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Comment combattre l’intégrisme islamique sans stigmatiser les musulmans ? C Delarue

jeudi 13 mai 2010, par Amitié entre les peuples

Comment combattre l’iintégrisme islamique sans stigmatiser les musulmans ?

http://www.lepost.fr

Ilham Moussaid, le NPA et la question de la chair et de la respectabilité des femmes.

19 février 2010

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Ce texte prolonge celui déjà publié

Une musulmane d’émancipation apparaît dans le Vaucluse.

Le positif et le négatif : débat sur l’ambiguïté de l’affichage sexo-religieux au NPA

Combattre l’intégrisme chrétien est aisé et les chrétiens ordinaires ne se sentent pas visés. Même au sein des chrétiens dits ordinaires les comportement et attitudes sont très variables. Il en est de même pour les musulmans. Il n’y a pas qu’une seule interprétation du Coran mais plusieurs et même en dehors des interprétations possible les musulmans décident librement de pratiquer ou non telle ou telle norme.

Le combat contre l’islamisme réactionnaire se déploie dans le cadre de la lutte contre les intégrismes. Ce qui renvoie à la définition des intégrismes. Ce combat contre l’islamisme réactionnaire ne porte pas contre les musulmans ordinaires. Qui sont les musulmans ordinaires ? Qui sont les intégristes ?

I – LE NPA DU VAUCLUSE CONTRE LES INTEGRISMES RELIGIEUX ?

Le NPA à la suite de la tradition de la LCR se devait de tenir les deux bouts d’une orientation se voulant à la fois non islamophobe ce qui ne signifie pas absence de critique de certaines pratiques issue de l’islam et critique de l’intégrisme musulman comme de tous les intégrismes.

A) De la critique du fondamentalisme à celle de l’intégrisme.

1 – Fondamentalisme et intégrisme.

Si le fondamentalisme est la lecture érudite et au plus près des textes, l’intégrisme lui concerne plus les pratiques politiques, sociales et culturelles de la religion, avec ou sans référence au texte sacré. Pour nombre d’auteurs le fondamentalisme islamique a pour particularité d’embrasser et de confondre sphère politique et sphère civile.

2 – Pour une critique de l’islam sans islamophobie raciste

Si les critiques débattent des textes sacrés pour les critiquer c’est leur droit le plus strict - pour l’islam comme pour les autres religions - mais à condition que cette critique ne débouche pas sur une stigmatisation de tous les musulmans. Dans ce cas là ce n’est plus une opinion mais un délit, du moins en France. Plus précisément c’est une islamophobie qui débouche sur une musulmanophobie, ce qui se nomme racisme anti-musulman. De Robert Redeker à Geert Wilders on retrouve le même discours qui développe longuement une féroce critique de l’islam – de droit – pour in fine attribuer toute la charge de cette négativité à l’ensemble des musulmans et non à une minorité de croyants.
Renvoi à La « laïcité ethnique », la racisation et le racisme.

3 – L’intégrisme des pratiques.

Laissons ce volet critique des textes sacrés – le Coran en l’espèce - pour s’intéresser aux citoyens engagés dans la cité. Ce qui les intéresse ce sont les pratiques sociales au sens large, tant politiques que quotidiennes. Ils se réfèrent pas aux textes. Ils savent que les croyants choisissent comme ils veulent - du moins dans une société libre - les normes qu’ils entendent respecter.

4 – Intégrisme politique et intégrisme socio-culturel.

L’intégrisme est variable. On peut distinguer celui qui emporte des prescriptions politiques contre la démocratie ou contre la laïcité ou/et celui qui surcharge le quotidien des prescriptions sociales et culturelles. L’intégrisme n’est donc pas uniquement focalisé sur une emprise autoritaire dans le champs politique. Il peut vouloir agir dans la société civile pour imposer des mœurs particulières contraignantes, de type séparatistes. Quand le droit local les approuve il y a communautarisme.

5 – Le sens d’une normativité de libération.

