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Les régimes autoritaires

lundi 17 février 2014, par Amitié entre les peuples

Les régimes autoritaires

HERMET Guy, « L’autoritarisme », in GRAWITZ Madeleine et LECA Jean, Traité de science politique, tome 2, PUF, 1985

A. Définition

1. La Logique de l’autoritarisme

L’autoritarisme caractérise un mode d’exercice du pouvoir qui interdit l’expression publique du désaccord et, ce faisant, pratique un abus constant d’autorité. De la sorte, l’autoritarisme désigne un rapport entre gouvernants et gouvernés qui repose de manière suffisamment permanente sur la force plutôt que sur la perssuasion. Plus perceptiblement, l’autoritarisme pratique un mécanisme de recrutement des dirigeants reposant sur la cooptation et non sur des élections pluralistes. On peut donc parler d’un véritable monopole du pouvoir par les gouvernants, à la nuance près que ceux-ci, contrairement au totalitarisme, n’exigent pas des citoyens qu’ils partagent intimement l’idéologie des gouvernants et peuvent très bien s’accommoder d’un pluralisme qu’ils contrôlent étroitement.

2. Une classe typologique variée

Si l’autoritarisme occupe un espace typologique bien distinct entre la démocratie pluraliste et le système totalitaire, il n’en reste pas moins englobant à l’excès, comme en témoigne les formes diverses qu’il peut prendre. Il est à ce titre intéressant de distinguer d’abord l’autoritarisme pré-démocratique, dont la forme la plus aboutie reste le bonapartisme, de l’autoritarisme post-démocratique, qui se résume en fait au fascisme. Les expériences passées sont également riches en exemples : dictature civile traditionnelle (Espagne de Franco, Portugal de Salazar) ; dictature militaire d’Amérique latine (Chili de Pinochet) et d’Asie du sud-est (Corée du Sud de Park Chung-hee) ; dictature populiste latino-américaine (Argentine de Peron, Vénézuela de Chavez) ; dictature traditionnelle d’Etat décolonisé (Afrique) ; régime nationaliste et socialisant arabe (Egypte de Nasser, Irak de Hussein) ; monarchie islamiste (Arabie Saoudite) ; totalitarisme avorté (Pologne).

B. Délimitation

L’autoritarisme est d’autant plus complexe à analyser qu’il peut donner lieu à diverses approximations conceptuelles. Une clarification s’impose donc afin d’en délimiter les contours.

1. Autorité et autoritarisme

Définir l’autoritarisme nécessite au préalable de le distinguer du concept d’autorité, ce qui n’est pas sans souligner les risques d’une certaine imperfection de la terminologie admise à la fois par le langage courant et par la science politique. L’autorité désigne l’ascendant exercé par le détenteur d’un pouvoir quelconque, qui conduit ceux auxquels il s’adresse à lui reconnaître une supériorité qui justifie son rôle de commandement. Pour Weber, c’est en tant que détenteurs privilégiés d’un monopole de la violence légitimé que les gouvernements revendiquent tous l’autorité. On dira donc sorti de l’approche marxiste — pour qui les gouvernements procèdent tous d’une relation inégale de gouvernants à gouvernés ou dominés, autrement dit d’une relation autoritaire — et dans la mesure où elle apparaît comme légitime, l’autorité revêt une valeur globalement positive. L’autoritarisme désigne quant à lui une forme de gouvernement qui interdit l’expression publique du désaccord. Face à cet abus d’autorité, à cette violence arbitraire, le concept d’autoritarisme sera donc connoté plutôt péjorativement.

