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Rebond sur Copé : Quelle représentation des couches populaires ? C Delarue
dimanche 14 avril 2013, par
Rebond sur Copé : Quelle représentation des couches populaires ?
09 avril 2013 par Christian Delarue
Quelle représentation des couches populaires ? Rebond sur un propos de F Copé (1).
« Comment est-ce qu’on représente correctement la nation si on interdit que soient représentés à l’assemblée les entrepreneurs les commerçants, les artisans, les avocats... », a énuméré Copé, qui exerce cette dernière profession. Comme on lui faisait observer que c’était surtout les avocats d’affaires qui avaient été pointés, le responsable UMP a tranché : « je ne sais pas ce que c’est. C’est un peu facile cette formule, un avocat c’est un avocat », et il y a une cinquantaine au Palais-Bourbon, a-t-il dit.
Un tel propos a le mérite de dire crûment que pour certains la Nation, concept abstrait éloigné de celui de peuple social potentiellement participant ou de peuples à cultures différentes, est correctement représentée que si certaines couches sociales favorisées sont massivement présentes dans les institutions politiques de la dite Nation. On retrouve là une vieille conception élitiste et censitaire de la Nation qui perdure malgré les conquêtes démocratiques de la gauche et qui lui a souvent donné un contenu « bourgeois » fort critiqué au titre de la domination de classe maintenue.
Le bas-peuple - les couches sociales modestes sont le nom moderne de la populace - ne doit y avoir qu’une place secondaire, le strapontin même, car il ne saurait gouverner correctement. Le bas-peuple est trop préoccupé de justice sociale (ce qui n’est pas toujours vrai) et pas assez de la croissance et de la dynamique du « bâteau France ».
Relancer la question du lien entre le social et le démocratique.
Un tel propos relance surtout plusieurs questions : celle de la rémunération des élus, celle du temps et des moyens à dégager pour faire campagne, et surtout la plus fondamentale : la question de la représentation des différentes couches populaires dans les institution politiques dites, à tort, représentatives (le terme délégataire est plus correct). Comment faire pour que l’Assemblée nationale ou le Sénat ne soient pas composés massivement de professions libérales, de patrons et d’enseignants - ce qui lui donne un aspect démocratie déléguée à la petite-bourgeoisie avec tous ses défauts - alors que la société française est massivement salariée et produit des biens et services grâce à des ouvriers et employés du privé et du public, en général peu présents dans les instances politiques. Côté professions indépendantes, la petite paysannerie est non représentée au détriment des notaires et avocats, professions historiquement appelées à la conduite des affaires publiques.
La première chose à faire est de reprendre l’analyse de cette composition sociale pour un état des lieux rigoureux et pour vérifier que les couches sociales modestes - ouvriers, employés, techniciens de base - y sont bien absentes. La seconde serait de distinguer l’Assemblée nationale du Sénat pour porter l’essentiel du changement sur le Sénat, sans oublier l’Assemblée nationale. Alors que la critique des institutions faite du point de vue de la démocratie demandait l’abolition pure et simple du Sénat au profit d’une seule chambre, la critique plus récente propose sa transformation par introduction du tirage au sort. Ici on peut trouver plusieurs propositions. Un débat est donc nécessaire.
La critique doit viser aussi les autres instances . Le Président de la République doit-il être toujours élu au suffrage universel direct ? La réponse positive doit être remise en cause. Ce qui entraine un réexamen de l’ensemble du montage institutionnel. En adoptant une autre solution il ne faudrait pas réintroduire des défauts anciens que l’histoire des institutions a mis en exergue.
Une autre démocratie est possible.
Il s’agit d’une question complexe mais aussi d’une question citoyenne à ne pas laisser aux experts. Se réapproprier collectivement la démocratie est un enjeux à l’époque ou sa version la plus connue de part le monde - la démocratie délégataire - est en régression face à la montée des gouvernances oligarchiques. Soyons optimiste : Plus l’oligarchie va perdre du terrain face à « nos » interventions (nos = membres du peuple-classe) et plus la démocratie et le social reprendront du contenu et du sens.
Voter ne suffit pas. Occuper la rue pour résister aux coups et plus positivement intervenir partout ou c’est possible pour enclencher le changement sont des actions nécessaires. Encourager surtout l’intervention de celles et ceux qui d’ordinaire s’accomodent de la démocratie délégataire. Les capacités sont là mais bridées par le système de démocratie restreinte.
Christian DELARUE
1) Copé critique le « voyeurisme et l’hypocrisie » des déclarations de patrimoine - Libération