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Pour une limite à l’augmentation des revenus et du pouvoir d’achat. Christian Delarue

dimanche 17 janvier 2021, par Amitié entre les peuples

Pour une limite à l’augmentation des revenus et du pouvoir d’achat des riches.

Il importe certes d’augmenter les salaires pour une très large fraction de la population, globalement celle incluse au sein du peuple-classe mais sans doute pas pour la minorité privilégiée du 1% d’en-haut . La limite précise est à débattre. Reste qu’il y a bien ici un fort enjeu, d’une part pour que les revenus modestes et moyens gagnent en pouvoir d’achat et que, d’autre part, les gros revenus gagnent moins .

Ce texte n’aborde qu’un aspect de la question, celle de poser une limite à l’accroissement des revenus pour empêcher que les riches soient encore, toujours et encore, plus riches par effet du classisme (1). Et qu’il y ait ensuite redistribution vers en-bas, mais c’est une autre question, fonction des capacités contributives.

Cette idée est ici rattachée très fortuitement à deux évènements : Dune part l’écoute de COMMENT MACRON ENGRAISSE LES ULTRA RICHES (YouTube) et d’autre part à la lecture de « L’individu et le système : Regard élulien sur le capitalisme » de Joel Decarsin (2012) (lien). Son texte introduit le capitalisme comme seul système économique en service et comme système fonctionnant mal. Nous ne dirons rien de cette introduction afin de passer au regard particulier qui est porté.

L’auteur cite Oscar Wilde « l’homme connait le prix de tout mais la valeur de rien » La politique est submergé par le processus marchand. De ce fait, dont nous sommes d’accord, il en arrive à dire que nous avons tous la « passion du profit » comme si nous étions tous et toutes des capitalistes. Il ajoute pour confirmer son propos que lnous sommes encore dans la défense du sacro-saint pouvoir d’achat. Il est dommage que l’auteur qui critique la « croissance » trouve anormal de vouloir la partager. Il y a là deux choses différentes !

Stratification des possédants : Les ultra-riches (0,1%) , les riches du 1%, les gens aisés des 10%.

On peut de nos jours, au temps de la courbe en K (avec une bifurcation, une courbe étant montante pour les 5% et surtout le 1% et en son sein les ultra-riches (0,1%) et une courbe étant descendante qui frappe celles et ceux déjà victimes de bas salaires), critiquer le fait que certains individus bien placés dans le processus de travail ou dans la finance veuillent gagner plus alors qu’ils ont déjà beaucoup. Trop même puisque le 1% d’en haut est hétérogène sur deux plans, tant horizontalement (stratification des richesses avec des ultra-riches au-dessus des riches eux-mêmes stratifiés) que verticalement (nature très différente des pouvoirs en fonction des statuts des positions structurelles ). Mais on ne saurait contester le fait que celles et ceux qui gagnent peu veulent gagner plus. C’est une question de décence comme le dit INDECOSA-CGT. Et cela concerne plus de 80% de la population, pas que les 10% ou 20% d’en-bas.

Cela renvoie, outre à la nécessité de lutter contre les inégalités sociales et salariales, à une analyse des besoins .

Car si nous cherchons a gagner plus de 2500-2700 euros par mois (et en acceptant de payer plus d’ impôts - IRPP ) c’est que parfois certes nous voulons (pour certain-es, pas tous et toutes) acheter des biens de consommation ayant un prix élevé qui ne sont pas toujours absolument nécessaires (biens de distinction sociale de classe comme la montre de luxe obligée pour les riches) et même qui sont de plus nuisibles ! On retrouve là, plus sérieusement, la discussion avec les écologistes autour de l’automobile qui reste cependant encore très utile à de nombreuses personnes ne vivant pas en ville. Mais la question se pose surtout pour l’achat d’un un bien encore bien plus couteux qu’une automobile et jugé comme très utile soit l’achat d’un appartement ou d’une maison confortable. On peut certes préférer la location qui peut aussi d’ailleurs être d’un prix élevé dés lors que l’habitat devient plus grand. Un loyer de 800, 900, 1000 ou bien plus suppose des revenus conséquents pour ne pas être insolvable en fin de mois et même en milieu du mois ! Dans certaines grandes villes les prix d’acquisition sont particulièrement élevés, beaucoup trop élevés même. Cela suppose donc mécaniquement de gagner des revenus élevés, très supérieurs à ceux précédemment cités au début de ce paragraphe (2500-2700).

