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Le 14 juillet comme « rite qui cimente la nation » mais quelle nation ? C Delarue

mardi 19 juillet 2011, par Amitié entre les peuples

Le 14 juillet comme « rite qui cimente la nation » mais quelle nation ?

Le rite a affaire avec l’histoire et on ne change pas de rite comme cela insiste Max Gallo (1). Autant dire alors qu’Eva Jolly a lancé une opération transgressive de déconstruction. Mais l’honnêteté intellectuelle oblige à dire qu’elle n’a pas proposé un abandon mais un changement de contenu et ce sans être antimilitariste.

Elle proposait un défilé plus citoyen et plus social car avec des infirmières, des enseignants, des pompiers, etc... Tollé à droite mais pas seulement.

1 - Intangibilité des symboles historiques de la nation ?

Les rites et les symboles appartiennent à l’histoire et la démocratie n’aurait pas prise sur l’histoire ! Ce n’est vrai que pour partie. Une réappropriation citoyenne est toujours possible. Choisir entre les symboles de l’Etat social et les symboles de l’Etat répressif - pour résumer l’enjeu à grand trait- est possible. Et ce n’est pas neutre.

On s’attendrait d’ailleurs à ce que la gauche plus proche de la Raison solidaire (formule de Jean Ziegler) défende les symboles de l’Etat social. Mais le PS ne l’a pas fait. Et Jean-Luc Mélanchon, leader du Front de Gauche, fin tacticien, a eu la présence d’esprit de dire « les deux ». Cette position lui permettra de défendre une armée qui accomplie un rôle positif de défense du pays. Mais le problème est que ce n’est plus l’armée qui est de nos jours requise pour répondre aux menaces contre la Nation. Ce propos n’est pas foncièrement antimilitariste.

2 - D’où vient la menace ? Dire la vérité.

Le problème de nos jours est que la nation peut être victime du nucléaire . Le problème est que le peuple-classe - soit une très large partie de la population sur le territoire - est beaucoup plus menacée par la finance que par une invasion militaire. Que va faire l’armée pour répondre à la pression de la dette qui fait des dégâts sociaux immenses dans les pays du sud de l’Europe et ailleurs ? Il ne s’agit pas d’être antimilitariste - il faut le redire - mais de cesser de faire diversion par rapport aux sujets brûlants du moment. Il y en a d’autres que ceux cités évidemment.

3 - Cimenter quelle Nation ?

 Quelle Nation ? Si le 14 juillet est un « rite qui cimente la nation » (Max Gallo) alors il importe de poser les questions critiques. On ne saurait laisser la nation à la droite et à la classe dominante. Dire cela ce n’est pas nier la Nation mais c’est la voir comme enjeux de conflits divers.
 Quelle soudure ? Ne faut-il pas savoir quel est le rôle de cette soudure ? Au profit de qui fonctionne-t-elle ? Contre quoi ou qui doit être cimenté la nation ? Georges Labica (dans le Grand Hornu) a eu le mérite de poser ces questions qui dérangent.

4 - Fétichisme des catégories abstraites.

Et évoquer les droits de l’homme et la démocratie ne répond pas pleinement à la question. Car ces deux notions peuvent être manipulées et mobilisées à des fins impériales évidentes. Déployer les forces armées françaises en Afghanistan contre la « barbarie intégriste » permet de ressouder la nation sur une tache dite aisément « de civilisation ». Le problème est qu’on ne construit pas la démocratie de l’extérieur à coup de canon. Le second problème est que les français qui ont pu approuver l’initiative au début trouvent maintenant que l’enlisement est négatif.

Il ne faut pas abandonner ces catégories englobantes ou « interclassistes » mais les féconder d’un contenu social. C’est même une urgence. La République est aussi la chose du peuple-classe, tout comme l’Etat social.

5 - Un danger : Aimer une France ethnique.

Si « le 14 juillet est le jour ou le peuple tout entier montre qu’il aime son pays », il reste encore à savoir de quel pays il s’agit. Ici on peut être étonné qu’un historien - Max Gallo - puisse dire qu’il s’agit d’aimer ses paysages. Soit la chose est banale et ne mérite aucun soutien soit il y a enjeux. Il écrit : « aimer la France, c’est-à-dire connaître son histoire, aimer les paysages travaillés par les hommes ». Cela permet - ne soyons pas dupe - de ressortir la préférence pour la subculture chrétienne en France dont on sait qu’une partie accepte les minarets mais pas tous.

 Un clin d’oeil pour conclure : La flotte française pouvait-elle accompagner les bateaux de la solidarité avec Gaza et in fine le bateau français Dignité Al Karama afin d’éviter que la flotte israélienne ne pratique un arraisonnement violent et illégal en zone internationale ! Lire ici le communiqué du MRAP.

Christian Delarue

1) 14 Juillet : un rite qui cimente la nation

http://www.sudouest.fr/2011/07/17/14-juillet-un-rite-qui-cimente-la-nation-453691-755.php