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L’alterdémocratie inclusive s’insère dans la géopolitique mondiale. Christian DELARUE

vendredi 21 décembre 2018, par Amitié entre les peuples

Commission Démocratie d’ATTAC France
Contribution sur l’autre démocratie que nous voulons

L’alterdémocratie inclusive s’insère dans la géopolitique mondiale

http://amitie-entre-les-peuples.org/L-alterdemocratie-inclusive-s-insere-dans-la-geopolitique-mondiale-Christian?var_mode=calcul

L’alterdemocratie c’est l’autre démocratie que celle réellement existante, celle qui érige une classe dirigeante en lien avec des classes dominantes surplombant le peuple-classe, les 99% d’en-bas.

Cette autre démocratie que nous voulons est à inclusivité multiple. Elle a non seulement une dimension nationale mais aussi une dimension internationale ;

Elle porte une inclusivité économico-sociale des classes sociales populaires exclues du pouvoir de changer la vie pour le bloc social d’en-bas, soit, au temps des Gilets jaunes, les couches sociales modestes (« ayant des fins de mois difficiles » du fait de la vie chère et des bas revenus) et couches sociale moyennes juste au-dessus (à capacité d’épargne limitée) . Cela vaut autant pour le mieux des quartiers populaires que pour les employés et ouvriers des campagnes.

Inclusivité multiple , elle a aussi une dimension mondialisée, sous deux aspects : l’écologie et le géo-culturel (avec un axe interne-externe).

Néo-campisme.

Un rappel historique parait nécessaire pour expliciter ce cadre géopolitique.
Un affrontement entre deux grands « camps » - d’ou le terme de « campisme » (d’origine trotskiste qui refusait pour partie de soutenir un camp contre l’autre) - a remplacé un autre type d’affrontement campiste à la fin des années 80 (1989-1991). Au vieux campisme Est-Ouest du « court XX ème siècle », qui se termine par la chute du système collectiviste-bureaucratique et la chute la mur de Berlin s’est substitué un autre campisme.

Le néo-campisme est de type Nord-Sud si l’on met l’accent sur les aspects économiques, politiques et militaires constitutifs l’impérialisme ou de type « Occident-monde arabo-musulman » si on met l’accent sur les aspects culturels et religieux avec notamment deux questions importantes : celle du racisme (islamophobie et antisémitisme) et celle des intégrismes religieux et du terrorisme djihadiste.

Peuple-classe : Diversité des 99%

Pour combiner les aspects économiques et sociaux et ceux culturels nous avons mis en avant la notion de « peuple-classe multicolore » (Univ été Marseilles) . Le concept de peuple-classe se veut porteur d’une émancipation politique et sociale contre le classisme des classes dominantes (cf à la classe dominante bi-polaire de Jacques Bidet). Mais il n’y a pas qu’une seule émancipation mais plusieurs. D’ou cet ajout de « multicolore » .

Par ailleurs, le peuple-classe n’est pas en soi une catégorie politique de type « populiste » . Dans une perspective de pluri-émancipation (que ne reconnait pas le populisme fut-il de gauche) nous avons donc posé un peuple-classe multicolore qui soit en capacité de prendre en charge les différentes émancipations : contre le classisme, contre le racisme, contre le sexisme, contre les intégrismes religieux. Avec le classisme d’en-haut, le clivage « eux-nous » n’est pas effacé, et ce même si on cherche une alliance incertaine avec un « eux » progressiste. Les acteurs du peuple-classe multicolore peuvent chercher une élite de construction de la société par les services publics et la production de services collectifs non marchands. Ils doivent surtout favoriser l’empowerment (l’auto-mobilisation) et la convergence des luttes sociales.

Evoquer la pluri-émancipation du peuple-classe multicolore (diversité culturelle) ou des peuples-classe multicolores renvoie (ou peut renvoyer) à la « démocratie inclusive », qui pour Martine Boudet « se préoccupe autant du destin des périphéries que des éléments centraux, des minorités que des majorités ethniques » (in 1).

La « démocratie inclusive » (ou Démocratie générale ou pleine démocratie ou démocratie inclusive) relève de l’alter-démocratie et non de la »démocratie réellement existante« qui est de plus en plus réduite à une gouvernance néolibérale. « L’alterdémocratie inclusive  » - terme plus explicite - ne renvoie pas seulement au débordement-élargissement de la démocratie politique actuelle avec son sens restreint (conception classique du système électoral dit représentatif politique) vers l’intégration du champ économique et social (laissé à l’oligarchie et au patronat) et du champs écologique (ce qui définit une démocratie élargie dite écosocialiste) ; elle renvoie aussi, dit Martine Boudet, au »dialogue interculturel" .

L’interculturel de la démocratie inclusive

Cet interculturel ne s’accommode ni des intégrismes religieux (C Delarue), ni du centralisme autoritaire étatique (M Boudet) ni de façon générale du relativisme culturel avec ses oppressions ainsi que je l’ai entendu : « Le dialogue interculturel n’est pas une expression du relativisme culturel, pas plus qu’il n’y conduit. Le dialogue doit se fonder sur des valeurs d’universalité et d’indivisibilité des droits de l’homme, de la démocratie et de la primauté du droit. Le Conseil de l’Europe rejette l’idée d’un conflit des civilisations et affirme qu’une participation accrue à la coopération culturelle – au sens large du terme – et au dialogue interculturel contribuera au contraire à la paix et la stabilité internationales à long terme. » (2).

On a donc comme perspective une alterdémocratie triplement élargie : le social large, l’écologie, l’interculturel sous l’angle interne (quartiers populaires avec installation des migrants) et l’angle mondial (soutien solidaire aux peuples-classe en lutte et aux secteurs progressistes, avec critique des intégrismes religieux).

Christian DELARUE
CS ATTAC

1) La démocratie inclusive, fondée sur la méthodologie de l’intersectionnalité - Martine Boudet - blog attac

2) Conseil de l’Europe, « Livre blanc sur le dialogue interculturel" (2007) étudié dans la commission Migrations (Attac France)

http://www.coe.int/t/dg4/intercultural/whitepaper_interculturaldialogue_2_FR.asp

nb : L’intersectionnalité, un mot à la mode. Ce qui fait le succès d’une théorie féministe par Kathy Davis
https://journals.openedition.org/cedref/827

in Les blogs d’Attac
https://blogs.attac.org/commission-democratie/experimentations-d-alternatives/article/l-alterdemocratie-inclusive-s-insere-dans-la-geopolitique-mondiale