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Non au « travail » militant le dimanche ! C Delarue

vendredi 26 juin 2009, par Amitié entre les peuples

Non au « travail » militant le dimanche !

(...et du travail salarié)

Les tâches bénévoles et militantes, celles non exercées dans un cadre syndical, les plus prenantes sont très souvent le fait des retraités, des chômeurs, ou des enseignants, des étudiants. Les raisons sont connues : plusieurs réunions par semaines le soir, des permanences à assurer en journée, des comptes-rendus à rédiger, des interventions à préparer. Ceux ou celles qui ne relèvent pas de ces catégories socioprofessionnelles font la même chose mais le matin, le soir, la nuit et le week-end ! Ils ne se plaignent pas puisqu’ils l’ont voulu et en général ils aiment ce qu’ils font.

Il arrive pourtant qu’il y ait surdose.

Réunion à Paris en semaine à 18h30 avec angoisse de ne pas louper le dernier train du soir. Conseil d’Administration le samedi, réunion de commission le vendredi soir, bureau exécutif en journée la semaine pris sur des congés, parfois quand c’est possible sur des fractions de droits syndicaux (on accomplit une tâche syndicale et une tâche associative complémentaire de la première dans la foulée).

Par ailleurs outre le travail salarié, il y a un minimum de tâches ménagères, de temps à passer avec la famille, les enfants. En général, c’est le dimanche que l’on se retrouve à faire le repassage non fait pendant la semaine, à ranger l’appartement laissé dans un relatif désordre pendant la semaine. C’est aussi le dimanche que se rédige le compte-rendu du CA du samedi.

Les raisons de ne pas tenir de réunion le dimanche matin sont donc réelles. Pourtant il y en a de plus en plus !

En effet, l’expérience semble bien montrer que le nombre de CA en matinée du dimanche augmente. La raison est simple. Les bureaux exécutifs accomplissent des tâches énormes à cause des listes « Internet » et des réunions « skype » sans parler des échanges téléphoniques. Ces BE doivent rendre compte de leur activité en CA et solliciter des CA des mandats pour l’activité à mener ensuite. C’est donc l’exigence démocratique qui pousse au surcroît des tâches militantes de l’ensemble. Il faut se féliciter tout à la fois de l’extension de l’activité militante mais aussi de son partage démocratique.

Petite parenthèse, c’est aussi l’exigence démocratique qui coûte chère en transport vers Paris pour la tenue des CA. En transport mais aussi en logement lorsqu’il faut y rester le week-end. Les frais de transport et de logement sont remboursés mais pas ceux de restauration. Mieux vaut alors avoir un bon salaire ou savoir se contenter de sandwichs ! Fin de parenthèse.

Proposition d’orientation et de revendications

Militons pour l’extension du dimanche non travaillé sur le lundi ! Autrement dit il faudrait promouvoir la RTT sur 4 jours pour tous (pas que pour les militant(e)s évidemment). C’est là le contraire de la volonté patronale du MEDEF et de Sarkozy de travailler en salarié le dimanche. Il faut le faire sans perte de salaire car sinon on va trouver des candidat(e)s pour le productivisme salarial stakhanoviste via le travail salarié le dimanche . Quand à ceux et celles qui veulent surconsommer (et faire travailler les autres) ils peuvent, sauf consommation absolument nécessaire, s’initier à la détente et à la relaxation. Ceux qui consomment le week-end (cela m’est arrivé exceptionnellement et contre mes propres principes) c’est qu’ils n’ont plus de temps libre pendant le reste de la semaine. (C’est ainsi que je me retrouve le dimanche à St Malo pour acheter (cher) une chemise ! )

Leçon de chose : Tout cela suppose d’avoir une semaine équilibrée entre travail salarié plus réduit et temps d’activité citoyenne plus développé. Le travail salarié est une invention du capitalisme mais il recoupe l’obligation de participation de tous et toutes à la production de l’existence sociale. Le travail exploité par le capital ne doit pas envahir la vie humaine. Par ailleurs, cette obligation de participation à la production de l’existence sociale ne signifie pas travail intensif et de longue durée pour le capital (le patronat). Il faut répéter ici que la conception émancipatrice de l’être humain doit aussi permettre de dégager du temps pour la citoyenneté.

Le dimanche on se repose ou on s’active autrement (physiquement pour les sédentaires),

Le dimanche on vit d’autres relations avec sa famille et ses amis.

Le dimanche on vote et on devrait voter plus souvent dans de vraies démocraties, celles qui sollicitent beaucoup plus l’avis du peuple et des citoyens.

Le reste du temps on produit de la valeur d’usage et de la valeur d’échange. On devrait plus intervenir pour produire plus de valeur d’usage que de la valeur d’échange. L’avantage de travailler dans un service public ou un service non marchand est, en principe, de produire de la valeur d’usage et rien d’autre, ce qui constitue une motivation pour le travail, une motivation hélas trop souvent détruite par les logiques de mise en concurrence et de rentabilité venue du privé depuis l’avènement du néolibéralisme aujourd’hui en crise.

Christian Delarue