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Les migrants ne sont pas des choses, pas même des biens publics mondiaux. C Delarue

mardi 15 décembre 2009, par Amitié entre les peuples

Migrations humaines :

Les migrants sont-ils des biens publics mondiaux, des BPM ?

Les migrations auraient deux faces pour le discours dominant l’une seraient positive (car utile) mais l’autre serait un fardeau à contrôler, harceler, rejeter (les « clandestins »). Pour d’autres, non seulement le fardeau serait inévitable mais plus encore il serait un bien public mondial. BPM. La formule et la proposition vient de l’ouvrage de « Pour un autre regard sur les migrations » (1).

Placer les migrants sous la notion de BPM est-il si juste qu’il y parait ? Ici sera défendu la thèse que les militants favorable à une politique ouverte d’immigration (2) ne doivent pas accepter cette proposition d’assimilation aux BPM.

* Refuser les perceptions négatives : les migrants ne sont ni un fardeau ni une marchandise.

Que les migrations ne soient pas un fardeau est évident pour les militants qui refusent de voir les migrants comme des « voleurs d’emploi » ou des vecteurs de dumping social par abaissement des qualifications et des salaires des travailleurs.

Les migrants ne sont pas plus des marchandises. C’est là le propos de « Egalité sans frontière » (3) de la Fondation Copernic précisément sous-titré « Les immigrés ne sont pas une marchandise ».

* Bien choisir la perception positive des migrations et des migrants : BPM ?

Faire des migrants un bien public mondial (BPM) est une fausse avancée. Les BPM visent à ôter certains biens et services de la main invisible du marché et de celle très visible des entreprises privées. Cet aspect positif ne doit pas cacher un inconvénient . La démarchandisation des migrations via les BPM opère du même coup un rapprochement contestable des migrants avec ces biens et services que les altermondialistes veulent sortir de la logique privatiste et marchande pour la placer en gestion publique d’un bien public. Ce qui est positif pour ces biens et services ne l’est pas pour les humains.

* Non seulement les migrants ne sont pas des marchandises mais ils ne sont pas plus des choses.

L’interdiction de la soumission aux logiques marchandes pour les BPM, autrement dit la démarchandisation ne suffit pas comme critère positif de qualification des migrants.

L’expression « flux migratoire » a fait l’objet d’une critique du fait de sa réification à l’égal des flux de marchandises et des flux financiers (4) . Les migrants de sont pas des choses mais des humains. On ne saurait les rabaisser au niveau de la finance et des biens et services marchands ou non marchands. Or le rapprochement avec bien public mondial favorise ce rapprochement, du moins si l’on entend le terme bien comme bien matériel et service comme service utile. Ce rapprochement nous parait malencontreux qu’il s’agisse d’une économie marchande ou non marchande (gestion publique de biens publics).

Il s’agit donc d’éviter de placer les migrants aux côtés - par exemple - de l’eau, du logement, de l’accès à l’énergie, de la santé, de l’éducation, etc.. mais aussi de la monnaie dont Jean-Marie Harribey répète qu’elle est non seulement un moyen d’appropriation privée mais aussi un bien public. Les migrants ne sont pas des marchandises, mais pas plus des choses échangeables gratuitement ou des services utiles.

* La définition positive vise à rappeler que les migrants sont des humains.

Porter un autre regard sur les migrants - positif donc - suppose donc de les placer encore au-dessus de ces BPM, au-dessus de la distinction économique valeur d’usage / valeur d’échange. Ce sont des humains.

Christian Delarue
Contributeur au livre d’ATTAC (2)

1. « Pour un autre regard sur les migrations - Construire une gouvernance mondiale » ouvrage collectif Ed La Découverte

2 )« Pour une politique ouverte d’immigration » du Groupe Migrations et mondialisation du Conseil scientifique d’ATTAC publié chez Syllepse fin octobre 2009.

3) « Egalité sans frontière - Les immigrés ne sont pas une marchandise », l’ouvrage collectif de la Fondation Copernic.

« Egalité sans frontière - Les immigrés ne sont pas une marchandise ». La note date de 2001 mais garde quasiment toute sa pertinence à condition de noter que depuis 2001 la législation s’est durcie avec les lois Sarkozy. Au plan global on retrouve de nombreux points communs avec l’opuscule d’ATTAC. « Egalité sans frontière » souligne que la fermeture des frontières est au service de la logique libérale alors que « Pour une politique ouverte d’immigration » critique en outre l’instrumentalisation de l’identité nationale contre les migrants. Mais c’est qu’entre temps la politique xénophobe anti-migrants est devenu le cœur de la politique sarkozyste qui n’a pas hésité à constituer en mai 2007 un « Ministère de l’immigration, de l’intégration et de l’identité nationale et du développement solidaire » afin de mobiliser une couteuse et inhumaine politique répressive du chiffre. L’Union européenne n’est pas en reste. Depuis 2001, L’Union européenne a créé en 2004, par un règlement l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des Etats membres de l’Union, plus communément appelée Frontex, afin de « gérer » de manière intégrée les frontières extérieures des États membres de l’Union européenne. Plus récemment encore le Parlement européen a adopté la directive sur le retour des étrangers en situation irrégulière (appelée « directive de la honte ») le 18 juin 2008. Le texte fixe des règles communes en matière de départ des Etats membres des étrangers en situation irrégulière. Le maintien en rétention avant expulsion est autorisé jusqu’à un maximum de dix-huit mois. La Méditerranée devient un cimetière à migrants .