2. Illégitimité de l’autoritarisme

L’autoritarisme ne peut se concevoir sans prendre en compte la dimension relativiste qui l’entoure, en ce sens qu’il reste un concept largement marqué par la sensibilité occidentale contemporaine des pratiques légitimes de gouvernement. Si l’autoritarisme est le plus souvent marqué du sceau de l’illégitimité lorsqu’il procède d’une carence du consentement populaire (Chine de Mao, Irak de Hussein, Chili de Pinochet), on objectera que cette situation n’est pas nécessairement présente, un régime autoritaire pouvant fort bien être instauré à la suite d’un plébiscite (Allemagne de Hitler, Iran du Khomeiny). Dans ce cas, l’illégitime provient avant tout d’un rejet de la primauté de la souveraineté politique par les pratiques mises en place une fois au pouvoir. Toujours est-il que le concept d’autoritarisme reste influencé par la norme occidentale, si bien que la philosophie politique est amenée à réfléchir sur la vocation universelle des droits de l’Homme. A l’image de RAYMOND ARON[1], certains auteurs sont parvenus à écarter toute approche normative en montrant que l’autoritarisme pouvait constituer une phase transitoire vers la démocratie. Le régime autoritaire se présenterait alors en artisan du redressement d’une démocratie malmenée ou en constructeur d’une démocratie à édifier, ainsi que le rappellent l’Espagne franquiste ou la démocratisation d’anciens régimes militaires et populistes d’Amérique Latine. Il s’avère donc indispensable, à l’image de BERNARD CRICK[2], de rejeter toute approche de l’autoritarisme en tant qu’« antipolitique » outrageant pour le politiste.

3. Dictature et autoritarisme

Dans son acception initiale la dictature désigne, sous la République romaine, une magistrature suprême d’exception légalement investie à titre provisoire par le Sénat pour faire face à une situation critique dans laquelle les règles ordinaires du gouvernement sont suspendues. Le dictateur est alors considéré comme un homme providentiel et honoré au plus au point. La dictature telle qu’on l’entend aujourd’hui naît avec Auguste (63 av. J.C. - 14 apr. J.C.), qui lui enlève sa limite de durée et son caractère légal. Elle caractérise alors un régime arbitraire qui n’a d’autre frein que la volonté de celui qui exerce le pouvoir — en ce sens, elle se rapproche de la tyrannie. Mais si le vocable dictature est devenu assez synonyme d’autoritarisme, il n’en demeure pas moins que ce dernier repose bien souvent sur un pouvoir collégial où le chef de l’Etat n’agit que comme leader d’un groupe d’intérêts. Si ce n’est dès son arrivée au pouvoir, cette collégialité naît d’un processus de banalisation de son charisme et de subordination de son pouvoir unique à un pouvoir de plusieurs. On soulignera donc que le terme d’autoritarisme s’applique beaucoup mieux que celui de dictature à la réalité politique contemporaine, d’aucuns sont généralement les autoritarismes à reposer sur le pouvoir d’un seul.

4. Totalitarisme et autoritarisme

Si le refus de la compétition électorale caractérise également le totalitarisme, ce dernier présente des discriminants décisifs devant nous amener à écarter toute simplification taxonomique. La dynamique du totalitarisme repose ainsi sur la création d’un homme nouveau destiné à se fonder dans un ensemble social refaçonné et non différencié avec l’Etat. Répudiant le pluralisme tant social qu’idéologique au nom de cette visée unificatrice réalisée sur la base d’un encadrement du peuple et de la culture, le totalitarisme s’efforce donc de gommer la réalité sociale par plusieurs procédés :

 L’élaboration d’une légitimité scientifique justifiant la finalité du projet totalitaire. L’URSS s’appuie le matérialisme historique de Marx afin de légitimer la collectivisation et la planification. L’Allemagne nazie quant à elle reprend l’espace vital de Ratzel et le mythe du surhomme de Nietzsche par un dévoiement évident de leur pensée.

 L’atomisation des individus engendrant, selon HANNAH ARENDT[3], une dépolitisation et une élimination des particularismes socioculturels et des relations interpersonnelles susceptibles de freiner la suppression de la différence entre l’Etat et la société. Par la suite, le totalitarisme prend constamment garde à stopper le retour de groupes identitaires par divers moyens (parti unique et centralisation étatique, terreur policière, propagande).

 Une mobilisation idéologique assurant l’intériorisation d’un référentiel global mis en place pour pallier l’effritement des représentations sociales inhérentes à l’atomisation des individus, ceux-ci étant disponibles pour de nouveaux modèles de socialisation. En terme de ritualisation, une logique de répétition (discours, chant, questions limitées, applaudissement) dont la formalité empêche l’affirmation de groupe sociaux est mise en place.

B. Discriminants de l’autoritarisme

L’autoritarisme idéal typique repose sur un certain nombre de discriminants permettant de l’isoler de la démocratie et du totalitarisme, les deux autres régimes politiques possibles.