Il existe cependant une normativité d’émancipation issu du féminisme et de la spiritualité athée : En général la tendance à se libérer des contraintes de la religion se manifeste par des libertés gagnées : manger ce que l’on veut, s’habiller comme on veut, fréquenter qui on veut, faire l’amour comme on veut. De nombreux chrétiens ont fait ce parcours-là. Certains le font en devenant athée d’autres en restant chrétien mais sur un mode de sécularisation (plus que de laïcité) . L’intégrisme au contraire pose des contraintes, ajoute des normes aux normes. Il pousse au sexo-séparatisme, à des vestimentations couvrantes, à des règles strictes variables selon les religions pour la vie sexuelle.

6 – Stigmatiser quelque chose qui s’enlève est mineur

Stigmatiser quelque chose qui s’enlève est mineur Chaque individu qui porte sur lui visiblement sont stigmate sans pouvoir s’en débarrasser subit un regard dévalorisateur de la société. Les antiracistes et les humanistes en général se sont intéressés à la sociologie du stigmate, notamment celle de I Goffman, pour en combattre les effets. Mais quand l’objet du stigmate – voile ou kippa - n’est pas attaché à l’individu et qu’il est volontairement exhibé alors que le symbole qu’il contient est critiquable, l’individu sait à quoi s’en tenir. Il s’inscrit dans une certaine conflictualité celle autorisée par la laïcité et l’antiracisme. En effet, le « régime de tolérance » de la société civile autorise le débat sur les consciences et les opinions.

La solution pacifique réside dans le geste libératoire. Mais c’est de la confrontation que peut naître le geste et non d’une injonction autoritaire. Cela n’implique nullement abandon de la religion, abandon de la spiritualité. Il s’agit de s’intégrer dans des rapports sociaux pacifiques car sécularisés.

7 – Les revendications communautaristes musulmanes.

Elles existent et commencent à poser problème. Il ne s’agit pas seulement de l’occupation illégale du domaine public routier (certaines rues) pour la prière des seuls hommes musulmans. Il s’agit aussi de tout un ensemble de revendications communautaristes dont certaines peuvent faire l’objet de compromis mais pas d’autres. Voir fin de texte.

B) Le NPA du Vaucluse défend une « spiritualté » qui une fois de plus compose avec le rigorisme de la chair.

Au regard des développements précédents, il est difficile de comprendre que le port du voile par une militante NPA puisse apparaître pour un pas vers l’émancipation alors que le NPA milite pour l’émancipation sous toutes ses formes. Le NPA ne milite pas en principe que contre le classisme et le racisme . Il s’oppose au sexisme et au communautarisme. Evoquer le parcours spirituel comme le fait Sadri Khiari ne précise absolument pas le sens de ce parcours ; intégrer des normes contraignantes ou s’en débarrasser. A cet argument-là on oppose une spiritualité réactionnaire voire sectaire intégratrice des normes religieuses contraignantes et une spiritualité d’émancipation qui choisit d’agir véritablement librement.

L’initiative du NPA du Vaucluse est ambiguë et de ce fait enclenche en interne comme en externe des débats agités. Il y a affichage intégriste et discours féministe. On brouille les pistes. Avec quoi ?

Deux types d’arguments sont avancés. * d’une part il s’agit d’une camarade qui porte son fichu islamique librement sans qu’un homme ne lui impose, * d’autre part l’interdiction du voile comme de la kippa ne vaut que pour l’école mais pas dans la société civile. On confond ici la liberté et les droits dans société civile et le programme du parti .

Ce dernier peut avoir des règles différentes de la société civile. Il peut reconnaître la liberté du port du voile hors de l’école dans la société civile mais ne pas vouloir en faire la promotion dans son parti. L’émancipation n’est pas la liberté mais la libération. Il apparaît que la manifestation de sa spiritualité religieuse s’inscrit dans un cadre d’intégration des contraintes religieuses au lieu de s’en dégager, au lieu de combiner spiritualité avec musulmane émancipée. Finalement le message délivré est encore la spiritualité va de paire avec le rigorisme de la chair.

Pourquoi les femmes doivent-elles se voiler et pas les hommes ? Pour l’islam le respect est localisé dans la chair plus que dans les comportements. La chair est non seulement sexualisée mais dangereuse. L’homme ne saurait se dégager du désir et se retenir . La responsabilité des dérapages et violences vient donc de la femme séductrice qui doit se cacher. C’est à cause d’une pseudo-respectabilité de la femme que tout un dispositif de séparation entre hommes et femmes est revendiqué dans les piscines et dans de nombreux lieux. La logique sexo-séparatiste poussée à l’extrême c’est le port de la burqa, l’enfermement de la femme sous voile intégral.

