direction du pays en lien le plus étroit possible avec les masses populaires. On ne saurait trop construire de mythes sur l’étroitesse de ces liens. Il y a nécessité de tout à la fois contrôler mais aussi de laisser des marges de manœuvre autonome des cadres.

Christian DELARUE

1) Note de Astrid Colonna Walewski sur « Egypte : une révolution permanente, trahie ou kidnappée ? »

http://www.lesclesdumoyenorient.com/Egypte-une-revolution-permanente.html

lire aussi : L’Egypte entre révolution et contre-révolution

lundi 25 juin 2012, par Alain Gresh

http://blog.mondediplo.net/2012-06-25-L-Egypte-entre-revolution-et-contre-revolution