1. Un verrouillage institutionnel étroit : empêcher toutes expressions publiques d’un désaccord

La première préoccupation de dirigeants soucieux d’empêcher toute remise en cause de leur présence au pouvoir réside dans la mise en place d’un verrouillage institutionnel étroit.

 Une interdiction de toutes activités politiques organisées (partis, syndicats, associations, comités d’intellectuels), ce qui inclut bien évidemment l’absence d’élections. Cette politique nécessite soit l’inexistence dans la société d’une tradition démocratique (Arabie Saoudite), soit l’instauration d’un climat de violence étatique visant à l’intimidation ou la suppression des opposants les plus téméraires (Grèce des colonels), voire les deux. On notera cependant que cette manière d’opérer est relativement drastique, ce pourquoi le procédé suivant est beaucoup plus envisageable.

 Un contrôle étroit de la vie politique assurant une canalisation de l’expression populaire et un renouvellement de la confiance. Cette politique nécessite soit l’instauration d’un pseudo-pluripartisme (Amérique Latine), soit l’instauration d’un parti unique (Afrique) ne tolérant aucune opposition. Si des élections ont effectivement lieu, celles-ci ne concernent bien souvent pas le chef effectif du régime mais un personnage symbolique tel un monarque héréditaire (Maroc d’Hassan II) ou un guide investi d’un mandat à vie (Lybie de Kadhafi) ou / et sont si étroitement contrôlées, voire truquées, qu’elles permettent de reconduire le pouvoir en place.

2. Un contrôle total de l’Etat et des médias : pérenniser le pouvoir et lui construire une légitimité

La prohibition de l’expression publique du désaccord ne saurait se concevoir sans un contrôle de l’Etat et des médias d’informations afin pérenniser le pouvoir et lui construire une légitimité.

 Un contrôle total de l’appareil d’Etat, du sommet jusqu’à la base, assurant la pérennité du pouvoir. Ce contrôle dépend cependant du degré de différenciation politique de la société. Ainsi dans les sociétés politiques encore peu différenciées, on privilégie des mécanismes d’allégeance familiales ou tribales, ou bien des réseaux clientélistes fondés sur la réciprocité des services rendus. Dans les sociétés politiques différenciées et administratives, on privilégie l’institutionnalisation d’un parti unique permettant d’assurer la sélection des cadres fidèles et l’encadrement extérieur des masses par la violence physique (appareil de répression) et symbolique (propagande).

 Un musellement étroit des médias (presse, radio, télévision) puis leur utilisation par le recours à divers procédés (propagande, fausses informations) afin de légitimer le pouvoir en place. Il convient cependant de rappeler que les médias d’informations conservent une liberté d’expression dans les domaines qui n’ont pas trop de connexions avec la politique (culture, religion, loisirs). Cela s’explique par le fait que, contrairement au système totalitaire, le régime autoritaire n’ambitionne pas de conquérir les esprits mais seulement d’assurer l’ordre public intérieur, c’est-à-dire une façade d’immunité. Les techniques de mobilisation de masse (endoctrinement de la jeunesse, « éducation » politique au travail) sont donc faiblement employées, même si la propagande est au cœur de l’ambition légitimatrice du pouvoir.

3. Un relâchement contrôlé de la domination : fournir un échappatoire à l’emprise du régime

Si l’autoritarisme est institutionnellement monolithique, il pratique néanmoins un relâchement contrôlé de sa domination dans certaines sphères de la vie sociale, du moins tant que le pouvoir n’est pas contesté, afin de fournir à la population un échappatoire qui lui permet de quitter provisoirement l’emprise du régime.

 Le polycentrisme des pouvoirs correspond à la reconnaisse de l’autonomie d’action de certaines institutions économiques ou sociales sur la base d’un pacte — tacite ou explicite — de soutien réciproque. Pour PHILIPPE C. SCHMITTER[4], les régimes autoritaires pratiquent ainsi un « équilibre manipulé de façon centrale entre des hiérarchies institutionnelles égales » telles que l’administration, l’armée, les entreprises, l’Eglise ou certains groupes sociaux. Dans l’Espagne franquiste, l’Eglise joue ainsi un rôle primordial dans la stabilisation du régime. Citons également le rôle du milieu des affaires dans le Chili de Pinochet ou la place de l’allégeance tribale dans l’Irak à partir de 1980).