II – POUR UN FEMINISME DE MIXITE ASSUMANT LE DESIR SEXUEL SANS VIOLENCE

1 – Les leçons des débats 2009 sur la burqa .

Le relativisme culturel s’est massivement déployé sous couvert du droit, des grandes déclaration des droits de l’homme. Jamais il n’y a eu autant d’intervention en défense de la liberté de s’habiller comme on veut y compris intégralement sous prison de tissu. Fallait-il alors en conclure que se balader nu en ville serait possible ? Plus rien ne s’y oppose et surtout pas le fait d’être gêné par la vue du corps d’autrui. Puisque l’argument opposé à la vue gênante du voile intégral a été : « maîtrisez votre gêne ! »

On pourrait désormais répondre en stricte logique face à une masturbation en public . « Maîtrisez votre gêne ! ». Hypothèse d’école certes ! En fait il n’y a que dans les écoles ou une normalisation est prescrite et ou l’on interdit les comportements excessifs

2 - Le choix entre trois féminismes

* Féminisme pro-voile : Christine Delphy en France défend un féminisme voilé. Pour elle les hommes sont tous des prédateurs. Ils poussent soit au déshabillage soit au voilage mais jamais les femmes ne font ce qu’elles veulent. Elle met en parallèle et à égalité l’islam et les contraintes dans les entreprises commerciales qui poussent à des tenues imposées. Elle fait aussi comme si la mode avait la même force contraignante que la religion : elle met à égalité le port de talons hauts d’un côté et le port du voile de l’autre. Cette banalisation dénie ainsi toute particularité de l’islam et surtout les fortes pressions constantes des musulmans conservateurs contre leurs épouses ou leurs filles pour un voilage de respectabilité.

* Féminisme offensif contre l’islam patriarcal : celui de NPNS : Une loi contre le voile. Elles critiquent le voile et défendait la promulgation de la loi en 2004. LO et le PT ont suivi cette ligne

* Féminisme intermédiaire : celui de Josette TRAT qui a inspiré la position de la LCR « Ni voile, ni loi ». Cette position combat le patriarcat, lutte pour un féminisme de mixité se veut à la fois critique du voile mais en abstention contre la loi. Cette position a prévalu chez plusieurs syndicats et associations.

3 - Le charnel ou le corporel caché ou banalisé.

La publicité qui ne cesse de montrer de belles femmes nues pourrait laisser croire le contraire. C’est faux. Une étude récente montre le retour puissant de la pudeur. Nous y reviendrons. Contrairement à la publicité qui pratique la « désublimation répressive » les humains de chair et de sang semblent enclin à l’austérité. Il faudrait mettre à part l’adolescence comme période particulière de construction de l’identité qui peut expérimenté des registres vestimentaires les plus variés.

* Le vivre dénudé est menacé par les « coincés »

Le port de la burqa comme le voile islamique très englobant favorise la pudibonderie, du moins un sentiment de pudeur plus élevé. En même temps le discours de liberté qui a soufflé dans les débats discours renforcé à grands coup d’articles juridiques divers ( ) a renforcé un fort relativisme culturel qui n’a que pour exception les pratiques violentes et les revendications communautaristes ( ). De ce relativisme culturel il suit que la stigmatisation du nudisme apparaît comme une incongruité ( ).

Sans plaider pour le nudisme partout, il reste que devoir se contorsionner pour cacher son sexe ou ses fesses pour mettre son maillot de bain m’a toujours paru ridicule. Je ne parle pas là de se « pavaner » nu devant autrui mais simplement de pouvoir se changer naturellement sans devoir faire attention à ne pas choquer la pudeur d’autrui.

* Les autres façons de cacher son corps .

C’est ainsi qu’on voit certaines femmes « cacher » en quelque sorte leur corps par de la maigreur en excès ou par un surpoids très important. Ce propos ne vise pas à défendre un modèle de corps féminin. Mais se détacher des normes elles aussi rigoristes de la mode ne doit pas aboutir à défendre l’effacement du corps par maigreur excessive ou surpoids excessif.

* La critique de la séduction relève d’un autre terrain mais subi les mêmes foudres du rigorisme ambiant.

