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Quel avenir pour la CEDEAO ?

vendredi 9 décembre 2022, par Amitié entre les peuples

« Samedi de l’économie » du 10 décembre 2022

Thème : Quel avenir pour la CEDEAO ?

Visioconférence possible via Zoom

Les intervenant.e.s

  • Madame Aminata Traoré (Mali)
  • Bakary Fofana (Guinée)
  • Moussa Tchangari (Niger)
  • Carlos Cardoso (Guinée-Bissau)
  • Diakalia Ouattara (Côte d’Ivoire)
  • Modérateur : Demba Moussa Dembélé

Introduction

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) suscite beaucoup d’interrogations quant à sa capacité à gérer correctement les crises en son sein. En effet, les décisions prises par le syndicat des chefs d’Etat pour gérer les crises politiques survenues au Mali, en Guinée et au Burkina Faso ont montré les grandes faiblesses du leadership de cette Communauté.

Une gestion calamiteuse des crises politiques dans les pays membres
La gestion des crises politiques dans les pays membres a été un échec cuisant. En effet, l’insistance sur le « retour à l’ordre constitutionnel » comme seule priorité occulte les raisons profondes à la base des crises au Mali, au Burkina et en Guinée. Cette insistance et les sanctions brandies contre les autorités de transition dans ces pays semblent plus obéir aux pressions de puissances extérieures qu’à une analyse lucide de la situation dans la région. Pour ce qui concerne le Mali, il y a même une collusion entre la France et certains membres de la CEDEAO dans les sanctions prises contre ce pays. Ces sanctions illégales et illégitimes, prises sous la dictée de puissances extérieures, notamment la France et l’Union européenne, ont fini de discréditer la CEDEAO.

Les décisions loufoques du dernier Sommet
Lors de leur Sommet du 4 décembre 2022, les dirigeants de la CEDEAO ont encore envisagé des sanctions contre le Mali s’il ne libère pas les soldats ivoiriens d’ici janvier 2023. Mais ces soldats ne participaient pas à une mission de la CEDEAO. C’est un problème bilatéral entre la Côte d’Ivoire et le Mali. Donc, la CEDEAO aurait dû jouer un rôle de médiateur plutôt que de lancer des menaces contre le Mali.

Une autre décision vraiment loufoque est le projet de création d’une force militaire « anti-putsch » ! Quelle serait la composition d’une telle force ? Et comment serait-elle financée ? Probablement, par leurs « partenaires », notamment la France et l’Union européenne. Ce qui aliénerait davantage l’indépendance et la souveraineté des pays membres.

Une autre question fondamentale se pose : une telle force interviendrait-elle contre un putsch anticonstitutionnel, consistant à changer la Constitution pour rester au pouvoir ? Comme l’a fait Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire et comme on soupçonne Macky Sall de chercher à le faire au Sénégal en 2024 !

En réalité, cette force anti-putsch viserait plus à protéger les membres du syndicat de chefs d’Etat qu’à préserver la démocratie.

La monnaie unique mise en veilleuse
Les crises politiques dans les pays membres ont eu un impact négatif sur la mise en œuvre des projets de la CEDEAO. C’est le cas du projet de monnaie unique, l’un de ses projets-phares, qui est en veilleuse et ne sera probablement pas réalisé dans un avenir prévisible. En dehors des tentatives de sabotage par la France, avec la complicité de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, la crise mondiale actuelle, consécutive à la guerre en Ukraine, a assombri davantage l’horizon vers la monnaie unique de la CEDEAO. La plupart des pays membres sont aux prises avec une inflation à deux chiffres et à des déficits budgétaires qui ne cessent de se creuser. Ce qui les éloigne ainsi des critères de convergence inspirés du monétarisme d’un autre âge.

Quel avenir pour la CEDEAO ?
Au vu de ce qui précède et des dernières décisions du Sommet tenu le 4 décembre, il est légitime de s’interroger sur l’avenir de la CEDEAO. Elle se comporte plus comme un syndicat de chefs d’Etat, soucieux de protéger leurs intérêts, que comme institution au service du bien-être des peuples des pays membres. Voilà pourquoi la défiance à son égard ne cesse de grandir. Ses décisions sont souvent ignorées, voire accueillies avec indifférence ou mépris par les pays en transition et l’opinion publique.

De nouveaux axes sont en train de se former entre pays en lutte contre le terrorisme, en particulier entre la Guinée et le Mali. Ce rapprochement tend à donner plus de crédibilité aux rumeurs selon lesquelles le Mali serait tenté de sortir du franc CFA. Les sanctions illégales et honteuses de l’UEMOA, qui ont abouti au gel des avoirs du pays au sein de la BCEAO, pourraient donner des arguments puissants aux partisans de la rupture d’avec le franc CFA.

En tout cas, la confiance n’est plus de mise entre pays membres, notamment entre ceux confrontés au terrorisme et les autres. Des lignes de fracture se sont développées et il semble y avoir un fossé entre ceux qui cherchent à recouvrer leur souveraineté et à consolider leur indépendance et ceux qui restent prisonniers du système de domination néocolonial.

En tout état de cause, la CEDEAO, sous sa forme actuelle, est de plus en plis discréditée et inopérante. Une autre CEDAO est nécessaire, une CEDEAO des peuples avec un leadership capable de défendre ses intérêts fondamentaux et qui refuse de se plier au diktat de la France, de l’Union européenne et de toute autre puissance étrangère.

Agenda

10:45-11:00 : Accueil des participantes/participants
11:00-11:15 : Mots de bienvenue & présentation du sujet
11:15-12:15 : Communications des intervenantes/intervenants
12:15-13:00 : Débats
13:00-13:15 : Résumé & conclusion