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Qui veut la peau de la recherche publique ? - Mouvements

mercredi 9 janvier 2013, par Amitié entre les peuples

Qui veut la peau de la recherche publique ? - Mouvements

Depuis plusieurs années, une idée revient régulièrement parmi les responsables politiques et les grands commis de l’État : les établissements publics de recherche, du fait d’être à la fois agences de moyen et d’évaluation, ne seraient pas en mesure d’organiser une recherche « réellement » compétitive. Ni capables d’inciter les cher-cheurs à travailler suffisamment pour permettre à la France de participer à la « bataille pour l’intelligence ». Cette idée sonne comme un écho à un cliché communément véhiculé dans différentes parties de l’espace social : le système public français est inadapté aux conditions requises par la concurrence internationale, en partie parce que ses « serviteurs » ne sont pas suffisamment « performants ».
Ces discours et les dispositifs pratiques visant à transformer les mondes du travail au sein de la recherche publique sont révélateurs d’enjeux extrêmement importants sur au moins trois plans. D’abord, ils traduisent la manière dont les gouvernants perçoivent le lien entre recherche et politique : qui décide – et pour quoi ? – des moyens et des buts des sciences ? Ensuite, ils renseignent sur la manière de mener les changements souhaités. À cet égard, l’étude de la recherche publique offre l’occasion de se pencher sur les effets de processus initiés depuis plusieurs années dans le cadre de ce que l’on a nommé la « modernisation » puis la « réforme » de l’État. Enfin, ils éclairent d’une manière crue les dynamiques santé/travail vécues par beaucoup de fonctionnaires (et de salariés du privé) : dans quelle mesure le management top/down peut-il ne pas provoquer des réorganisations ratées, une déstabilisation des collectifs, une baisse de la qualité du travail et une multiplication des altérations de la santé des travailleurs ?

Le dossier proposé par la revue Mouvements souhaite offrir un éclairage inhabituel sur certaines tendances lourdes concernant la majorité des services publics, bien documentées dans certains secteurs (télécommunications, énergie, etc.), mais paradoxalement moins étudiées pour le cas des établissements scientifiques. Difficile en effet de comprendre les mouvements institutionnels affectant le monde scientifique sans faire référence à la volonté du pouvoir politique, réitérée depuis près de quarante ans, de prendre en charge les questions d’organisation, de fonctionnement et de financement des administrations publiques dans le but de « moderniser », de « réformer » l’État. Un auteur comme Philippe Bezes a déjà rendu compte de l’histoire complexe de ces tentatives récurrentes de « rationalisation » des fonctions étatiques, dont les derniers avatars sont regroupés sous l’appellation générique de New public management (NPM).

http://www.mouvements.info/Qui-veut-la-peau-de-la-recherche,633.html