 Le pluralisme des idéologies correspond à la reconnaissance d’une expression politique dans les secteurs qui coïncident avec les orientations du pouvoir. En effet, même si l’autoritarisme rejette la mise en concurrence électorale, il peut fort bien accepter, selon JUAN J. LINZ [5], un « pluralisme limitée », dès lors que celui-ci permet un élargissement contrôlable de l’assise du pouvoir au prix de l’acceptation d’une opposition en quelque sorte consentie. Par conséquent, le régime autoritaire ne va appliquer qu’une répression sélective à l’encontre des seuls adversaires actifs et déclarés du régime, tout en surveillant étroitement les ennemis supposés composant ce pluralisme limité.

C. Types de régime autoritaire

Plus qu’un autoritarisme, la science politique est amenée à étudier une multitude de situations autoritaires dont l’analyse ne saurait ignorer les fondements tant historiques que sociologiques.

1. L’autoritarisme patrimonial

MAX WEBER[6] avait déjà proposé le terme de gouvernement patrimonial pour caractériser le mode de domination traditionnel dans lequel le chef ne distingue pas ses biens privés de ceux de l’Etat au sein d’une société encore peu différenciée. Dans la lignée de Weber, SHMUEL N. EISENSTADT[7], propose le « néo-patrimonialisme » pour caractériser la prééminence du pouvoir politique sur des sociétés dépourvues d’autonomie propre, sociétés dans lesquelles les détenteurs de l’autorité pourraient s’arroger tous les pouvoirs d’allocation des biens matériels, des positions statutaires et des représentations symboliques, et cela sans formalisme décisionnel excessif. Pour consolider les allégeances et stimuler le loyalisme de ses soutiens, le pouvoir alloue aux groupes sociaux des ressources (promotions, biens matériels et privilèges) les détournant du désir d’expression politique. Un tel concept rend particulièrement bien compte des situations autoritaires arabo-musulmanes, dans lesquelles le pouvoir est entre les mains d’une oligarchie définie par des liens familiaux, géographiques ou religieux (monarchies du Golfe, Syrie de Assad, Irak de Hussein), ou africaines, dont le dirigeant se comporte comme si l’Etat constituait son patrimoine personnel (Zimbabwe de Mugabe ; Zaire de Mobutu ; Centrafrique de Bokassa).

2. L’oligarchie clientéliste

L’oligarchie clientéliste caractérise un régime à façade parlementaire et pluraliste qui, sous la menace d’une révolution des masses populaires, bloque la voie démocratique à l’alternance du pouvoir de forces politiques issues du monde des affaires et de la propriété terrienne. En marge d’un Etat jugé incapable à lui seul de garantir la stabilité politique, des liens clientélistes se nouent sur la base d’une démocratie apparente jouant surtout le rôle d’ajusteur pacifique des intérêts des diverses factions de l’oligarchie (en Amérique Latine, l’aristocratie foncière et conservatrice intérieure s’oppose à la haute bourgeoisie marchande et côtière). Ainsi se met en place, selon JEAN LECA et YVES SCHEMEIL[8], une « alliance dyadique verticale entre deux personnes de statut, de pouvoir et de ressources inégales, dont chacune […] juge utile d’avoir un allié supérieur ou inférieur à elle-même ». Inutile néanmoins d’interpréter cette relation inégale comme une décision volontaire motivée par un calcul utilitariste. Bien au contraire, l’oligarchie clientéliste reflète une situation où la servitude est en quelque sorte institutionnalisée entre un petit groupe de ruraux éduqués et un vaste groupe qui se caractérise par la pauvreté et l’isolement au sein de microsociétés segmentées et dépourvues d’une conscience de classe. L’oligarchie clientéliste a donc des composantes sociologiques et historiques évidentes. En Amérique Latine, ou elle s’est le plus manifestement développée, elle est le produit de l’évanouissement de l’Etat centralisateur avec l’indépendance. Elle prend ainsi place sur des structures agraires mises en place par les Espagnols et entretient des relations clientélistes entre un petit groupe occidentalisé de propriétaires terriens latifundiaires et une vaste paysannerie salarié ou minifundiaires.