La séduction n’est pas l’admiration qui porte sur des qualités différentes. Les dites autres qualités n’ont pas pour but d’interdire l’aspect charnel de la séduction. Sauf pour les rigoristes de la chair.

La séduction use de l’aspect charnel. et des menus artifices démocratiques du moment selon les envies : boucles d’oreille, collier, chevelure coupée « mode », vernis à ongle, rouge à lèvre mais aussi avec des vêtements de montrer-cacher : jupes courtes, string apparent, habits suggestifs. La séduction sexuelle privée use plus encore de cet art mineur ( ). Ces artifices non structurels (sans opération chirurgicale) permettent de démocratiser les possibilités de séduction et donc de donner à toutes (et tous) les moyens réels d’entretenir des rapports de séduction au gré des envies.

Les moralistes austères, « coincés » - hommes et femmes - veulent eux limiter les rapports humains à des rapports d’amitié sans aucune interférence de séduction un tant soit peu sexuelle. Ils sont un brin rigide au point de vouloir interdire la mini-jupe, le string et autres artifices de séductions pour immoralité. Il faudrait pour eux vivre caché.

* La publicité et le réel.

Le discours féministe sur la « femme-objet » porte juste pour la publicité mais pas pour les femmes réelles qui doivent rester libre de séduire (ou non) sans contrainte. Une femme qui entreprend de séduire n’a pas à subir soudainement divers propos machistes.

Vouloir constamment être à la pointe de la séduction avec l’appareillage complet de séduction mais sans les qualités qui forcent l’admiration revient à tordre le bâton dans l’autre sens. Il existe aussi une
aliénation à la séduction. Les féministes combattent beaucoup cet aspect là. Trop parfois.

4. – Le « travail de civilisation » : Pour une éducation féministe !

Le « travail de civilisation » serait à mon sens non pas de refouler le désir mais de l’autoriser en le canalisant. Assumer le désir sexuel entre les deux sexes (hétérosexualité) mais aussi entre le même sexe (homosexualité) ne signifie pas passer du verrouillage corporel total des instinct à sa libération sauvage. Il s’agit toujours d’être responsable et respectueux (le resp-resp) dans un cadre de égalitaire et réciproque là ou le consentement n’est pas requis systématiquement. On ne demande pas l’autorisation de voir de parler à autrui .

Rapporté aux considérations précédentes, il s’agit d’apprendre dans un même mouvement à voir la femme et l’être humain, l’objet (sexuel) et le sujet (de droit), l’attirance et l’estime et même l’admiration. Il y a donc un « relationnellement correct de genre » qui vise à laisser plus de place au désir et à la séduction sans jamais oublier qu’il n’y a qu’un seul sexe qui quasiment subit le viol : les femmes. Le viol comme constante historique et transnationale des violences des hommes contre les femmes est une plaie qui ronge la bonne entente entre les deux sexes.

Pour terminer ce parcours en ouverture lire « Sexualité : fondements d’une attitude ouverte : un texte de Max Pagès ».

Christian Delarue

Catalogue des revendications religieuses musulmanes, sexo-séparatistes ou conservatrices ou intégristes.

Contre les 7 promiscuités du monde païen les musulmans communautaristes réclament :

1. des horaires réservés dans les piscines et les gymnases.

2. des cantines séparées. Les travailleurs musulmans non contents d’avoir obtenus des menus confessionnels refusent désormais que « la viande halal soit proposée à côté de plats contenant de la viande »normale« jugée impure ». En clair, ils désirent des cantines séparées et ne veulent plus « s’asseoir à côté de personnes qui mangent du porc ! »

3. des serveuses à « bras couverts » : les femmes de service chargées de servir les plats à la cantine doivent se présenter « les bras couverts ».

4. de ne pas aller à l’entretien d’évaluation si c’est une femme.

5. des femmes médecins dans les services hospitaliers ou les musulmanes doivent se déshabiller car les maris font pression contre les médecins masculins . La pression prend aisément la forme du passage à l’acte physique tant ils deviennent agressifs à l’idée qu’un homme puisse voir leurs femmes.

6. une salle de prière dans l’entreprise qu’il obtiennent en créant des syndicats confessionnels

7. des jours fériés musulmans (ce qui n’est pas impossible mais à condition qu’ils viennent en soustraction de jours fériés chrétiens)