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L’Urgence : Scinder les banques S George

mercredi 23 janvier 2013, par Amitié entre les peuples

L’Urgence : Scinder les banques

Susan George, Présidente d’honneur d’Attac-France, membre du Collectif Roosevelt 2012

En entrant à la Maison blanche en 1933, Franklin Roosevelt s’est empressé de signer une bonne douzaine de lois dont la plus importante était le Glass-Steagall Act, qui imposait la séparation des banques de dépôt et des banques d’affaires car leur fusion avait créé des ravages et précipité la crise de 1929.
La banque commerciale est bien connue : elle tient votre compte personnel et parfois vous accorde un crédit, alors que la banque d’affaires lève des fonds pour les grandes entreprises, s’occupe des introductions en Bourse et émet des titres d’entreprises ou d’Etats ; garantit des fusions-acquisitions et spécule sur des produits dérivés.

La banque de dépôt est rémunérée par les intérêts sur ses prêts et par les frais perçus sur les comptes. La banque d’affaires facture des honoraires et des commissions ; elle opère aussi sur les marchés pour son propre compte. Ce sont deux animaux d’espèces complétement différentes mais, dans les années 1990, les banquiers américains pestaient contre leur séparation en dépit du fait que la loi Glass-Steagall séparant ces deux activités avait préservé les USA de toute crise bancaire depuis son instauration.

Après de nombreuses tentatives et moyennant quelques 500 millions de dollars dépensés en lobbying et en contributions aux campagnes électorales de membres-clé du Congrès, les banquiers sont arrivés à leurs fins en 1998 : Glass-Steagall était enfin abrogée et le jeu frénétique de fusions-acquisitions pouvait commencer.

Notez tous les avantages qui découlaient de l’abrogation : les banques sont très vite devenues d’immenses machines abritant banque de dépôt, banques d’affaires, opérations de bourse en tous genres et assurances sous un même toit et une même direction. Des banques « trop grandes pour faire faillite », selon l’expression consacrée, qui peuvent désormais prendre des risques auparavant interdits puisque l’Etat et les contribuables seront bien obligés de les sauver en cas de malheur.

Suite à l’abrogation de Glass-Stegall, il n’a fallu que huit ans aux banques pour déclencher la crise sans précédent qui nous empoisonne depuis 2007. Pour une fois, la France a devancé les Etats-Unis sur le chemin de la libéralisation à outrance et vit depuis 1984 sous le régime de la fusion des banques commerciales et d’investissement.

« Mon adversaire c’est la finance »

François Hollande a donc raison de faire discuter en février à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à séparer les banques de dépôt et les banques d’affaires. Le Président de la République imagine peut-être honorer ainsi une promesse de campagne (« Mon adversaire, c’est la finance » affirmait-il au Bourget en lançant sa campagne). Si c’est le cas, l’intention est louable. Hélas, le résultat sera nul -ou pire que nul puisque c’est à tort que l’on se croira protégé. Car cette loi, si elle n’est pas sérieusement amendée, ne séparera rien du tout ou presque. Les activités spéculatives, y compris sur les denrées alimentaires de base, pourront continuer. Les produits dérivés continueront à proliférer. Le flash trading aussi.

La filialisation ne règle aucun problème

La loi prétend écarter les activités les plus dangereuses en les « filialisant » mais ces filiales seront toujours sous un même toit. N’importe quelle filiale peut pourrir l’ensemble comme de nombreux exemples le montrent : le numéro 1 mondial de l’assurance, AIG, n’est-il pas tombé parce qu’une petite filiale française d’une petite filiale anglaise avait accumulé des risques colossaux ? C’est à cause de l’aveuglement de quelques traders dans la filiale d’une filiale d’AIG que le gouvernement américain a du débourser 130.000.000.000 de dollars en urgence pour éviter un effondrement de toute l’économie américaine… Filialisation ou pas, l’argent des contribuables continuera à servir d’assurance tout-risque pour quelques milliers de traders et de cadres dirigeants de banque. Et les banques ne rempliront pas leur fonction première qui est théoriquement de prêter aux entreprises, notamment aux PME, et aux ménages.

Imposer une vraie séparation

Le début de la sagesse consisterait à séparer totalement les activités de dépôt et de crédit d’une part et les activités d’investissement et spéculatives d’autre part. Bien d’autres mesures -telles l’obligation pour les banques de financer une transition verte- seraient les bienvenues mais il faut aujourd’hui parer au plus pressé. Pour vous faire entendre de nos député(e)s, signez et faites signer par vos ami(e)s l’appel sur www.monadversairecestlafinance.fr .

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