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Le « peuple-assujetti » de Patrick TORT.

samedi 26 septembre 2015, par Amitié entre les peuples

Le « peuple-assujetti » de Patrick TORT.

Dans « Etre marxiste aujourd’hui » (Aubier 1986) Patrick TORT plaide pour la réhabilitation du peuple. Comme il existe une immense variété de « peuple », à tel point que des auteurs ont pu écrire que le peuple (en soi) n’existe pas, se pose la question : de quel peuple s’agit-il ?

Le contexte de ces lignes écrites en 1985 / 86 me semble être dans le constat que « les »catégories« commencent à oblitérer la classe ». L’auteur se préoccupe beaucoup de la faiblesse de la conscience de classe notamment du fait des dispositifs d’assujettissement idéologiques et psycho-sociologiques de la classe ouvrière.

Quel est le peuple de Patrick TORT ?

Il écrit d’abord ; « Etre marxiste aujourd’hui, c’est d’abord se souvenir que le peuple - concept à redéfinir dans l’univers de la théorie, mais aussi réalité à ressaisir dans le plexus social contemporain avec de nouvelles armes critiques - existe. (p88). On sait qu’il faut répondre oui et non. Oui car il y en a 1000 ! Non car cela ne veut plus rien dire. Il reste un objet de mobilisation populiste, soit pour le dire schématiquement (mais ce n’est pas toujours vrai) »de droite« , à base de peuple-ethnique ou de peuple-nation ; soit »de gauche" à base de peuple-classe.

Le « peuple-assujetti » : du peuple « en soi » au peuple « en rapport à »

Patrick TORT s’engage dans cette définition . « On pourrait risquer une première définition provisoire en disant que le peuple est l’ensemble de ceux qui ne décident pas, ou dont la capacité de décision n’engage aucune transformation, sur une échelle plus ou moins vaste, des processus organisationnels. »

Il poursuit (p92) "De ce peuple assujetti à des décisions sur lesquelles il n’a pas prise - sauf en des circonstances très exceptionnelles de réussite d’une action syndicale ou d’un référendum - on peut dire qu’il est exploité économiquement, dominé politiquement, et influencé idéologiquement. On pourrait ajouter ; conditionné dans sa vie quotidienne, ce qui est une résultante des trois premiers points.

Le peuple-assujetti comme effet de représentation.

Patrick TORT ne dit pas qu’il s’agit de « l’autre » de la classe dominante comme je l’ai fait en redéfinissant le peuple-classe. Sa position est différente quoique fort proche. Il défini le « peuple-assujetti » comme « effet de représentation ». « Est peuple ce qui se représente dans la cervelle des classes dirigeantes comme cible des trois principaux modes de domination : économique, politique et idéologique ».

Christian DELARUE

« Etre marxiste aujourd’hui » (Aubier 1986)

PEUPLE mis - en qlq sorte - à la place de « classe ouvrière » ou même de « classes dominées » c’est datée 1986 et il y a un auteur : Patrick TORT :

Extrait (non daté)

"Au cours d’un entretien récemment publié, je - Patrick TORT - disais à Victor Leduc que si j’ai choisi dans ce livre - Le marxisme aujourd’hui (1986) -de produire un nouveau concept de « peuple » destiné à se substituer, au moins temporairement, à d’anciens concepts devenus pratiquement inadéquats, c’est pour des raisons qui tiennent au simple réalisme sociologique et politique : par opposition à une « classe ouvrière » qui réfléchissait son identité dans une conscience qui lui était propre, le « peuple » est une grande entité vague, dont les formes de conscience ou d’inconscience sont modelées à l’extérieur de ce qui la définit sociologiquement : il est l’ensemble de ceux qui ne décident pas, il est « ce qui se représente dans la cervelle des classes dirigeantes comme cible des trois principaux modes de domination : économique, politique et idéologique. Il se définit comme « le corrélat éventuel et non fixe d’un projet d’assujettissement qui existe dans l’esprit des classes dirigeantes ».

Etre marxiste aujourd’hui, c’est se donner les moyens d’intervenir, après analyse, dans le renversement nécessaire de cette tendance. Tel qu’il est aujourd’hui, le « peuple » n’est plus le dépositaire de la conscience de classe, mais le milieu où s’implante, se cultive et se reproduit l’idéologie dominante par le canal niveleur et désolidarisant de la réception individuelle et non critique de l’information médiatique." ...