PEUPLE DOMINÉ : Sortir du flou. Christian Delarue

PEUPLE DOMINÉ : LEQUEL ?

Vu cette expression « peuple dominé » : Mais quel peuple (est dominé) ? De quelle domination ? Par qui (interne ou externe ?) La variété des sens est très importante.

I - Peuple dominé : 3 modalités de domination sont possibles :

Politiquement ? Ethniquement ? Socialement ?

1) Peuple dominé politiquement c’est le peuple-nation de France dominé pas l’UE par exemple. Ou par les USA. Ou par la Chine et la Russie ensemble. De l’impérialisme politique mélangé avec de l’impérialisme économique avec une part de résistance.

2) Peuple dominé ethniquement c’est la thèse d’extrême-droite du « grand remplacement » du peuple-nation en mode identité culturelle historique par des populations africaines (contre la nation blanche-catholique).

3) Peuple dominé socialement et économiquement  : oui mais encore
a) En externe : renvoi à l’impérialisme économique
b) En interne : deux questions :
– dominé par quoi ? par la domination de classe c’est à dire par le classisme
– dominé par qui ? Par la classe dominante ou les classes dominantes.
On évoque là le peuple-classe ! Donc poursuivons :

II - Nier le peuple-classe et cacher la domination de classe ?

On est contraint de préciser mieux car « peuple dominé » est encore plus flou que peuple-classe dont on sait qu’il est une très large fraction du peuple assimilé au 99% d’en-bas.

Variante parfois : certains évoquent les 90% d’en-bas car la sous-bourgeoisie aisée (les 9% sous le 1%) passerait en tant que « classe d’appui » du côté de la domination de classe contre celles et ceux en-dessous, sans être pour autant dans la classe dominante du 1%. On distingue ici l’action de domination (le classisme) de l’identité de classe : la classe d’appui n’est pas la classe dominante : elle fait juste le « sale boulot » classiste d’exploitation capitaliste et les autres dominations hors travail. Mais cette complexification ne change rien au principe général. La barre supérieure reste haute que ce soit 90 ou 99%.

En vérité ,le peuple-classe montre un en-haut dominateur : la classe sociale dominante. C’est bien le point fort de cette notion. Et on sait cela depuis au moins le « we are 99% » .
La critique ordinaire de ce terme est : Et après que fait-on ? Car on sait tous que le peuple-classe est riche de sa diversité interne et de ses contradictions . On répondra que c’est le job des syndicats et des « gauches » de faire converger les divers fractions interne du peuple-classe.
On répondra aussi qu’il existe un féminisme des 99%.

Christian Delarue