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M Hayek : « La route de la servitude » a soutenu hier Pinochet . Elle mène aujourd’hui à la barbarie.

vendredi 5 mars 2010, par Amitié entre les peuples

M Hayek : « La route de la servitude » a soutenu Pinochet . Elle mène à la barbarie.

Note (*) pour la commission « démocratie » d’ ATTAC. rubrique : « Economie et démocratie »

En fait néolibéralisme et dérive dictatoriale !

F von Hayek écrit dans « La route de la servitude » : « C’est la soumission de l’homme aux forces impersonnelles du marché qui, dans le passé a rendu possible le développement d’une civilisation qui sans cela n’aurait pu se développer » L’erreur des néolibéraux de la société du Mont Pélerin - von Hayek, von Mises, Maurice Allais, Milton Friedman, etc. - est de n’avoir pas vu que ces dispositifs abstraits devenaient plus tard avec la marchandisation du monde des outils de domination, d’oppression, d’exploitation, d’aliénation. Cette sorte de franc-maçonnerie néolibérale (1) a continué de poser comme dogme ce qui n’était plus une vérité scientifique d’économistes fussent-ils prix nobel. La soumission des humains au Marché, le nouveau grand fétiche des néolibéraux est une route de la servitude totale qui mène à la barbarie. A tel point qu’il semble difficile aux humains de reprendre la main politique et démocratique sur ces forces marchandes libéralisées. Il faut dire que les forces politiques d’alternative sont marginalisées par les forces d’alternance entre droite et gauche-centriste.

Friedman poursuivit l’œuvre des premiers libéraux tel JB Say en défendant le libre marché comme mécanisme d’allocation optimal des ressources. Mais la période de temps qui s’est écoulée entre les deux économistes aurait du amener le second à abandonner ce dogme plutôt qu’à le radicaliser. Mais la science économique a des catégories qui lui permettent de s’éloigner du réel et surtout des rapports sociaux qui clivent la société civile et pèsent sur l’appareil d’Etat. L’Ecole de Chicago (2) est, de ce fait, allée beaucoup plus loin que les premiers libéraux qui eux acceptaient la démocratie politique et même les premiers services publics à côté du marché.

Aujourd’hui les néolibéraux se satisfont de gouvernance en guise de démocratie et réduisent l’Etat à une bureaucratie sans voir que la démocratie passe par des institutions publiques qui font parties de l’Etat, un Etat porteurs de droits et garanties pour tous. Critiquant l’étatisme au profit de l’entreprise ils jettent la démocratie au profit de l’entreprise et de ses dirigeants. Alan Greenspan écrit (3) : «  Le paradigme du PDG autocratique semble être la seule solution qui assure le bon fonctionnement d’une entreprise. Nous ne pouvons contourner l’impératif autoritaire de la structure actuelle de l’entreprise  ». Dans la même veine les Chicago boys se mirent au service de la dictature chilienne sans état d’âme. Pour le néolibéralisme, l’Etat est réduit à son appareil policier. Non seulement les néolibéraux ont privatisé et marchandisé des services publics efficaces mais en plus ils imposent des critères marchand là ou les services publics subsistent.

Les dégâts sont énormes : les travailleurs subissent une dure exploitation et sous l’effet des privatisations les usagers deviennent des clients. Quand à la nature elle devient la poubelle du productivisme.

Il faut arrêter la machine infernale en reprenant autrement la question de la l’appropriation sociale (4). Les nationalisations devraient ouvrir des structures tripartites dans les services publics pour recevoir les représentants des usagers en plus des représentants du personnel. Les droits dégagés aux équipes syndicales indépendantes des directions doivent permettre d’effectuer le travail utile à orienter l’activité productive vers la satisfaction des besoins populaires dans le respect des droits des travailleurs-producteurs. La planification démocratique est le second dispositif qui permet de circonscrire les effets sélectifs du marché et de sortir de la logique d’élimination des productions couteuses mais très utiles. Elle permet aussi de marginaliser les productions nuisibles qui sont sous le capitalisme source de grands profits.

Christian Delarue

*) Cette note est librement issue de la lecture de Un coup d’oeil dans le retroviseur d’Eric Toussaint. CADTM janvier 2010. Merci à Pascal Franchet.

1) expression de Perry Anderson in Histoire et leçon du néolibéralisme : la construction d’une voie unique Page Deux otobre 1996.

2) L’Ecole de Chicago a pour maître Friedman, Lucas, Coase.

3) Le temps des turbulences Lattès 2007

4) cf Notes de la Fondation Copernic 2002