3. Le bonapartisme et le populisme

Analysé par ANTONIO GRAMSCI [9], le bonapartisme est un modèle de dictature dites « libérale » qui s’appuie sur un césarisme démocratique. Il Trouve sa plus belle réalisation dans les deux régimes napoléoniens que la France a connus au XIXe siècle et, dans une moindre mesure, dans l’Allemagne bismarckienne. Il conjugue alors la prééminence absolue du pouvoir exécutif sous l’égide d’un empereur à vie, la référence aux valeurs patriotiques en vue d’obtenir un consensus populaire le plus large possible et la pratique répétée du suffrage universel de type plébiscitaire ou législatif. On comprend donc que le bonapartisme repose largement sur une dynamique populiste lui conférant une légitimité certaine et permettant d’accompagner sans grandes oppositions des mutations d’ordre culturel (premier Empire) ou économique (second Empire). Il se conçoit alors lui-même comme un agent du changement pré-démocratique, comme un vecteur de la modernisation et de l’apprentissage contrôlé et progressif du suffrage universel, mené sous l’égide d’un Etat tutélaire dégagé des contraintes partisanes et parlementaires. Le bonapartisme repose donc sur une ambiguïté parfaitement résumée par Napoléon III : « La liberté n’a jamais aidé à fonder d’édifice durable ; elle le couronne quand le temps l’a consolidé ». Toutes ces précisions anticipent les régimes de type nationaliste et populiste qui s’affirment au cours du XXe siècle sous la direction d’un militaire charismatique s’appuyant sur la classe moyenne afin de moderniser à marche forcés la société (Turquie de Kemal ; Egypte de Nasser ; Irak de Hussein ; Algérie de Boumedienne). Le chef s’appuie alors sur le triptyque charisme – nationalisme – populisme légitimant et permettant le processus modernisateur. Dans ces pays, l’armée constitue par ailleurs le principal canal de mobilité social pour les couches modestes dont sont issus les dirigeants.

4. La bureaucratie autoritaire

Reprenant l’apport wébérien sur la bureaucratie rationnelle-légale, GUILLERMO O’DONNELL[10] propose la « bureaucratie autoritaire » en tant qu’autoritarisme moderne et rationnel. Une première variante concerne les Etats conservateurs et corporatistes dans lequel le pouvoir bureaucratique étatique délègue certains de ses attributs à des corps intermédiaires de la vie économique, culturelle et professionnelle (Portugal de Salazar ; Mexique de Cardenas ; régimes militaires latino-américains). Une seconde variante de la bureaucratie autoritaire concerne les régimes progressistes et socialiste. L’Etat et le parti unique monopolisent alors la vie politique, sociale, économique et culturelle et deviennent de simples machines bureaucratique au service de la pérennisation des cadres (URSS de Brejnev), l’ambition révolutionnaire étant abandonnée. Toujours est-il que des accommodements explicites (Pologne) ou non (RDA, URSS) peuvent très bien s’enclencher avec des forces sociales indépendantes (Eglises, intellectuel dissidents, nationalistes), bien que le monolithisme politique les rendent quelque peu limités.

[1] Raymond Aron, Démocratie et totalitarisme, Gallimard, 1965.

[2] Bernard Crick, In Defense of politics, Penguin Books, 1971.

[3] Annah Arendt, Le système totalitaire, Editions du Seuil, 1972.

[4] Philippe C. Schmitter, « The Portugalization of Brazil » in Alfred Stephan, Authoritarian Brazil, Yale University Press, 1973.

[5] Juan J. Linz, « Opposition in and under the authoritarian regine », in Robert A. Dahl, Regimes and oppositions, Yale University Press, 1973.

[6] Max Weber, Economie et société, 1922.

[7] Shmuel N. Eisenstadt, Traditional patrimonialism and modern neopatrimonialism, Sage Publications, 1973.

[8] Jean Leca et Yves Schemeil, Clientélisme et néo-patrimonialisme dans le monde arabe, International Political Review 4, 1983.

[9]

[10] Guillermo O’Donnell, Modernization and bureaucratic-authoritarianism, Berkeley Institute of International Studies, 1973.

Source de ce texte :

http://memscpobdx.pagesperso-orange.fr/fichelect/lesregimesautoritaires.html