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Désir sexuel et substitut de la prostitution. C Delarue

mercredi 31 octobre 2012, par Amitié entre les peuples

Désir sexuel et substitut de la prostitution.

Je propose cinq points de passage à discuter pour parvenir à l’idée de plaisir sexuel maintenu dans un cadre qui évite le recours à la prostitution.

1) Instinct, pulsion.

 L’instinct est déterminé par l’objet alors que la pulsion est déterminée par le sujet (même si c’est de façon involontaire) et la représentation que l’on s’en fait.
Par exemple on dira que c’est instinctivement que l’on retire la main du feu mais c’est sous l’effet de la pulsion que l’on se précipite sur le chocolat.

 La pulsion est l’effet d’une représentation qui dispose d’une force attractive. La force attractive est plus dans la représentation de l’objet que dans l’objet lui-même.
Le chocolat est perçu comme bon voire succulent mais on peut intentionnellement retarder sa consommation voire l’empêcher totalement en choisissant un autre objet de consommation (tout aussi bon voire moins ). Si l’on n’a pas mangé depuis plusieurs jours la question se pose différemment, mais la différence de dynamique en jeu reste valable.

2) Désir et pulsion.

Le désir a pour finalité le plaisir tout comme la pulsion. Mais le désir peut laisser aller la pulsion pleinement ou modérément ou la bloquer .
L’individu va créer une zone plus ou moins souple (2) ou il va gérer un frein de la pulsion tout en autorisant un relatif écoulement de cette pulsion qui va alors permettre de satisfaire le désir en donnant du plaisir. L’individu va alors éviter la dépression ou l’addiction effrénée au travail.

Pour notre démarche, il est plus utile de souligner que le désir va plus loin que cette finalité - le plaisir - car il suppose une série d’actes à entreprendre et ce en fonction de la représentation de l’objet. Si le désir est particulier et fonction des goûts du moment et des goûts du sujet qui désire on peut dire que la recherche du plaisir est elle commune à tous les êtres vivants. Elle est un bien universel.

Avant d’aller plus loin sur l’aspect social distinguons deux sortes de désir.

3) Désir de biens et désir sexuel.

Il est important de bien distinguer ces deux ordres de désirs (1), l’un de cupidité matérielle portant sur des choses et l’autre de concupiscence sexuelle mais en sachant qu’il s’agit largement pour le premier de besoins sociaux utiles et nécessaires.

Pour la concupiscence sexuelle, notons que ce n’est pas parce qu’il s’agit de désirs qu’il faut penser que c’est sans importance. Cela indiquerait qu’une répression des désirs est normale et sans risque de pathologie ou de névroses. Surtout que l’on pourrait l’imposer à autrui. C’est quand même une tendance constante des religions mais aussi de la science parfois.

En fait, il s’agit plutôt de penser qu’une délibération est possible au plan individuel et au plan collectif à propos du désir sexuel.

4) Désir sexuel masculin et société.

Il est peu sérieux d’argumenter sur la différence instinct-pulsion à des fins de suppression du désir sexuel qu’il soit masculin ou féminin. Que des individus puissent se passer totalement d’une quelconque sexualité c’est certain. Que d’autres souffrent de ne pas pouvoir avoir une sexualité correspondant à leur besoin est aussi une réalité. Il n’y a que les intégristes religieux (ou laïcs) à vouloir supprimer radicalement désir et plaisir sexuel. Par contre il semble bien, au vu de ce que l’on peut savoir sur cette distinction instinct-pulsion que des substituts sont pensables lorsque le désir sexuel masculin devient prédateur.

5) Masturbation ou prostitution.

Le recours majoritairement masculin à la prostitution dont les femmes sont les victimes à très forte proportion pose la question de la recherche et de l’offre d’un substitut. Évoquer la « poupée gonflable » ne choquerait que les personnes qui veulent le tout ou rien, à savoir pas de prostitution, et abstinence sexuelle totale pour tous (et toutes). Il en est de même pour la masturbation avec un regard discriminant sur la pornographie. Il faudrait parvenir à distinguer la pornographie (2) qui est simple exhibition de corps ou de pratiques sexuelles non violentes de celle qui met en avant des pratiques de violence et de sadisme. Quand à la masturbation, il faut cesser de faire l’autruche en faisant semblant de croire que c’est une activité rare et nuisible.

Christian DELARUE

1) Le christianisme parle de concupiscence pour les deux champs de représentation. Lire : « Eros, la concupiscence et les courants du christianisme. »

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/151012/eros-la-concupiscence-et-les-courants-du-christianisme

2) Pour un espace en équilibration entre sublimation sévère et désublimation répressive. C Delarue -
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article2281

3) Porno « soft » - porno « hard » et retour à la vie réelle.

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/240612/porno-soft-porno-hard-et-retour-la-vie-reelle

ZEROMACHO : Se masturber, pas exploiter des prostituées !

http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/260612/zeromacho-se-masturber-pas-exploiter-des-prostituees

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http://blogs.mediapart.fr/blog/christian-delarue/290712/une-critique-de-richard-poulin

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