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Jean-Claude GUILLEBAUD, Darwin et le principe d’humanité. D Delarue
samedi 31 juillet 2010, par
Jean-Claude GUILLEBAUD, Darwin et le principe d’humanité.
L’humanité est assiégée constate d’abord Jean-Claude GUILLEBAUD dans « Le principe d’humanité » (1) avant de s’attaquer à la modernité régressive.
L’humanité assiégée décrit les diverses réductions de l’humain : réduction à l’animal, réduction à la machine, réduction à la chose, réduction à ses organes.
Quand à la modernité elle n’est pas que progrès social ou progrès démocratique. La technologie comme l’économie (marchande et capitaliste) sont porteuses d’archaïsmes. Surtout, un « nouvel âge du racisme » se déploie sous couvert de la science. La sociobiologie comme l’eugénisme continuent de sévir. Le déploiement du mal s’opère via un Darwin confisqué et récrit par Herbert Spencer et Francis Galton sous le nom de « darwinisme social ».
Dire que Darwin n’est pas coupable de la lutte éliminatoire des humains entre eux c’est autre chose que de lire une morale humaine venant des seuls humains via l’évolution naturelle.
I - Rétablir Darwin contre les faussaires ?.
JC Guillebaud fait appel (p394) à deux « darwinistes de gauche », Patrick Tort et Stephen Jay Gould, pour rétablir - sans insister assez à notre sens - la valeur idéologique et politique d’un Darwin qui ne mélangeait pas discours sur les animaux et discours sur les humains, ces derniers ayant pour spécificité de sélectionner les instincts sociaux, la sympathie, la préservation des faibles.
Mais la démonstration pro-Darwin de JCG est entachée par deux citations pas vraiment probantes l’une malencontreuse d’Albert Jacquart renvoyant sans y avoir réfléchi Darwin au darwinisme social et l’autre de Engels souvent répétée quoique non significative : « Toute la doctrine darwiniste de la lutte pour la vie n’est que la transposition pure et simple, du domaine social dans la nature vivante, de la doctrine de Hobbes : bellum omnium contra omnes et de la thèse de la concurrence chère aux économistes bourgeois, associée à la théorie malthusienne de la population » (Lettre à Lavrov sept 1917). JCG reconnait cependant que le propos d’Engels peut porter plus contre le darwinisme social que contre Darwin : « Il est vrai que Marx et Engels, eux aussi paraissent se référer à une interprétation fautive (et »spencérisée« ) du darwinisme. »
II - Trouver dans Darwin l’explication d’une morale naturelle ?
L’indétermination de JCG est ici fort dommageable à sa démonstration qui entend défendre le principe d’humanité. JCG semble bien refuser que la sélection naturelle puisse aboutir via un long processus historique - avec « effet réversif » expliquera Patrick Tort - à la constitution du principe d’humanité . C’est pourquoi il garde le conditionnel dans les phrases suivantes : « Le principe d’humanité serait en quelque sorte la résultante finale d’un processus évolutif d’essence biologique. En d’autres termes, ce que nous appelons »morale« , »altruisme, « civilisation » ne serait rien d’autre qu’une composante de la sélection elle-même. L’éthique trouverait ainsi sa source non point dans une quelconque transcendance, une ontologie ou un héritage religieux, mais dans la biologie elle-même". Ce serait là une position plus proche des thèses d’un JP Changeux (2) que d’un Patrick Tort resté marxiste avec Darwin .
III - Enjeu : garder l’humain civilisé de par lui-même ou réintroduire Dieu et les religions.
Cependant, si JCG refuse le dogmatisme scientiste il refuse aussi en fin d’ouvrage (p 492) de réhabiliter le religieux tel quel :. « Réhabiliter le »religieux« ne doit pas conduire à restaurer la religiosité ou à exonérer le cléricalisme de ses errements, passés et présents. »
Reste que face aux deux grandes questions qui peuvent surgir à propos de Darwin la réponse et la position de JCG sont entachées de faiblesse. L’humain semble être pour JCG un mineur éternel à défaut de religion. Lire, par exemple, Pierre Kropotkine auteur de « Morale anarchiste », pourrait pourtant convaincre du contraire.
Christian DELARUE
1) Pages citées se rapportent à la collection de poche Points des Editions Le Seuil 2001
2 ) « Fondements naturels de l’éthique » Jean-Pierre CHANGEUX (dir.) Odile Jacob 1993
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1193
NB : de Patrick TORT en rapport avec ce commentaire lire :
C.Darwin contre F.Galton et H.Spencer, pour la civilisation. P Tort
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article887
A propos de l’Effet réversif de l’évolution inventé par Patrick TORT à propos des humains dans l’anthropologie darwinienne lire ici :