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ALTERMONDIALISME MARXISTE : une critique du repli nationaliste

samedi 21 juin 2025, par Amitié entre les peuples

ALTERMONDIALISME MARXISTE : une critique du repli nationaliste

Le repli nationaliste radical s’entend comme renoncement à changer le monde . Pour lui la solution est dans le séparatisme national. Il ne veut pas ou plus des échanges marchands mondiaux ni des délocalisations d’entreprises à l’étranger mais il ne lutte pas contre le capitalisme pour autant . Pour une large composante il s’agit de construire en quelque sort un capitalisme national plus social et plus écologique, un national-capitalisme. plus démocratique . Il existe une fraction de gauche qui veut « sortir de l’Union Européenne » (1) pour construire un socialisme national et son internationalisme ne se manifestera d’Etat à Etat qu’une fois la construction faite.

L’altermondialisme marxiste, composante de l’altermondialisme, n’accepte pas la mondialisation du capital sous ses trois formes : productive, marchande, financière (la plus globalisée) mais persiste à vouloir une autre mondialisation une mondialisation solidaire et citoyenne fécondée par ce qu’on nommait jadis « l’internationalisme prolétarien » ou si vous préférez un internationalisme des travailleurs et travailleuses des 99% ou plus largement des peuples 99% . En conséquence il combat partout avec le maximum de solidarité internationale le classisme des patronats et des classes financières tant dans le cadre national, que celui européen ou mondial.
Il n’accepte pas plus la mondialisation de l’intégrisme religieux (cf Sophie Bessis jadis) mais il ne donne pas dans le « choc des civilisations » en soutien d’une culture judéo-chrétienne valorisée (critique récente de Sophie Bessis). La critique de l’intégrisme religieux est de droit mais ne doit pas déboucher pas sur l’oppression des croyant-es qui ont des droits et des obligations. Je serais, personnellement, pour que ces croyant-es fécondent leur foi d’une analyse des dominations de classe afin de refuser le classisme qui sévit partout. Mais c’est une autre histoire.
Un certain marxisme s’est fait défenseur de l’Etat et de la Nation sous couvert de Lénine et de lutte anti-impérialiste.
Le même marxisme, ignorant au passage le coeur du matérialisme de Marx, c’est à dire la conflictualité des rapports sociaux intra-nation, celui capital-travail au premier chef mais d’autres encore dont celui hommes-femmes, a fétichisé la nation tout comme l’entreprise au-dessus de ces rapports sociaux. Ces deux entités à majuscule - Nation et Entreprise - sont placées, avec leur dirigeants, bien au-dessus du peuple (compris comme peuple-classe) et des travailleurs et travailleuses qui sont eux eux réifiés, « silenciés ».
Ce marxisme-là est en vigueur en Russie. Il est la suite de la déviation stalinienne du marxisme-léninisme officiel on peut distinguer un marxisme-léninisme critique qui lutte contre tous les impérialismes et un marxisme-léninisme officiel qui reste une doctrine des hommes d’appareil.

Aujourd’hui on voit la dérive se faire à partir du « droit de toute nation à disposer d’elle-même » ce qui donne droit à toute nation opprimée à se séparer de la nation dominante. Cela suppose une analyse de classe de l’oppression (qui est opprimé et par qui ?) et une analyse de classe de l’alternative. Car il ne faut pas que l’alternative soit pire que la situation antérieure. Il y a en quelque un trotskisme culturel (2) qui est vigilant sur ce trajet. C’est à mieux soutenir. A suivre donc...

Il est impossible qu’une libération nationale complète, profitant pleinement à tous les résident-es, surgisse lorsqu’un peuple suit sa classe dominante dans son séparatisme national afin de constituer un Etat capitaliste de classe autonome. L’internationalisme prolétarien n’est pas l’internationalisme des classes dominantes qui embrigade la nation pour ses intérêts de classe.

Point de débat : Il faut se méfier de l’instrumentalisation des valeurs notamment celles démocratiques dès lors qu’elles sont affichées par les classes financiariées et possédantes qui n’entendent en rien participer à une quelconque redistribution sociale. C’est le cas des USA qui est une forte puissance dominante sur la planète et qui s’affiche libérale et démocratique face à la Chine ou la Russie. Il ne s’agit pas de refuser les valeurs mais il ne faut pas être dupe de leur usage. Les USA n’ont cessé d’avancer une transition au capitalisme à l’est de l’Europe sous couvert des droits humains et d’une consommation de masse attractive. Les peuples de l’Est sortant d’un autoritarisme sclérosant ont pu être séduit par ces deux objets attirants sans voir les méfaits du capitalisme prédateur. Il faut savoir prendre les droits humains sans les dispositifs de domination, ce qui n’est pas simple. Il faut refuser la transition au capitalisme néolibéral et avancer vers un éco-socialisme mondial porteur de droits humains.

Par ailleurs, si ce principe de « libre disposition » - qui au passage assimile peuple à nation - peut et doit être appliqué il faut le faire sans oublier que le but des marxistes est la réunification des peuples et des nations (3) et pas le fractionnement et le séparatisme . Enfin la réunification peut prendre plusieurs formes mais elle doit se faire en allant vers le socialisme, c’est à dire dans le maximum d’égalité et de fraternité hors toute hiérarchisation entre les peuples.

Christian Delarue
1) Pour nous l’Union européenne dirigée par des oligarques est à refonder pour la mettre au service des peuples 99% pas du Capital et des 1%

2) Sur le trotskisme culturel :

https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/200625/le-trotskisme-culturel-de-masse

3) Sur ce point qui peut être complexe lire « Découvrir Lénine » de Marina Garrisi (page 99)