C’est sur ce secteur immobilier de consommation lourde, avec appel nécessaire à l’épargne et aux emprunts bancaires, que se créee une dynamique perverse de poursuite lucrative et travailliste . Deux points ici à souligner : Nous parlons de l’HABITATION PRINCIPALE qui n’est pas un placement, comme le dit l’INSEE, mais un bien tout à la fois couteux et nécessaire. Les résidences secondaires sont elles un placement (soit pour du locatif, soit pour soi en bord de mer ou en montagne - ou les deux). Il ne faut jamais confondre résidence principale et résidence(s) secondaire(s) dans les questions qui nous occupent. Dans les histoires de contenus patrimonial il faut signaler deux préjugés : On peut être pauvre en revenu perçu (car sans emploi) mais se trouver à vivre dans une résidence principale (d’un certain prix) issue de l’héritage de ses parents . Inversement on peut disposer sur le tard de revenus mensuels confortables mais n’avoir aucun bien immobilier à soi, et pas plus de valeurs actionnariales. Second point, pour tous les individus ou familles du peuple-classe l’appel à l’emprunt bancaire est quasiment obligé,

Précisons notre propos sur la dynamique lucrative et travailliste : D’aucuns pourraient aisément considérer à qu’a une période X de leur carrière ils gagnent suffisamment d’argent et que par ailleurs ils ont déjà beaucoup investi dans le travail en terme d’horaires et d’intensité et qu’il serait temps de stabiliser les choses à un niveau raisonnable (hors logique travailliste-capitaliste), en cessant d’« être pied au plancher » sur « l’accélérateur travail-production ». Si on laisse de côté les « addicts du travail » il reste alors tous ceux et celles qui continuent de travailler plus encore pour gagner plus, plus pour acheter enfin cette maison d’habitation principale. On voit bien que le cycle pervers est là. Nous voulons plus d’espace interne au logement (puis moins ensuite en devenant plus âgé) avec le temps (accumulation de biens divers) et plus de confort et les locations deviennent alors elevées. C’est lorsqu’on arrive à un certain niveau de loyer que la décision se prend de passer à un projet d’acquisition immobilière et donc de maintenir recherche de salaires plus élevés (pour le travail salarié) ou des revenus autres plus élevés.

A l’issue de ce bref exposé il y a plusieurs points à discuter :
1 - La nécessaire prise en compte du besoin de logement dans la problématique : Que proposent, à propos du secteur immobilier, les partisans d’une transformation profonde de la société ? A un moment il faut bien une organisation politique ou syndicale qui dise stop au délire des prix très élevés tant pour la vente que pour la location.

2 - Outre le principe - poser aussi une barrière à la revendication de l’augmentation des salaires et des autres revenus - il y a la question du lieu : A quel niveau mettre la barre ? En fonction du triptyque cité « ultra-riches, riches du 1%, gens aisés des 10% nous répétons qu’une barrière à la cupidité et au gain lucratif pourrait être fixé approximativement au niveau supérieur des 99% d’en-bas. L’idée est la suivante : »Vous atteignez le seuil du 1% d’en-haut, alors vous êtes donc riche et çà suffit pour l’accumulation d’argent « . On dirait alors »stop cupidité" ! Mais d’autres veulent la placer plus haut au sein du 1% : le seuil de 20 000 euros par mois est souvent cité (Aurélie Trouvé d’ATTAC notamment mais d’autres encore) et d’autres, au contraire veulent la placer plus bas (comme Pierre Cours-Salies) à 3% ou même 5% (groupe des individus très aisés) voire tout le dernier décile (10%) d’en-haut, ce qui semble beaucoup plus problématique car tous n’ont pas de logement à eux . Or l’acquisition d’une résidence principale est un argument décisif : gagner 3500 euros par mois et payer un gros loyer (dans la dizaine de grandes villes françaises) et vouloir acquérir un bien immobilier apparait normal .

Il importe de plus de reverser vers la société via l’impôt redistributif mais c’est autre chose que notre problématique présente : nous ne sommes pas opposé à ce que le dernier décile paie plus d’impôts ; nous ne sommes pas pour que seul le 1% paie l’impôt même s’il est bon que tout le 1% le fasse s’en y échapper (paradis fiscaux, etc), car ces pratiques d’échappement fiscal sont nuisibles au bon paiement des contributions des classes moyennes.

3 - Il faudrait relier cette revendication à une nouvelle RTT à 32 ou même 30 ou 28 heures de travail salarié (public ou privé) hebdomadaire. Niveau à discuter évidemment ! Il convient de faire en sorte que « tous et toutes puissent participer à la production de l’existence sociale » dans de bonnes conditions et sur de la bonne production de valeur d’usage (transition écologique, refus du carnisme, etc). En régime capitaliste c’est évidemment difficile . Il convient donc de baisser le niveau de l’exploitation de la force de travail en augmentant les salaires d’en-bas mais aussi en baissant le nombre d’ heures légales de travail salarié au lieu de les augmenter au-delà de 35 heures comme le fait une tendance réactionnaire . Il convient d’appliquer le beau principe politique « travailler moins, travailler tous et toutes » fortement mis en avant dans les années 93-94 et suivantes.

4 - Autres revendications : Diminution du poids de la fiscalité indirecte : TIPP, TVA.. . La suppression de la TVA sur les produit de première nécessité (alimentaires et non-alimentaires). Augmentation des minimas sociaux.

Christian Delarue

1) Le CLASSISME de Warren Buffett et des autres... Christian Delarue - Amitié entre les peuples
http://amitie-entre-les-peuples.org/Le-CLASSISME-de-Warren-Buffett-et-des-autres-Christian-Delarue