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Régimes politiques, science et classifications

jeudi 20 octobre 2011, par Amitié entre les peuples

Régimes politiques, science et classifications

A propos des anciennes et nouvelles classifications des régimes politiques.

Il est dommageable qu’au prétexte de science (politique) on ne fasse
plus état dans les cours de droit que des différents régimes politiques
occidentaux : régime d’assemblée, régime parlementaire, régime
présidentialiste, semi-présidentialiste, ect. . Le césarisme et le
bonapartisme y sont peu d’ailleurs référencés comme toujours présent
sous l’apparence des choses y compris avec l’ajout d’un « néo » précisant les particularités nouvelles d’une caractérisation d’un régime
contemporain. Est-ce que la science politique n’a pas pu valider ces
caractérisations ? Ainsi un Maurice Duverger a du fait de sa notoriété
permis la diffusion de la notion critique de « monarque électif » ou même
un « monarque républicain »(un monarque certes non héréditaire et
constitutionnalisé) en usant certes des vieilles classifications mais
c’est pour en souligner le caractère idéologique et non scientifique.

Qu’en est-il au juste ?

En fait ce n’est pas les distinctions premières qui sont fausses mais
plutôt ce que l’on appelait les modes de dégénérescences de l’autorité
qui apparaissent aujourd’hui largement idéologiques. La distinctions des quatre figures du pouvoir politiques suivantes semble globalement vrai et donc recevable scientifiquement :

 la monarchie, (pouvoir d’un seul),

 l’oligarchie (pouvoir d’une minorité),

 l’ochlocratie (pouvoir d’une majorité),

 la démocratie (pouvoir de tous).

Mais il s’agit d’une « mise à plat » qui écrase le montage valoriel des philosophes anciens.

Prenons par exemple Aristote. Il distinguait 1 la monarchie
qui peut tourner en en tyrannie ; 2 l’aristocratie qui devenir
oligarchique ; 3 la politie (démocratie modérée) qui dégénérer en
démagogie. Aristote ne voit pas et probablement ne peut pas voir à l’époque que c’est l’oligarchie qui au « principe » des organisations et que les subdivisions participent des modalités de l’oligarchie.

Nous restons cependant assez tributaire de ce mode de classement puisque Montesquieu le célèbre théoricien de la séparation des pouvoirs l’a repris en l’aménageant tout autrement sous trois formes de gouvernement : le républicain, le monarchique et le despotique. Il distingue le républicain démocratique et le républicain aristocratique. Il a raté le coche de la reprise de l’oligarchie qui va faire plus tard l’objet de la recherche scientifique à propos des organisations en général.

Aujourd’hui, la critique démocratique est forte. Avec Luckacs la démocratie se définit comme démocratisation soit un processus à constamment renouveler contre précisément l’oligarchie. Dès lors dire qu’une oligarchie de type aristocratique est légitime car fondé sur le mérite alors qu’une oligarchie de type ploutocratique fondée sur l’argent ne l’est pas manifeste un choix particulièrement idéologique digne d’un Tocqueville que le débat démocratique permet certes de défendre voir de légitimer (c’est le but) mais qui est manifestement
anti-démocratique.

Un regard lucide donc critique pourrait soutenir aisément que nous
vivons dans des « démocraties oligarchiques » très oligarchiques et fort
peu démocratiques puisque le peuple citoyen ne fait que choisir des élus dans le champ politique stricto sensu et il s’agit le plus souvent d’
élus soumis volontairement (de droite) ou involontairement (de gauche ?) à des puissances économique ou financière non élues.

On ne saurait - on l’a dit - défendre une bonne période aristocratique du temps des « 30 glorieuses » et théoriser une dégénérescence ploutocratique du temps des « 30 piteuses » puisque cette dégénérescence a pour racine l’insuffisance de démocratisation et de socialisation des institutions républicaines en France. Lire ici :
« OLIGARCHIE MAINTENUE : De l’aristocratie fordiste à la ploutaucratie
néolibérale
 » (à propos de : « L’oligarchie française : de la méritocratie des 30 glorieuses à l’oligarchie des 30 piteuses »).

Il reste à défendre défendre une république sociale voire socialiste et en tout état de cause démocratique contre une « république » oligarchique et libérale qu’elle soit aristocratique ou ploutocratique.

Christian DELARUE

La Monarchie républicaine, ou comment les démocraties se donnent des rois
livre de maurice duverger

http://www.revue-pouvoirs.fr/IMG/pdf/78Pouvoirs_p107-120_monarchies_republicaines.pdf

"OLIGARCHIE MAINTENUE : De l’aristocratie fordiste à la ploutaucratie
néolibérale
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1870